Comment réussir une campagne de crowdfunding ?
Publié le
Par Cécile Palusinski, Numered Conseil - agence conseil auprès des entreprises culturelles
Le crowdfunding, nouvel Eldorado des porteurs de projets ?
Mode de financement alternatif aux financements traditionnels, le crowdfunding ou financement participatif, a connu un développement important avec l’avènement d’internet et l’émergence d’une nouvelle économie collaborative. Selon le Baromètre du crowdfunding 2017 publié par Financement Participatif France, les montants collectés en France ont ainsi augmenté de 50 % entre 2016 à 2017.
Si les dispositions du Décret n°2014-1053 du 16 septembre 2014, complétées par celles du Décret n°2016-1453 du 28 octobre 2016, apportent un cadre favorable à l’essor du financement participatif, le crowdfunding est-il pour autant le nouvel eldorado du financement des porteurs de projets ? Sachant que 60 % en moyenne des projets atteignent leurs objectifs sur les plateformes de dons contre contrepartie, quelles sont les bonnes pratiques pour réussir sa collecte ?
Le choix d’une plateforme de crowdfunding adaptée au projet est capital pour assurer le succès de sa campagne, mais ne compter que sur l’audience et la contribution du public de la plateforme est voué à l’échec. La plateforme de crowdfunding est un outil au service du porteur de projet qui souhaite entrer en relation avec son écosystème numérique et il appartient au créateur d’organiser sa collecte de fonds.
Une campagne de crowdfunding doit ainsi débuter par une réflexion, plusieurs semaines avant la soumission du projet à la plateforme, sur les actions à mener : il s’agit pour le porteur de projet d’être dans les starting blocks avant le top départ !
La présentation du projet est une étape fondamentale qui va permettre aux potentiels contributeurs de mesurer le degré de maturité et de crédibilité du projet.
Il s’agit d’expliquer la genèse du projet, d’en raconter l’histoire de façon concise et claire, en y intégrant en filigrane les valeurs fondamentales véhiculées par le crowdfunding : participation, confiance et partage. C’est de la capacité du porteur de projet à partager sa passion, à convaincre les contributeurs de participer à une aventure économique et humaine, au-delà de la recherche unique d’un profit, que dépendra la réussite de la campagne.
L’enjeu est de rendre le projet crédible et attractif, en l’illustrant avec un contenu soigné et varié, librement téléchargeable et partageable sur les réseaux sociaux, en apportant une attention particulière au choix du titre qui fera office de slogan auprès des internautes.
En incarnant son projet, idéalement à travers une présentation vidéo, le porteur de projet instaurera la confiance et une proximité émotionnelle avec la communauté, propice au partage et au bouche-à-oreille.
Le montant et la durée de la collecte
Sur la majorité des plateformes de crowdfunding, les contributions des internautes sont bloquées pendant la durée de la collecte et restituées aux contributeurs en cas d’échec.
Pour optimiser ses chances de succès, le porteur de projet a ainsi intérêt, après évaluation de ses dépenses, à déterminer le minimum vital et réaliste à la réalisation de son projet et à privilégier la présentation d’un projet à tiroirs, avec des promesses de réalisations supplémentaires si l’objectif est dépassé.
La transparence sur l’emploi des fonds collectés est essentielle pour instaurer la confiance auprès des contributeurs.
Dans un souci de dynamique de collecte, une grande majorité des plateformes conseillent d’en plafonner la durée à 90 jours afin d’éviter un essoufflement de la communauté et du porteur de projet.
Le choix des contreparties
Le principe de l’appel à contributions par les plateformes de dons est la récompense.
Le choix de contreparties est donc une étape clé : il s’agit d’estimer correctement le coût des contreparties afin de s’assurer le financement du projet, tout en proposant aux internautes des contreparties exclusives, personnalisées, émotionnelles ou symboliques plutôt que des objets onéreux. Le système de prévente de produits est conseillé quand les projets s’y prêtent, à l’instar notamment des projets éditoriaux.
Garantir une livraison des contreparties en avant-première à certaines périodes festives de l’année pourra dans certains cas augmenter l’attractivité de la campagne, avec la promesse d’un cadeau original.
L’animation de sa campagne en ligne requiert un investissement quotidien important de la part du porteur de projet, tant sur la plateforme de crowdfunding que sur les médias sociaux (blogs, réseaux sociaux). La clé de voûte d’une campagne de communication réussie réside avant tout dans la capacité du porteur de projet à faire connaître son projet au plus grand nombre.
La mobilisation de sa communauté de premier niveau est essentielle : le but est de réunir via son entourage immédiat (famille, amis, collègues…) 30 à 40 % de l’objectif de collecte et de transformer ce premier cercle de contributeurs en ambassadeurs du projet : il s’avère, selon KissKissBankBank, que 97 % des campagnes qui ont passé le cap des 40 % ont atteint leur objectif, notamment grâce à la pollinisation sociale via les réseaux sociaux.
Si l’envoi d’un mail d’information à sa communauté paraît indispensable, l’organisation d’événements offline ne doit pas être négligée : parler avec enthousiasme de son projet à son entourage dans un cadre convivial, distribuer des flyers dans des lieux pertinents, sont autant d’actions qui peuvent avoir un impact significatif sur la progression de la collecte.
C’est en alimentant régulièrement son projet, en établissant une relation personnalisée et suivie avec chaque contributeur qu’on continue à créer de la viralité et qu’on peut relancer une campagne qui stagne.
Échanger avec les contributeurs, leur donner accès aux coulisses de la création, les informer en avant-première des actualités, sont autant d’éléments favorisant l’émulation et l’adhésion forte du premier cercle de contributeurs.
Ce premier cercle de connaissances va alors servir de levier pour ouvrir un second cercle de contributeurs plus éloignés du porteur de projet, par la voie de la recommandation.
Le succès amenant le succès, il est alors judicieux, lorsque la collecte est suffisamment avancée, d’entrer en contact avec le troisième cercle, celui notamment des blogueurs et journalistes, afin de gagner en visibilité et d’élargir encore son audience.
Mener une campagne de crowdfunding est un marathon, où les dons se déclenchent parfois sur la dernière ligne droite, où chaque internaute, potentiel relais d’influence, a de l’importance, et où la course se poursuit au-delà de la ligne d’arrivée : il s’agira à l’issue de la campagne de remplir ses promesses et d’informer la communauté de l’évolution du projet jusqu’à sa réalisation.
Un article de Cécile Palunsinski, Numered Conseil, pour l’Agence régionale du Livre Provence-Alpes-Côte d’Azur