Septembre noir à Marseille

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La “semaine noire” organisée par la Friche Belle de Mai, l’Ecrit du Sud et les éditions de l’Ecailler du Sud, a mis en vedette romans noirs et policiers. Deux lieux, appellés à compter sur la scène littéraire marseillaise, ont été inaugurés à cette occasion.

La Friche Belle de Mai a étrenné une nouvelle résidence d’auteur avec la venue de Didier Daeninckx. Auteur phare du roman noir politique français (Meurtre pour mémoire, Cannibales), Didier Daeninckx a travaillé durant son séjour de deux semaines à un projet de documentaire jeunesse sur la décolonisation (à paraître aux éditions Rue du Monde). L’auteur était venu chercher, à Marseille, photographies d’archives et illustrateur.
Ce nouveau lieu de résidence littéraire accueillera, à minima, un auteur par an. L’année prochaine, il est question de la venue du mexicain Paco Ignacio Taïbo II.
Vu comme un espace de chantier, d’élaboration et de collaboration transdisciplinaire, cette résidence est ouverte aux projets d’auteurs. Philippe Foulquié, directeur de la Friche Belle de Mai, aspire à y accueillir des auteurs étrangers, francophones ou non.

Dans le même temps, une nouvelle librairie spécialisée roman noir et policier, L’écailler, a ouvert ses portes rue Barbaroux, en plein centre ville de Marseille (1er).
Cette petite librairie est entièrement dévouée à ce genre littéraire. On y trouve l’ensemble des collections de l’éditeur l’Écailler du Sud et bien sûr les grands noms du polar, quel que soit le label éditorial sous lequel ils ont été publiés.
Jacques Aubergy, maître des lieux, Mexicain de cœur et créateur du festival du polar de Monterrey au Mexique, prend également la responsabilité d’une nouvelle collection de l’Écailler du Sud consacrée aux auteurs sud-américains.

Décidément très actif, l’Écailler du Sud, entreprend par ailleurs une nouvelle forme d’échanges culturels par le biais de “jumelages noirs” entre Marseille et une cité apparentée. Pour ce premier jumelage, Glasgow était à l’honneur, représentée par les écrivains William Mc Ilvanney, vétéran du polar écossais, Suhayl Saadi, figure montante de la littérature locale et Jonathan Charley, auteur d’un recueil de photos croisées entre les deux villes. Reçus quatre jours à la villa de la Friche Belle de Mai, ils ont participé à un café littéraire ainsi qu’aux Terrasses du Polar. La sixième année consécutive de cette manifestation a rassemblé de nombreux auteurs et éditeurs. Le Prix marseillais du roman noir a été attribué à Jean-Christophe Duchon Doris pour son roman Le cuisinier de Talleyrand paru aux éditions Julliard. Créé en 2004, ce prix marseillais a pour objectif la promotion des ouvrages policiers.

Marseille semble se confirmer comme place forte du roman noir, en raison de la présence de plusieurs structures et manifestations, mais aussi et surtout en raison d’un vivier important et dynamique d’auteurs. Marseille, ville à la réputation toujours ambivalente, trouve peut-être dans cette littérature une dualité qui lui correspond : entre désir de reconnaissance et marginalité assumée.