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Depuis septembre 2018, la ville de Nice compte une nouvelle librairie indépendante. Installée au cœur du quartier Garibaldi, qui était dépourvu de librairie depuis la disparition de Quartier Latin début 2018, elle revendique un fonds généraliste et engagé.

À l’origine du projet, deux jeunes libraires pleines d’envie et de dynamisme. Anouk Aubert connaît bien Nice pour y avoir fait une grande partie de sa scolarité ; après des études en commerce et communication, elle s’oriente vers l’enseignement. Conseillère d’orientation puis principale adjointe dans la région parisienne, elle se tourne finalement vers la librairie et intègre l’équipe de L’Émoi des mots dans le 5e arrondissement de Paris. C’est lors de son passage dans l’Éducation nationale qu’elle rencontre Maud Pouyé, conseillère d’orientation elle aussi, puis principale, et titulaire par ailleurs d’une licence de Lettres modernes. Toutes deux passionnées par la littérature, ayant déjà travaillé ensemble et désireuses de relever de nouveaux défis, elles décident de se lancer dans la création d’une librairie.

Implantation : le choix de Nice

Très vite, elles s’intéressent à la ville de Nice et y trouvent un local : « C’est une ville de presque 550 000 habitants avec une douzaine de librairies bien implantées. Nous avons d’abord étudié le marché et vérifié qu’il restait de la place. Même s’il n’en reste pas tant que ça et qu’il y a eu des fermetures dernièrement, on croit en notre concept et, en se plaçant rue Delfy, on s’excentre un peu des autres librairies en apportant une offre dans un quartier résidentiel, scolaire et commerçant. »

Après trois mois de travaux, la librairie a ouvert à l’angle de deux rues. Elle dispose d’une surface de 70 m2  et de trois grandes vitrines qui rendent l’espace lumineux et offrent une jolie vue sur le parc Général Marshall. Meublé avec des étagères et tables en bois et/ou en fer, le lieu est sobre et aéré. Une mezzanine sert de coin salon et permet de prendre un café. Le sous-sol abrite l’espace jeunesse.

Laisser une place aux femmes

Le fonds se compose d’environ 3 500 titres à dominante généraliste, qui mêlent littérature française et étrangère, jeunesse, sciences humaines, développement personnel et roman graphique. Une place importante est réservée aux auteures femmes : « Nous ne souhaitons pas être perçues comme une librairie féministe, les auteurs hommes ont toute leur place chez nous également, mais nous souhaitons faire une place importante à des auteures rarement mises en avant et dont l’œuvre nous touche comme Charlotte Delbo, Goliarda Sapienza, Dorothy Parker, Lou-Andreas Salomé, Anne-Marie Schwarzenbach et bien d’autres encore ! ».

Un lieu vivant et chaleureux

Pour diversifier un peu plus leur offre, les deux libraires proposent de la papeterie et collaborent avec un photographe professionnel pour développer leur propre collection de cartes postales. Souhaitant un lieu chaleureux et conscientes de la nécessité de créer de l’attractivité pour faire venir la clientèle, elles vont également développer un espace café-salon de thé, « voire pourquoi pas un jour un petit restaurant ? ». Le projet pourrait aboutir dès le mois de décembre avec l’ouverture d’une annexe, juste en face de la librairie actuelle.

Fortes de leurs expériences dans l’Éducation nationale et dans l’animation, les deux collègues souhaitent organiser régulièrement des rencontres et des ateliers, et se rapprocher des établissements scolaires, musées et médiathèques - nombreux dans ce quartier - pour proposer des animations autour de la lecture, de l’écriture, du théâtre.

Et si le nom de l’enseigne inquiète les amateurs de librairies silencieuses, il se veut en fait un hommage aux entretiens entre Marguerite Duras et Xavière Gauthier, publiés chez Minuit, de ces dialogues non retouchés, parsemés de silences, de débats, de redites, de mystères.