Le livre à portée de chez soi : nouvelle librairie à Cavaillon

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« Qui, mieux qu’un lézard amoureux, Peut dire les secrets terrestres ? »
René Char, « Complainte du lézard amoureux », in Les Matinaux

Il était temps ! Côté librairie généraliste, Cavaillon frisait la jachère, et si ce n’est la médiathèque La Durance, louée de toutes parts, le livre peinait encore à avoir pignon sur rue.

Tout de même, 25 000 âmes à l’année, ô combien davantage à la belle saison : un public résigné à ce vide et contraint d’aller à la grande ville pour franchir la porte d’une officine à même de soulager quelques mots.

Nombreux ont été les aspirants repreneurs de l’ancienne librairie Mistral, fermée depuis 2 ans, sans que l’affaire se fasse jamais. C’est à quelques pas, sur un entrepôt d’entretien automobile désaffecté, que Marcelle Capiaumont a jeté son dévolu. Il fallait être un peu visionnaire pour imaginer une librairie dans ce local froid, sale, en terre battue, fiché intra muros d’une vieille pompe à essence…

Forte d’une solide expérience de libraire (notamment à la librairie Collines, Orange), elle monte un dossier, négocie les prêts, les travaux, le stock et les grilles de nouveautés, obtient un prêt de l’Adelc, une aide du Fisac, et se lance. Le 12 novembre 2005, avec tout de même trois mois de retard pour cause de tracasseries administratives assez kafkaïennes - pardonnez le pléonasme - Le Lézard amoureux sort de son antre.

Mobilier personnalisé fait maison, peinture murale d’un jaune chaleureux, ambiance cosy d’un coin salon-canapé, éclairage lumière du jour ; la libraire a soigné l’atmosphère. Il fait bon entrer et s’attarder. Moitié littérature et beaux-livres, un quart jeunesse, un quart bandes dessinées, c’est ainsi que se déclinent les 9 000 titres du stock, constitué avec les outils d’aide à la création de librairie de Datalib*. Librairie généraliste donc, affiliée au SLF et à l’association Libraires du Sud, Le Lézard amoureux s’inscrit dès ses premières heures sous le signe du dialogue et de l’ouverture.

Le volet animation en témoigne. Outre les rencontres d’auteur, planifiées au rythme minimum d’une par mois, outre les lectures, Marcelle Capiaumont se plaît à marier différentes formes d’expression. Peintures et poteries se sont ainsi déjà mêlées aux tables et rayonnages.

La création d’une nouvelle librairie est toujours une joie. Voilà bien le genre de bonheur dont nous aimerions souvent rendre compte.