"Je l'ai déjà dit, je crois, seule l'expérience de la lecture, l'oubli de soi dans la lecture, peut donner une petite idée de ce que j'avais vu pendant cette période où j'avais été le secrétaire d'Agakawa. Ces textes étaient en quelque sorte les miens, mon propre esprit, ma propre voix."
Le Journal de Kikuko, éditions Champ Vallon


Le rendez-vous était fixé à 15 heures devant l'Opéra de Nice. Laurent Peireire, en solitaire et grand lecteur, vient entouré des mots de Julien Gracq, Junichiro Tanizaki, Marcel Proust, Henri James et bien d'autres. « La lecture, explique-t-il, permet de solliciter l'intérieur de chaque lecteur » en le laissant libre de piocher dans les textes ce qui le fera avancer dans sa propre réflexion.
Assis devant un café, Laurent Peireire remonte le fil de ses découvertes littéraires, celles-là mêmes qui ont provoqué son désir d'écriture. Il aime à préciser qu'un tel défi peut naître loin d'un quelconque parcours littéraire balisé, et qu'aucun itinéraire ne prédétermine le travail d'auteur. Pour lui, l'écriture exige exil et éloignement du monde médiatique. Laurent Peireire a jusque-là écrit des scénarii, travail qu'il considère totalement différent de l'écriture littéraire et sans lien avec elle. Il ne juge pas nécessaire d'en parler davantage.
Il a 45 ans aujourd'hui et vient de publier son premier livre.

Comment naît un livre ? Telle la graine invisible et fondatrice de l'arbre, pour Laurent Peireire, un livre naît d'une idée. Parfois difficile à cerner, jamais totalement retranscrite dans le texte définitif, elle s'installe dans l'esprit de l'auteur.
D'abord il tente de « faire rêver son lecteur ». Au service de la narration avant tout, son écriture est limpide et incisive. En écrivain « classique », pour qui il n'y a pas d'art sans récit, il rejette tout projet d'exercice de style et place l'intrigue au cœur du texte.

Un thé brûlant a remplacé le café. Il évoque maintenant son premier roman. Dix ans auront séparé l'achèvement du manuscrit de sa publication. Dans un Japon théâtral, brumeux et envoûtant que Laurent Peireire n'a jamais visité et pourtant d'un troublant réalisme, Le Journal de Kikuko raconte la légende d'un auteur de renom, feu Agakawa. Son journal intime, sulfureux et attendu de tous, est au cœur du récit. Au prix d'une longue attente et d'humiliations que lui inflige la veuve du défunt, l'ancien secrétaire français d'Agakawa découvre le fameux manuscrit. Doit-il, comme l'exige son maître littéraire par testament, assurer une publication posthume ce texte malsain et fascinant ?

La mise en perspective de l'acte d'écriture et des différentes finalités qu'on lui accorde, écrire pour soi ou pour être publié, confère à la lecture du roman une dimension singulière.
Pour ce texte aux accents de Tanizaki, Laurent Peireire explore les incertitudes de ses personnages, leur versatilité.

Quand on lui pose la question Laurent Peireire répond qu'il ne sait pas au juste s'il cherche un lecteur ou s'il écrit pour lui. Quant à la qualité de son texte, il en laisse le jugement à son éditeur. « Choisir d'éditer un texte, c'est lui accorder une valeur littéraire. » Reconnaissance que Jean-Benoît Puech concrétise pour les éditions Champ Vallon en 2005.

Il fait nuit, l'Opéra de Nice s'est illuminé, Laurent Peireire retourne à son travail d'écriture ; il nous réserve un prochain roman plus musical.

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