Métamorphoses numériques du livre II (2011)

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Colloque organisé par l’Agence régionale du Livre Provence-Alpes-Côte d’Azur, sous la direction d’Alain Giffard, les 28 et 29 novembre 2011 à Aix-en-Provence.

Si, de tous les médias, le livre imprimé est celui qui semble offrir le plus de résistances à l’extension du numérique, il serait inconcevable de ne pas interroger les tendances qui remettent en cause, sinon son existence ou sa survie, du moins l’éminence de son rôle dans la vie culturelle. 

Certaines de ces tendances se sont développées de manière autonome et sont parfois antérieures à l’apparition du numérique : la baisse quantitative de la lecture du texte imprimé est attestée depuis le début des années 90, et la situation est comparable pour la baisse des performances de lecture, constatée régulièrement par les enquêtes nationales ou internationales.

Elles n’en forment pas moins le contexte dans lequel se déploie précisément le numérique comme média universel, emportant le livre imprimé, au même titre que les autres médias, dans un processus de déstructuration et de remédiation. 

Ce processus se manifeste sous la forme d’une série de phénomènes nouveaux, dont certains sont inouïs par leur ampleur ou leur étrangeté : l’explosion du nombre de textes numériques mis en circulation (sur le web, sous forme de livres électroniques, ou à la suite de la numérisation des bibliothèques) ; la révélation d’un grand nombre d’auteurs, au titre de l’expression personnelle, ou de la contribution des amateurs à des œuvres collectives comme Wikipédia ; la multiplication des supports de lecture, hier, l’ordinateur en réseau, aujourd’hui, les tablettes, les téléphones et les liseuses ; la mise en place des technologies de substitution radicale à l’homme, comme le robot de lecture de Google, ou les logiciels de transcription automatique de la parole ; la diversité des modèles économiques d’édition et l’inversion de la chaîne du livre ; l’apparition des industries de lecture; les nouvelles pratiques de lecture.

 Proposer un éclairage sur ces différentes mutations est le premier objectif du Colloque. Mais leur ambition est aussi de contribuer à en construire une intelligibilité générale, qui passe nécessairement par une approche critique et une évaluation, non seulement économique et technologique, mais aussi culturelle et cognitive, du processus de numérisation.

Le parti-pris originel du Colloque d’Aix-en-Provence est d’examiner ce processus en regardant ce qui se joue à la fois du côté du livre, et du côté de la lecture.

Le Cléo (Centre pour l'édition électronique ouverte) est partenaire du Colloque. 
Avec le soutien de Action cullturelle Sofia .


L'Humanisme numérique par Milad Doueihi

Historien des religions - Titulaire de la Chaire de recherche sur les cultures numériques, Université Laval (Québec).

Philosophe et historien du religieux dans l’Occident moderne, chercheur, Milad Doueihi a été professeur au département de français de l’Université Johns Hopkins aux États-Unis entre 1985 et 1995, responsable pour la version française de la revue Modern Languages Notesen 1996 et enseignant-chercheur honoraire à la faculté des cultures et langues modernes à l’Université de Glasgow. Traduit en plusieurs langues, il s’est imposé comme l’un des grands défenseurs d’un humanisme numérique.


L'évolution récente de l'édition numérique et du livre numérique par Virginie Clayssen

Directrice de la stratégie numérique, groupe Editis

Architecte de formation, Virginie Clayssen s’oriente très tôt vers les nouvelles technologies de l’information, et se spécialise dans le multimédia interactif. Précurseur dans le domaine des CD-Roms, auteur de documents multimédias et de sites internet, chef de projet free-lance puis professeur à l’Adac, elle accompagne depuis 2004 des maisons d’éditions dans leur développement numérique. Elle est présidente de la commission numérique du SNE depuis 2009.

Les différents types d'édition numérique par Pierre Mounier

Directeur adjoint du Centre pour l’édition électronique ouverte (Cléo). Responsable formation, études et usages à l’EHESS.

