Une librairie coopérative, pourquoi pas ?

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Créée en 2011 à Aups (Var), aux portes des gorges du Verdon, la librairie Caractères libres a changé de statut juridique début septembre pour devenir une Société coopérative d’intérêts collectifs (SCIC). Elle propose désormais aux habitants de la ville et à ses clients d’investir dans le projet pour en assurer la pérennité.

Le défi de la ruralité

Ouvrir et faire vivre une librairie indépendante en milieu rural relève du défi. Si les niveaux de charges sont souvent plus faibles (à l’exception des coûts de transport), la clientèle potentielle est moins importante ou plus dispersée que dans les grandes villes. Il est donc plus compliqué de pérenniser une telle activité.

Cédric Lepécuchelle, gérant de la librairie Caractères libres, témoigne dans ce sens : « Depuis l’ouverture le CA a bien progressé, la clientèle se développe, mais l’équilibre reste fragile et je ne peux pas tout gérer entre commandes, vente, animations, comptabilité… Alors oui les ventes progressent, mais elles ne sont pas suffisantes pour me permettre de développer davantage la masse salariale. C’est éprouvant et je sens que je ne peux plus tout porter seul. »

Face à ce constat, il y a trois ans, Cédric Lepécuchelle met sa librairie en vente… jusqu’à ce que les habitants d’Aups parviennent à l’en dissuader. Après réflexion et prospection, il prend la décision de modifier le statut juridique de la librairie, passant de la SARL à une forme coopérative. « Le changement de statut doit aider à fluidifier un peu le fonctionnement, et me permettre de mieux me consacrer au fonds et au seul métier de libraire. »

SCIC ou SCOP ?

Pour faire ce choix, le libraire se renseigne auprès d’autres établissements implantés en milieu rural. Il se rapproche ainsi de l’Hirondaine, une librairie implantée à Firminy, près de Saint-Étienne. Grâce à son statut de SCIC et au soutien de sa clientèle, celle-ci a pu pérenniser son activité. Attention, il ne s’agit pas d’une campagne de financement participatif, mais bien d’une entrée au capital de la société.

La SCIC est avant tout un modèle coopératif. La différence avec une SCOP tient principalement dans la nature des financeurs. Dans une SCOP, seuls les salariés sont actionnaires, tandis que la SCIC permet à des investisseurs extérieurs - institutions, particuliers, entreprises - d’apporter des fonds et de donner la main au projet. Chaque actionnaire a la même voix et peut aider de différentes façons : temps dédié, remplacement, tenue d’un stand sur un salon, donner un coup de peinture dans les lieux, etc.

Un nouveau départ…

De réunions publiques en assemblées générales avec la clientèle et les fidèles, le projet avance jusquau lancement au printemps 2018 d’une campagne de souscriptions de parts sociales (dont la valeur unitaire est fixée à 20 €). Toute personne physique ou morale, de droit privé ou public, peut ainsi devenir actionnaire de la librairie. Le moment est d’importance…

Grâce aux 196 coopérateurs et à l’équipe de bénévoles, la SCIC Caractères libres voit finalement le jour le 7 septembre 2018. Le capital social atteint doit permettre la pérennisation des emplois, le développement commercial, des travaux d’aménagement et le rachat des parts de l’un des associés souhaitant quitter la société.

Avec cette nouvelle entité juridique (et les nouvelles perspectives qu’elle offre…), la librairie s’inscrit dans les valeurs de l’économie sociale et solidaire. Elle renforce également son rôle d’acteur culturel sur le territoire du Haut-Var / Verdon.