Arnaud Bizalion Éditeur, un regard militant

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Créée en 2013, la maison arlésienne spécialisée en photographie contemporaine compte aujourd’hui près de 70 titres au catalogue.

En 1983, à la sortie de l’école des Beaux-Arts de Marseille - option photo et communication visuelle - Arnaud Bizalion et André Frère créent un studio de création graphique : Images en manœuvres.En 1988, ils inaugurent en parallèle une maison d’édition dédiée à l’art : Images en manœuvres éditions. L’aventure dure trente ans avant d’être rattrapée par les mutations des marchés des arts graphiques et de l’édition, la surproduction galopante, et des placements en librairie qui s’amenuisent : « L’évolution des techniques de fabrication a été exponentielle en 20 ans et la production éditoriale s’est diversifiée. Les graphistes ont de meilleurs logiciels pour travailler l’image, les techniques d’impression ont progressé et l’accès à l’image ou aux outils photographiques s’est démocratisé. Le secteur de la photographie a vu de nombreux éditeurs s’implanter, l’autoédition s’est elle aussi fortement développée. » souligne Arnaud Bizalion.

Un lancement en 2013

Depuis 7 ans, Arnaud Bizalion Éditeur publie entre 5 et 10 titres par an, répartis dans quatre collections :

À l’exception de “Notes”, aucune collection n’a un format unique. Le livre s’adapte toujours aux projets : « Chaque livre nécessite une approche différente. Dans le livre d’art, vous devez transformer un travail artistique en livre, trouver le bon cheminement pour apporter du sens à l’image. Vous inventez une narration, vous ne mettez pas juste un texte et une image en page. C’est une drogue dont je n’arrive pas à me passer ! »

La diffusion, nerf de la guerre

Diffusé et distribué par Cedif-Pollen, les placements oscillent entre 80 et 400 pour un tirage moyen de 800 exemplaires. Des chiffres en baisse constante qui reflètent la dure réalité de la majorité des éditeurs photos : « Les livres d’art ont besoin d’être vus. S’ils ne sont pas en librairie ou si nous ne pouvons pas participer aux salons du livre, on vend difficilement. L’année 2020, qui nous a privés de toutes ces visibilités, est catastrophique. »

Pour les membres du France PhotoBook dont il fait partie (association de 17 éditeurs français de photographie, dont 4 en Provence-Alpes-Côte d’Azur), l’heure est à l’innovation. Ils se sont unis pour développer leurs propres espaces d’exposition et de ventes en lien avec le ministère de la Culture, diffuser des vidéos de leurs auteurs sur une chaîne Youtube.
Outre ces évolutions collectives, l’éditeur partage des contenus autour des œuvres sur les réseaux sociaux : vidéos d’auteurs, séances d’impression, validations de BAT, belles doubles pages etc. : « Le pire serait de rester passif face à ces changements. Le livre d’art connaît un parcours plus complexe que le livre de fiction. C’est toute la relation aux libraires qu’il faut repenser. La vraie question est comment mieux faire ensemble ? »

« Mieux travailler nos relations à l’échelon régional et local »

Président de l’association Éditeurs du Sud, Arnaud Bizalion espère se rapprocher de ses homologues Libraires du Sud : « Nous devons réussir à nous entendre pour permettre des opérations d’importance et une meilleure visibilité de nos fonds. Nous pouvons développer notre clientèle en région , en augmentant notre visibilité. La surdiffusion, l’envoi de matériel de communication est un point mais le meilleur relais reste le dialogue, les rencontres. Nous devons nouer des partenariats forts si nous voulons continuer à porter les regards de nos artistes au milieu des mastodontes du secteur. Il faut toujours garder son regard militant ! »