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Le festival métropolitain Lecture par Nature évoquera l’eau dans tous ses états du 14 janvier au 8 février 2025 dans 71 établissements de lecture publique du territoire.
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Cécile Arnold et Éric Giraud sont à l’origine de l’association marseillaise, qui organise notamment des conférences et des ateliers philosophiques. Ils nous en disent plus sur le projet qu’ils ont imaginé et animent depuis 10 ans ainsi que sur la manifestation créée pour cet anniversaire.
Dès nos premiers échanges sur sa création, nous avons fait le constat depuis nos parcours professionnels respectifs de la nécessité d’un dialogue sciences/société autour des grandes crises du 21e siècle. Nous nous demandions comment créer les conditions de débats pour se saisir de la complexité du monde ? Comment mettre en perspective, collectivement, nos représentations d’un univers aux contours et à l’avenir de plus en plus difficile à percevoir ? Notre volonté était de créer des temps de réflexion sur ces questions, en compagnie de penseurs, chercheurs et artistes, des passeurs de savoirs mais aussi de savoir-faire, ouverts à la rencontre et accessibles à tous.
Dans le cadre de ces pensées fondatrices, notre devise s’est rapidement imposée : « Le monde change, parlons-en ! ». Et le succès rencontré par ces rendez-vous avec 40 000 participants – adultes comme jeunes – nous confirme que ces temps d’expression et d’échanges répondent à une demande sociale forte, stimulent notre esprit critique et nous prédisposent à agir.
Depuis 2015, 10 saisons thématiques de conférences et ateliers pluridisciplinaires ont porté sur la question de l’environnement. L’enjeu nous a paru central, et d’une certaine façon inévitable, pour envisager les problématiques contemporaines. En effet, dès 2015, avec la COP 21 et à travers les constats du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat et d’une multitude de scientifiques, nous mesurions combien le changement climatique et la crise environnementale impactaient radicalement la Terre, le vivant, nos existences et le devenir de nos sociétés. Ces bouleversements redessinent les contours d’un nouveau monde, incertain, où il nous faudra pourtant vivre. Nous le comprenons, ils nous obligent à réinterroger collectivement la perception de nos vies, de nos imaginaires et de nos pratiques.
L’interrelation mobilise nos forces et nos idées depuis 10 ans. Qu’il s’agisse de la mise en commun de connaissances, de savoirs à toutes échelles, celles de ceux qui les fabriquent lors des débats et rencontres, comme celles portées par tous les publics, lors des Apero Mundi et des multiples ateliers philo et de médiation. Ce sont bien sûr aussi ces multiples intéractions qui se jouent à toutes échelles biologiques, sociales, politiques, culturelles, locales et planétaires.
Cette notion que nous avons explorée sous différents angles s’est imposée comme sujet chapeau de cette année 2025 un peu particulière : « Repenser nos interdépendances » !
Pour l’occasion, nous organisons notre premier festival pluridisciplinaire. Sur une semaine – du 27 janvier 14h au samedi 1er février minuit, « Opera Mundi 10 ans | Repenser nos interdépendances » proposera à Marseille, dans sept lieux culturels prestigieux, huit conférences grand public et de nombreux rendez-vous destinés à la jeunesse (écoliers, collégiens, lycéens). Deux interventions surprises de la compagnie Le Singe debout, et une grande fête le samedi soir pour danser sur les rythmes endiablés et samplés d’un DJ de Radio Grenouille sont notamment prévus.
On aura la chance de suivre du lundi au samedi un parcours allant de la Grotte Cosquer au tiers-lieu de la Fabulerie, en passant par le Théâtre Joliette, les Archives Départementales, le Mucem, le Frac Sud et le Conservatoire de Musique.
Un événement qui sera sous influence belge si l’on peut dire, avec 3 personnalités de la pensée sur l’écologie – Vinciane Despret (vice-présidente d’Opera Mundi), Didier Debaise travaillant spécifiquement sur la notion d’interdépendance et François Gemenne, spécialiste d’interdépendances géopolitiques. Seront également présents : la climatologue de renom Valérie Masson Delmotte du GIEC, Frédérique Ait-Touati historienne des sciences ayant mis en scène Bruno Latour (Sciences Po), Pierre-Henri Gouyon du Museum d’Histoire Naturelle de Paris, spécialiste de l’évolution et des plantes, Jean-Baptiste Fressoz historien de l’environnement revisitant la notion de transition énergétique (EHESS) et enfin un géochimiste de l’Institut de physique du Globe, également proche de Bruno Latour, qui abordera le monde souterrain et aérien des roches et de l’eau, Jérôme Gaillardet.
Il s’agira pour les huit scientifiques invités de prendre la mesure de nos interdépendances – du vivant, du microbiologique au géopolitique… – et de réfléchir à un socle de relations dépassant les clivages homme/nature, dépendance/autonomie institués par la modernité… Autrement dit que l’on soit humain ou non humain, en quoi l’interdépendance de nos relations conditionneraient-elles nos existences et nous permettraient-elles d’imaginer des futurs possibles ?
Après le festival 2025, suivront les ateliers de pratiques culinaires et artistiques « Cuisines et (Inter)dépendances » qui nous mèneront à un banquet avec les habitants de la Joliette en octobre. Une actualité à suivre de près sur nos réseaux…
Et oui, il y aura une nouvelle édition en 2026. Celle-ci sera d’ailleurs au centre d’une prochaine saison que nous sommes en train de préparer en secret…