Sauver le patrimoine écrit en bibliothèque avec des plans d’urgence

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Alors que les risques de sinistre augmentent, une étude de l’Inspection générale de l’Éducation, du Sport et de la Recherche (IGÉSR) pointe le nombre insuffisant de plans d’urgence établis dans les Bibliothèques publiques de France. Le rapport final sera présenté le 22 septembre prochain lors d’une journée professionnelle organisée par l’Agence régionale du Livre.

En France, les 517 bibliothèques municipales conservent 30 millions de documents relevant du patrimoine écrit : autant que les collections de la Bibliothèque nationale de France (BNF), et trois fois plus que celles des Bibliothèques universitaires.

En janvier dernier, les trois inspecteurs généraux de l’Éducation, du Sport et de la Recherche, Isabelle Duquenne, Patrice Lefebvre et Stéphane Pellet, ont remis à la ministre de la Culture la première note d’étape d’une étude soulignant la nécessité de protéger ces fonds riches et précieux mais souvent “méconnus, mal perçus et sous-estimés par les acteurs publics”. Consacrée aux Bibliothèques municipales classées (BMC), elle va être complétée avec les données des Bibliothèques municipales non classées, ainsi que la BNF et les Bibliothèques universitaires.

Les auteurs insistent sur les risques grandissants qui menacent les collections patrimoniales publiques : en 40 ans, les sinistres liés aux conditions climatiques ont été multipliés par quatre. Il est donc essentiel d’anticiper le pire dans un plan d’urgence, qui définit les procédures à mettre en place en cas de problème ou de catastrophe. Mais cet outil permettant de réduire les dommages sur les collections est encore insuffisamment établi en bibliothèque, notamment dans les BMC.

En effet, si les 54 BMC conservent 7,7 millions de documents, soit un quart du patrimoine écrit détenu par des bibliothèques territoriales, seules 12 d’entre elles ont un plan d’urgence, « dont le degré d’achèvement est variable », selon l’étude menée par les inspecteurs. Parmi les autres BMC, seules 16 « ont entamé la démarche, à un stade plus ou moins avancé ».

Pourtant, les BMC sont parfois établies dans des zones “inadaptées”, avec des conditions de conservation parfois “inquiétantes”;. Et les urgences sont plus fréquentes qu’on ne le pense : « 61 % des Bibliothèques municipales classées ont été victimes de sinistres entre 2003 et 2021. » Face à ces constats, les auteurs du rapport appellent à « faire du plan d’urgence une priorité des bibliothèques. »

Après un relevé des équipements existants dans les structures et des améliorations portées par la mobilisation du service du Livre et de la Lecture du ministère de la Culture, de la BNF, de l’association le Bouclier Bleu, des organismes de formation continue (CNFPT, CRFCB) et des agences régionales du livre, les auteurs du rapport proposent quelques préconisations.
Parmi celles-ci, sont proposées

  • La collecte de données sur les plans d’urgence
  • Une obtention des aides dédiées au patrimoine conditionnée à l’existence d’un plan d’urgence dans l’établissement
  • L’inscription de cette mission dans les conventions de mise à disposition de conservateurs d’État,
  • La mise en place d’une feuille de route nationale de formation déclinée par région.

Les inspecteurs proposent également de faire adopter la Charte de la conservation par délibération au sein des collectivités, et insistent sur les enjeux liés à la formation de leur personnel et à la transversalité entre leurs différents services.

Selon les premiers éléments du rapport final révélés, l’effort à accomplir par les bibliothèques municipales non classées est encore considérable : sur 81 ayant participé à l’enquête, seules 5 étaient dotées d’un plan d’urgence. Par contraste, le tiers des 46 bibliothèques de l’enseignement supérieur répondantes avaient établi ce document essentiel.

Les auteurs du rapport présenteront leurs conclusions lors d’une journée sur les plans d’urgence organisée par l’Agence régionale du livre Provence-Alpes-Côte d’Azur, le 22 septembre prochain.

Photo en noir et blanc de 4 personnes traversant une route inondée sur des planches posées sur des tréteaux