3 questions à... Joël Baqué

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Un(e) auteur(e), trois questions : ainsi le blog Dazibao vous propose de découvrir régulièrement des écrivains, illustrateurs, traducteurs… de la région Paca.

Nous avons demandé à Joël Baqué, écrivain et poète niçois, de bien vouloir se prêter au jeu. Autodidacte, il découvre tardivement la littérature et se consacre alors à la poésie. Joël Baqué est l’auteur de quatre romans publiés aux éditions P.O.L, dont La Fonte des glaces paru en août 2017.

Extrait : « Son père tenait la comptabilité de la grande bananeraie près de laquelle il fut piétiné un jour de congé par un éléphant qu’il venait de photographier et que sa tenue de cyclotouriste, orange vif, avait irrité. Dans les régions où la poussière uniformise les êtes et les choses il est risqué de rompre l’équilibre par des couleurs ou des gestes trop vifs montrant qu’on n’a pas été assimilé par l’Afrique, qu’on lui reste étranger. » (p.4)

Quel(le) est le livre, l’événement ou la rencontre qui vous a donné envie d’écrire ?

Je suis autodidacte et j’ai découvert la littérature assez tardivement, grâce à un événement tout à fait fortuit. Un  livre d’entretiens de Francis Ponge m’avait été remis par un vacancier l’ayant trouvé sur la plage où je travaillais comme maître-nageur sauveteur des CRS. J’ai feuilleté ce livre et cela m’a conduit à découvrir les écrits de Ponge - dont j’ignorais jusqu’à l’existence - puis l’essentiel de la poésie du vingtième siècle, de la plus classique à la plus contemporaine. Ce livre a été l’élément déclencheur qui m’a conduit à lire puis à écrire, d’abord des textes de poésie, ensuite des romans et des textes que je qualifie de “transgenre”. Cette découverte de la littérature s’est faite sur plusieurs années. J’ai toujours lu, mais venant d’un milieu qualifié communément de “populaire” et n’ayant pas fait d’études, je lisais sans vrai choix, un peu en fonction des romans qui me tombaient sous la main… J’ai raconté ce parcours dans La mer c’est rien du tout (P.O.L, 2016).

Et le livre que vous auriez aimé écrire ?

Les romans de Thomas Bernhard pour leur singularité, leur intensité, leur humour décalé. Ce sont des textes, des monologues dont l’écriture est très dense, les sujets étouffants mais où l’humour résulte souvent de l’excès même des situations et du ressenti du narrateur ou du personnage principal. J’aime les textes dont l’écriture est exigeante et qui savent traiter de la condition humaine tout en faisant place à l’humour, même si chez Thomas Bernhardt, celui-ci n’est pas toujours évident lors d’une première lecture. Ce sont des livres qui offrent une réelle expérience de lecture.

Avez-vous une actualité éditoriale ou des projets en cours ?

Parution d’un roman, intitulé La fonte des glaces, à la rentrée littéraire de septembre (17 août 2017, P.O.L).
Ce livre suit le parcours de Louis, charcutier retraité qui deviendra malgré lui une icône de la lutte contre le réchauffement climatique. Louis est une sorte de Forrest Gump de l’écologie, un anti-héros qui subit les événements. La fonte des glaces évoque celle de la banquise, mais aussi la fonte des glaces qui emprisonnent Louis dans une solitude que rompra sa découverte du manchot empereur, d’abord sous forme d’un animal empaillé acquis dans une brocante, puis en chair et en plumes, en Antarctique. Louis croisera ensuite le chemin d’une journaliste et d’un chasseur d’icebergs. C’est un texte que j’ai écrit avec beaucoup de plaisir et de jubilation, où l’humour est très présent bien que les sujets abordés soient ceux du réchauffement climatique, de l’exploitation des ressources naturelles, du vieillissement et de la solitude. Il s’agit aussi d’un texte sur les rencontres et sur la fabrication de la renommée médiatique.