Ancien élève de l’ENS, professeur certifié en lettres classiques, chercheur spécialisé en anthropologie politique et journaliste indépendant, Pierre Mounier est actuellement enseignant à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Entre 2002 et 2008, il crée et dirige la Cédille, puis l’Unité numérique, services d’édition électronique de l’ENS Lettres et Sciences humaines de Lyon. Depuis, il assure de nombreuses formations pratiques, et enseigne régulièrement en Master édition électronique, plus spécifiquement en sciences humaines et sociales et en information scientifique sur internet.

Les environnements de lecture numérique par Jean-Luc Raymond

Consultant indépendant en technologies de l’information et de la communication.

Consultant en projets numériques citoyens et en stratégies numériques au sein de Coopaname SCOP SA, Jean-Luc Raymond travaille notamment sur des projets institutionnels de lutte contre la fracture numérique.
Il enseigne la sociologie des médias informatisés au CELSA Paris-Sorbonne (École des hautes études en Sciences de l’information et de la communication) en Master 1 et 2. Il est par ailleurs responsable des enseignements de communication interne-externe et nouveaux médias pour un nouveau Master 2 en économie sociale à l’Université de Paris-Est de Marne-la-Vallée.

Il intervient régulièrement pour animer des sessions de création numérique (vidéos et nouveaux médias) dans des médiathèques, animes des sessions de formation pour les bibliothécaires et la filière culturelle, et conseille de grandes entreprises et associations sur l’apport des médias sociaux dans leur stratégie communication et marketing.


Les industries de lecture : la logique de l'attention par Alain Giffard

Directeur du Groupement d’intérêt scientifique Culture & Médias numériques. Président d’Alphabetville.

Spécialiste des technologies de l’écrit, Alain Giffard a été notamment conseiller technique pour les technologies et la société de l’information au ministère de la Culture - où il a participé à l’élaboration des “espaces culturels multimédia” - concepteur informatique de la bibliothèque numérique de la BnF, et président de la mission interministérielle pour l’accès public à l’internet.

Il est aujourd’hui l’un des animateurs de l’association Ars Industrialis, reconnu comme un spécialiste des pratiques culturelles de l’internet, de l’hypertexte, et de l’intégration du numérique dans les bibliothèques.

L'industrialisation de la mémoire par Louise Merzeau

Artiste et enseignant-chercheur en Sciences de l’information et de la communication, Université Paris X - Nanterre.

Spécialiste de la conservation de la mémoire et de l’information sur internet, Louise Merzeau travaille principalement sur les questions de la traçabilité, de la protection de l’identité et de l’oubli dans la sphère numérique. Elle est co-responsable du projet Prodoper sur la protection des données personnelles et responsable du projet Proteus sur la normalisation de la personne à l’ère numérique.

Les pratiques culturelles du livre et le numérique par Olivier Donnat

Sociologue-chargé d’études au ministère de la Culture et de la Communication, département des Études, de la prospective et des statistiques.

Auteur de nombreux ouvrages, Olivier Donnat est un des grands spécialistes de la sociologie culturelle en France.

La lecture dans les nuages : quelques éléments d'architecture par Christian Fauré

Après des études de philosophie à l’Université de Toulouse le Mirail et des études à l’École nationale d’ingénieurs de Tarbes, Christian Fauré travaille dans de grands groupes industriels (Motorola, EADS) puis dans des cabinets de conseil en organisation et en technologies des systèmes d’information (Unilog, Logica, Atos Origin). Membre du conseil d’administration d’Ars Industrialis, il axe ses recherches sur les infrastructures du numérique, en étudiant les liens entre réseaux de transports (comment accède-t-on à internet ?) et réseaux de transferts (nature des données transportées).

Faire des humanités numériques par Aurélien Berra

Philologie classique et humanités numériques - Université Paris-Ouest

Aurélien Berra est maître de conférences en rhétorique et en langue et littérature de la Grèce ancienne à l’université Paris-Ouest. Sa pratique des textes classiques (édition, traduction et commentaire) et sa participation au projet interdisciplinaire des Lieux de savoir l’ont conduit à s’intéresser aux enjeux et à l’histoire des digital humanities. Il est également chargé de conférences à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), où il est responsable du séminaire “Édition savante et humanités numériques”, et membre du conseil scientifique de la plateforme Hypotheses.org, qui accueille son carnet de recherche Philologie à venir.