Dazibao déshabille la revue Nu(e)

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Dix ans et un numéro spécial, panorama de la poésie contemporaine avec 30 entretiens de poètes…
Nu(e)relève de la passion de trois personnes qui oeuvrent ensemble à faire vivre et découvrir une poésie contemporaine.

La revue Nu(e) a été créée à Nice en 1994 par Béatrice Bonhomme et Hervé Bosio, rejoints par Arnaud Villani en 1998. Elle frappe d’abord par son titre qui marque une volonté d’aller vers la nudité, le dénuement, le dépouillement de tous les voiles. Nu(e) est aussi l’anagramme de une, à la fois singularité et convergence. Elle défend une parole de liberté.

“Lorsque j’ai décidé du titre Nu(e), je pensais à Kenneth White qui écrit : “Éduquez-vous en nudité. Orphée était nu sur une pierre”. Cette volonté de dévoilement a guidé toute notre démarche. Le titre marquait dès le début cette volonté d’aller au-delà de tous les déguisements. Le “e” entre parenthèses était une façon volontairement paradoxale de souligner la présence féminine dans la poésie contemporaine. ”
Cette revue, force pour la poésie contemporaine, aborde la poésie sous des angles non conventionnels.

Chaque numéro offre un espace à un poète, une carte blanche où le poète peut choisir lui-même les créateurs dont il veut s’entourer, les plasticiens, les critiques littéraires, les autres poètes avec qui il a une affinité. Nu(e) s’est ainsi créée un style, qui permet d’un numéro à l’autre de faire apparaître un panorama de ce qu’est la poésie contemporaine.

“Pour nous une revue est un lieu de partage, partage de création et de savoir. ”
Béatrice Bonhomme se considère comme “un passeur, un outil, un ouvrier, un traducteur au sens large” et pour elle, éditer une revue c’est “mettre en relation des poètes entre eux, favoriser des liens entre la poésie et les autres arts, faire se côtoyer des écritures très différentes, faire mieux connaître les poètes contemporains, tenter d’augmenter le nombre de leurs lecteurs, leur faire rencontrer un public, encourager les recherches universitaires sur leurs oeuvres”.
Aux côtés de poètes connus figurent des écrivains n’ayant jamais publié. La revue permet parfois de repérer des auteurs, une sorte de galop d’essai qui a fait découvrir de nouveaux talents. Elle compte aujourd’hui plus de 200 auteurs publiés, 30 numéros, 2 500 pages.
Son rôle de laboratoire est indéniable et donne un côté artisanal qui lui fait force.
“Le panorama de la poésie contemporaine est actuellement fondé sur quelques mouvements souvent assez fermés les uns des autres. Le rôle de la revue telle que nous l’envisageons, c’est justement de s’éloigner de ces querelles, de ces poncifs et de pratiquer l’ouverture.”

Parallèlement, Nu(e) assure un rôle d’animation, participe à des festivals du livre, intervient dans les milieux scolaires, les bibliothèques municipales, et établit des relations avec des centres culturels et poétiques.

“Tenir une revue de poésie, c’est forcément une passion, une forme de folie”, une folie douce qui dure… depuis dix ans.