Métier : bibliothécaire indépendante

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La bibliothécaire indépendante Marie-Claude Pasquet s’est fait connaître sur le territoire régional après avoir mené plusieurs diagnostics dans des établissements de conservation des Hautes-Alpes en 2019, puis à Apt en 2020. Dans le cadre de son plan régional de signalement, l’Agence régionale du Livre Provence-Alpes-Côte d’Azur fait appel à son expertise en 2021 pour réaliser le catalogage de livres anciens dans plusieurs bibliothèques patrimoniales de la région (Barcelonnette, Fréjus). Retour sur cette expérience au plus près des besoins du terrain.

©Ville d’Alençon, Direction de la Communication, Olivier Héron

Ma formation me permet d’apporter trois regards complémentaires dans mon approche des collections patrimoniales : celle de l’historienne, de la bibliothécaire, et de la spécialiste en conservation préventive. En effet, j’ai initialement reçu une formation universitaire de médiéviste, avant d’obtenir mon Certificat d’aptitude aux fonctions de bibliothécaire. Puis, j’ai été élève associée à École nationale supérieure des bibliothèques de Villeurbanne. Je me suis enfin spécialisée en conservation préventive à la Sorbonne.

Je me consacre uniquement aux collections patrimoniales des bibliothèques et établissements de conservation : je n’interviens donc pas sur les collections courantes de lecture publique, qui requièrent une autre compétence. Mes actions peuvent être très variées, mais on peut les regrouper en 4 catégories : le conseil, le traitement, la valorisation et la formation. La première constitue mon cœur de métier. Elle relève du domaine de l’expertise, du conseil et de l’assistance, au service d’une bibliothèque (comme à Apt) ou d’un territoire (comme les Hautes-Alpes).

Il s’agit d’abord d’effectuer un état des lieux des collections, en prenant en compte différents paramètres :

  • Le relevé de l’état des ouvrages et des conditions de conservation, une étude globale du magasin de conservation jusqu’au mobilier, des collections et enfin de l’ouvrage.
  • Le second paramètre permet d’évaluer leur visibilité, en examinant leur traitement intellectuel : autrement dit, il s’agit de vérifier si les ouvrages sont signalés dans un inventaire ou un catalogue.
  • Enfin, la dimension historique est centrale car elle vient éclairer leur état et détermine leur statut juridique : en d’autres termes, s’agit-il de fonds d’État ou bien relevant de la propriété de la collectivité ?

Suite à cette immersion, je prends de la hauteur afin d’établir un diagnostic, qui souligne les points forts et éventuelles difficultés rencontrées dans l’analyse du fonds, qui aboutit enfin à une série de préconisations, de pistes d’actions à mettre en œuvre. Ces trois étapes (état des lieux, diagnostic, préconisations) constituent les 3 grandes parties du rapport que je remets aux collectivités, afin qu’elles s’approprient leur patrimoine. Il ne faut pas négliger cette restitution à l’équipe : j’envisage mon travail de concert avec les bibliothécaires, auxquels je souhaite transmettre et partager la connaissance de leurs collections.

À côté de ces missions d’accompagnement, j’interviens parfois de façon plus active dans le traitement des fonds : je suis ainsi amenée à réaliser des opérations de catalogage, de préparation de collections pour un éventuel déménagement, un montage de dossier de restauration… C’est le cas en ce moment en région Provence-Alpes-Côte d’Azur où j’entreprends le catalogage pour les bibliothèques de Barcelonnette et Fréjus, dans le cadre du plan régional de signalement.
Autre exemple, la rédaction de notices décrivant les fonds dans le Catalogue Collectif de France est à mettre en relation avec un autre aspect de ma mission : la valorisation des collections auprès d’un public élargi. J’ai ainsi mené un travail éditorial autour de la publication du catalogue des incunables du Nord-Pas-de-Calais.

La dernière catégorie relevant de mon champ de compétence est celle de la formation : initiation au catalogage du livre ancien, au dépoussiérage ou encore au conditionnement… Autant de thématiques auxquelles j’ai l’habitude de répondre pour le compte des centres régionaux de formation ou pour des demandes plus individuelles.

Ce qui distingue le catalogage d’un livre ancien par rapport à un livre courant, c’est son caractère unique. Chaque description d’exemplaire est une véritable enquête sur ses particularités (reliure remarquable, provenance étonnante, éventuelles annotations). Il faut en même temps savoir que ces objets ne sont pas forcément ce qu’ils révèlent au départ : l’auteur peut être fictif, tout comme le lieu d’édition, afin de déjouer les règles d’attribution de privilèges.

Il est parfois nécessaire de partir à la recherche de l’information manquante en élargissant ses explorations hors du livre, dans les inventaires ou encore dans les archives qui peuvent apporter de précieux éléments de compréhension. Il y a toujours un aspect caché, qu’il n’est d’ailleurs pas toujours possible de révéler…