Une maison d’édition qui fait du bruit

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La cité phocéenne est le lieu où Marie-Pierre Gracedieu, éditrice, et Adrien Servières ont choisi d’ancrer leur maison d’édition en mars 2021. Le bruit du monde a déjà inscrit six livres à son catalogue, parmi lesquels De notre monde emportéde Christian Astolfi, lauréat du prix du Livre France Bleu-Page des libraires 2022.

Marie-Pierre Gracedieu, éditrice, et Adrien Servières posent ensemble. Ils ont lancé la maison d'édition Le bruit du monde à Marseille.

 Marseille comme ville d’attache et source d’inspiration

Cosmopolite et ouverte sur la Méditerranée, la ville-monde offre aux deux éditeurs un nouveau cadre de travail à distance du milieu littéraire parisien dont ils sont issus. Surtout, elle résonne avec leur ligne éditoriale.

Avec l’ambition d’aller vers le lecteur et de le surprendre, la maison d’édition cherche à publier des voix contemporaines, de langue française ou étrangère. Elle défend une littérature narrative en prise avec le monde contemporain, une littérature qui invite au voyage et propose des clés d’appréhension du réel. La charte graphique des couvertures, créée par l’agence marseillaise UUS Studio, vient imager cette ligne éditoriale par un aplat de couleur qui laisse apparaître dans une découpe un visuel, comme « une fenêtre sur ».

Les premières parutions confortent ce désir d’ouverture sur le monde, avec des auteurs de diverses nationalités : Stine Pilgaard (Danemark), Hanna Bervoets (Hollande), Semezdin Mehmedinovi (Bosnie-Herzégovine) ou Alice Kaplan (USA). Ils seront rejoints dans les années à venir par des écrivains du pourtour méditerranéen.

Deux livres sont programmés pour la rentrée littéraire : le second roman de l’autrice Touhfat Mouhtare, Le Feu du milieu, dont l’histoire se déroule aux Comores et mêle vie quotidienne et imaginaire à travers l’amitié de deux femmes de classes sociales différentes ; et la traduction de l’anglais du quatrième roman d’Anna Hope, Le Rocher blanc, qui enchevêtre des récits de trois époques liées par un même lieu, situé sur la côte Mexicaine. Ainsi, huit livres auront été publiés en 2022 ; quinze sont programmés en 2023. Avec l’appui d’Éditis, groupe appartenant à Vivendi et réunissant plus de cinquante maisons d’édition françaises, les cofondateurs du bruit du monde visent à terme la publication d’une vingtaine de titres par an dans divers genres : roman, polar, essai narratif, récit et projet graphique.

Un lieu de transmission et de création littéraire

Le bruit du monde organise depuis décembre 2021 des stages d’écriture payants, sur le modèle de ceux proposés depuis 2012 par Gallimard. Une salle leur est dédiée dans les bureaux de la maison d’édition. Ces rendez-vous de travail intensif sont thématiques et abordent chacun un point précis. Après celui de juin 2022, accompagné par Carole Martinez, autour de la mise en récit de l’histoire familiale, Colombe Schneck du 26 au 28 août proposera d’explorer les origines comme matière romanesque.

Un escalier mène des bureaux vers un appartement aménagé avec soin, destiné à recevoir des auteurs et des artistes en résidence. Ils y disposeront d’un espace de travail, d’une chambre et d’une salle de bain privative, la cuisine étant partagée avec l’équipe. À l’été 2022, Manon Delarue, une jeune artiste qui travaille sur un récit graphique y sera accueillie.

Marseille est une ville attractive pour beaucoup d’auteurs, elle exerce également une certaine fascination sur les étrangers : il y a là une potentielle matière littéraire pouvant donner lieu à des commandes. Par ailleurs, des artistes contraints, pour des raisons politiques ou socio-économiques, de partir de chez eux pourraient trouver là un refuge. Ce sont autant de possibles envisagés par la maison d’édition qui n’a pas encore formalisé de projet de résidence.