Editions le mot et le reste : un éditeur dans les règles de l'art

Publié le

Des livres d’artistes, une nouvelle collection de poésie contemporaine et des ateliers de pratique artistique en milieu scolaire… Les Éditions marseillaises Le mot et le reste déploient une palette d’activités.

Créées à Marseille en 1996, les Éditions Le mot et le reste publient 12 ouvrages par an et présentent un catalogue de 30 titres, composé d’ouvrages de bibliophilie et de livres d’artistes.
Ce chassé croisé entre le mot (les textes, les poèmes, le rapport du mot à la page) et le reste (les oeuvres originales, la dimension plastique, le rapport aux arts visuels) définit le projet spécifique de cet éditeur. “Un écrivain, contrairement à l’opinion populaire, n’écrit pas des livres. Un écrivain écrit des textes”1; à Yves Jolivet, directeur de la maison d’édition, de poursuivre le travail, le livre étant une séquence d’espaces, où Le mot et le reste créent un espace conjoint de réflexion.
Yves Jolivet, lui-même poète et dessinateur (par ailleurs passionné par la poétique abstraite des informations météo-marines), Julien Blaine, Nicolas Cendo, Bernard Heidsieck, Yves Peyré, Bernard Plossu, Jean-Luc Sarré, Salah Stétié, Nathalie Quintane sont, avec des artistes, de ce bal luxueux : tirages limités, exemplaires hors-commerce signés par l’artiste, livres sous étuis, en drapeau, couvertures à rabats de vélin d’Arches, dessins originaux, papier japon, papiers calques, impression en typographie… Un travail qui tient de l’orfèvrerie2.

Yves Jolivet ne cache pas son admiration pour les petits éditeurs tels La Fosse aux ours, Tristram, Au Diable Vauvert, Clémence Hiver, Unes, Tarabuste. Caractérisé par leur audace, leurs “coups éditoriaux”, leur parti-pris consiste à défendre des auteurs de leur génération tout en présentant des auteurs plus anciens et fondateurs. Yves Jolivet apprécie “leur rapport au papier, avec des auteurs qui tiennent la route, et leur volonté réelle d’ouverture”. Les éditeurs de poésie tels qu’Al Dante, Cheyne éditeur ont su définir un espace qui leur est propre.

Depuis peu, une collection de poésie contemporaine (le genre “fiction poétique”, qui n’est plus exactement de la poésie, et va vers le roman, en est le dénominateur commun) est publiée avec le soutien du CNL. Yves Jolivet rassemble, sous d’élégantes couvertures blanches illustrées d’une photo ou d’une vignette, des auteurs (Raymond Federman, Joseph Mouton, LL de Mars, Pierre Le Pillouër, Xavier Galmiche) dont le rapport au texte, à la poésie lui est proche. Ces titres sont tirés chacun à 600 exemplaires.
Prochainement, cette collection de poésie contemporaine va accueillir des poètes américains, ainsi que des auteurs européens tels que le tchèque Vladimir Holan et le hongrois Sandor Tandori.

Ouvert sur l’extérieur, Yves Jolivet a à coeur de communiquer sa réflexion sur le rapport texte/image et son savoir-faire lors d’ateliers de pratiques artistiques (soutenus par le Conseil Régional, la DRAC et le Rectorat d’Aix-Marseille) comme avec un collège de Tarascon, le lycée du Rempart à Marseille et la prison des Baumettes. D’un travail avec une classe de CE2 sur La Fleur perdue de Raymond Federman3 est né un projet de collection de poésie pour enfants.
Soucieux de privilégier sa relation aux libraires, il n’en oublie néanmoins pas sa quête d’un diffuseur, nerf de la guerre…