Hip hip hip Le Bec en l'air !
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Lors de la première édition des Prix HiP du livre de photographie francophone, l’éditeur marseillais s’est taillé la part du lion avec deux ouvrages primés : Faux Bourgs de Yohanne Lamoulère et Les Métamorphoses de l’argentique de Denis Brihat.
Au total, onze prix ont été décernés le 7 novembre 2019 à l’occasion du Salon de la Photo (Paris). Ces prix récompensent des auteurs édités et auto-édités, ainsi qu’un éditeur. L’association HiP (comme “Histoires Photographiques”) souhaite ainsi promouvoir l’édition photographique dans toute sa diversité.
Dialogue entre image et texte, entre photographie et récit
Les éditions Le Bec en l’air publient des livres de photographie depuis 1999. Installées à la Friche la Belle de Mai à Marseille depuis 2010, elles reposent sur une équipe de trois personnes : Fabienne Pavia, éditrice, Dominique Herbert, directeur artistique, et Céline Quéric, chargée du suivi éditorial.
Le Bec en l’air se définit comme un « éditeur méditerranéen indépendant, ouvert sur le monde ». Avec environ 150 titres, son catalogue compte une grande variété de démarches et d’intentions : récit autobiographique/intimiste, exploration esthétique, reportage-immersion, enquête documentaire, monographie thématique, portraits… autant de projets qui trouvent une cohérence éditoriale dans une vision de « la photographie comme outil de questionnement du monde contemporain ».
Autre particularité : l’attention portée au dialogue entre la photographie et le texte. C’est notamment le principe de la collection Collatéral qui, réunissant un photographe et un écrivain au sein d’un ouvrage, consiste à s’inspirer d’une série de photos pour créer une fiction.
Membre de l’association Éditeurs du Sud et de France PhotoBook, Le Bec en l’air s’inscrit dans le paysage éditorial régional et national. La maison d’édition chemine également aux côtés de festivals de photographie, comme ImagesSingulières à Sète ou La Photographie_Maison Blanche à Marseille, pour lesquels elle publie chaque année le travail d’un photographe en résidence (collection ImagesSingulières) ou une monographie dédiée au lauréat du Prix Maison Blanche (collection Maison Blanche).
Faux Bourgs de Yohanne Lamoulère : Prix HiP du Premier Livre de Photographie
Yohanne Lamoulere est née en 1980 à Nîmes. Diplômée de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles en 2004, elle vit et travaille désormais dans les quartiers Nord de Marseille. Ses photos sont fréquemment publiées dans la presse, et visibles dans deux ouvrages collectifs parus en 2017 : Jeunes-Générations (Le Bec en l’air) et La France vue d’ici (Éditions de la Martinière).
Faux Bourg rassemble 58 photographies en couleurs qui rendent compte d’une « décennie d’observation intuitive et sensible » de Marseille : la jeunesse, les quartiers périphériques, les architectures abîmées… avec un regard à la fois tendre et critique. La photographe a d’ailleurs dédié son prix aux victimes de l’effondrement de la rue d’Aubagne.
Dans le cadre du festival La Photographie Marseille #9 dont elle est l’invitée d’honneur, on peut voir jusqu’au 15 décembre une nouvelle série de Yohanne Lamoulère, Manger tes yeux. Ici ment la ville, à librairie-galerie La Salle des Machines à la Friche.
Les Métamorphoses de l’argentique de Denis Brihat : Prix HiP du Livre de l’année
Né en 1928 à Paris, Denis Brihat est installé depuis 1958 à Bonnieux (84). Il fut l’un des fondateurs des Rencontres d’Arles, et est considéré aujourd’hui comme le maître français de l’expérimentation argentique.
Denis Brihat a placé la nature au centre de son travail de photographe, réalisant des “tableaux photographiques” où les couleurs sont transfigurées grâce à son savoir-faire dans le domaine de la chimie du développement argentique.
Dans cette nouvelle monographie, 120 photographies réalisées depuis la fin des années 60 donnent notamment à voir ses fameuses variations autour d’un fruit ou d’un légume. Elles sont accompagnées de retranscriptions d’entretiens avec Denis Brihat.
Une exposition rétrospective intitulée De la nature des choses est actuellement visible à la BnF (jusqu’au 8 décembre). Elle présente la centaine de pièces emblématiques dont Denis Brihat vient de faire don à l’institution.