Ce mouvement remonte à quelques années en arrière.
Le 17 juillet 2007, les députés européens avaient adopté le rapport soutenant la proposition de la Commission de créer une Bibliothèque numérique européenne.
Ce projet ambitieux, né en 2005 en réaction à la création de la première bibliothèque du genre, « Google Print » aujourd'hui appelée « Google Book Search », avait pour objectif la mise en ligne des ressources numériques des bibliothèques nationales des États membres, afin de valoriser le patrimoine culturel européen.
Le 22 mars 2007, à l'occasion du Salon du Livre de Paris, un prototype développé par la Bibliothèque Nationale de France (BnF) sur le modèle de « Gallica », la bibliothèque numérique de la BnF, avait été officiellement présenté.
En raison d'un manque de ressources financières et techniques, ces projets institutionnels sont aujourd'hui loin des plus de 7 millions de livres déjà numérisés par Google depuis 2005.
Cette numérisation massive effectuée sans autorisation préalable a entraîné une action collective (class-action) aux États-Unis à l'encontre du géant américain qui fait l'objet aujourd'hui d'une proposition de règlement à l'amiable entre les protagonistes en vue de légitimer et d'encadrer la bibliothèque numérique américaine mise en place.
En effet, pour mettre un terme à l'action collective initiée par l'Authors Guild et à un procès intenté par cinq grandes maisons d'édition américaines représentant l'APP (Association of American Publishers), ces derniers ont décidé avec Google de signer le 28 octobre 2008 une proposition de Règlement.
Cet accord transactionnel est actuellement soumis à l'homologation de la justice américaine.
L'accord a le mérite de poser le principe d'une rémunération pour les ayants droit à l'occasion de la numérisation des ouvrages et de leur mise à disposition du public.
Les promoteurs de cet accord mettent également en avant :
- un accès plus large à des livres épuisés,
- de nouveaux moyens d'acheter des livres sous droits,
- des abonnements pour les institutions donnant accès à des millions de livres en ligne, ce qui permettra donc entre autres aux universités et aux écoles d'obtenir un accès en ligne aux collections des bibliothèques mondialement renommées,
- un accès gratuit dans les bibliothèques américaines.
Pour autant, le contenu de cet accord n'a pas manqué d'être vivement critiqué tant par la Fédération des Éditeurs Européens que la le Syndicat National de l'Édition qui s'opposent notamment à l'absence d'accord préalable des ayants droit et à la nécessité de s'inscrire auprès d'un guichet unique pour faire valoir ses droits.
Il faudra attendre le 7 octobre 2009 pour savoir si les tribunaux américains considèrent ce règlement juste et équitable.
Parallèlement, l'automne 2008 a vu naître le prototype de la Bibliothèque numérique francophone, projet imaginé en février 2006 par le Réseau Francophone des Bibliothèques Nationales Numériques, soutenu par l'Organisation internationale de la francophonie rassemblant en autres la France, la Belgique, le Luxembourg et le Canada. Le portail numérique a été présenté à Québec le 18 octobre 2008, lors des célébrations du 400ème anniversaire de la ville.
© Franck Benalloul, avocat à Marseille, pour l'ArL Paca, 2009