Jean-Jacques Viton, poète, revuiste et traducteur

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Jean-Jacques Viton vient de décéder ce 14 mars 2021 à Marseille à l’âge de 87 ans. S’il déclarait avec humour que la poésie « peut peu », sa vie en fut nourrie.

Il naît à Marseille en 1933 et passe une partie de son enfance à Londres. Après la guerre, il vit quelques années au Maroc et s’engage dans la Marine jusqu’en 1958. À son retour, il participe à une aventure collective en tant qu’administrateur du Théâtre Quotidien de Marseille, premier théâtre professionnel régulier de la décentralisation, situé rue Grignan. Il devient ensuite chroniqueur de théâtre à La Marseillaise de 1964 à 1970 et collabore à la revue des Cahiers du Sud.

Il est l’auteur d’une quarantaine de livres, dont le premier, Au bord des yeux (Action poétique, coll. Alluvions) est paru en 1963. Les éditions P.O.L. en ont publié une quinzaine depuis Terminal en 1981 jusqu’à son dernier en 2016 Cette histoire n’est plus la nôtre mais à qui la voudra.

En lien avec son travail d’écriture, il a mené une activité de revuiste extrêmement soutenue tout au long de son parcours. La revue offre un espace dynamique d’expérimentation, de rencontres et de création. La revueAction Poétique , créée et animée par Gérald Neveu, Jean Malrieu et Henri Deluy, accueillera ses premiers textes. Il sera membre de son comité de rédaction de 1963 à 1965 puis à nouveau à partir de 1991. Dans les années 70, il participera à une revue d’avant-garde intitulée Manteia, avec Jean Todrani, Gérard Arseguel et Joseph Guglielmi. Il co-fondera ensuite avec Liliane Giraudon la revue Banana Split (1980-1990) ainsi que la revue parlée La Nouvelle B.S. (1990-2000), filmée au cipM (centre inernational de poésie de Marseille) et enfin la revue IF qui est dirigée aujourd’hui par Hubert Colas.

Jean-Jacques Viton a été traducteur, principalement de l’anglais (USA) et de l’italien. AvecLes Comptoirs de La Nouvelle B.S., qui ont pris la suite deLa Nouvelle B.S., il participera à des ateliers de traduction du portugais, du japonais, de l’allemand… À propos de la traduction, il écrivait dans Vous mettrez ça sur la note (Diem Perdidi éditeur, 2009), que « le texte étranger fait lire autrement sa propre littérature et permet de travailler mieux à l’intérieur de sa propre langue comme un étranger ».

Pouvoir de la poésie

Dans un entretien mené par Frank Smith en 2013 sur le site de Non-fiction, il répondait à la question de savoir ce que peut (ou ne peut pas) la poésie :

« En ce qui concerne mon projet initial, je préfère vous restituer ce qui est dit dans le livre, quitte à dessouder un dizain… : Il ne s’agit pas d’un rouleau d’aventures d’un assemblage de désordre avec ombres récits brefs illustrations il s’agit d’un poème aux engrenages déboîtés aux pièces luxées au corps fragmenté Zama est un poème disloqué vif Pour ce qui est du pouvoir de la poésie, je préfère jouer au bègue en déclarant qu’elle peut peu, mais que son exercice m’a aidé à vivre… »