Intelligence artificielle : la réaction du monde du livre face à la menace

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Illustrateurs et dessinateurs, traducteurs, scénaristes s’inquiètent face à la montée des utilisateurs de l’IA dans leur domaine d’activité.

Des acteurs et des scénaristes américains qui craignent que les IA soient bientôt capables d’imiter leur voix, leur apparence et leurs performances, aux titreurs et sous titreurs où la pratique est déjà très développée, les alertes ne font qu’augmenter.

Dans le secteur du livre et de l’édition, la première BD jeunesse de France illustrée par une intelligence artificielle a vu le jour il y a quelques mois en Bretagne publiée par les éditeurs Locus solus et les Presses universitaires de Rennes ; et nombre de travaux de graphistes (campagne de pub par exemple) sont aujourd’hui créés par des outils tel que Midjourney.

Il en va de même pour les traducteurs littéraires qui se voient proposer des textes pré-traduits via l’outil DeepL, ce qui induit des droits d’auteurs plus bas. Ces professionnels et leurs principales association ATLF, ATLAS, l’ATAA1 exigent plus de transparence des éditeurs. Dans un argumentaire très détaillé, ils rappellent ce que représente, une traduction littéraire réalisée par des humains : « on ne traduit pas des mots, mais une intention, des sous-entendus, l’équivoque, ce qui n’est pas dit et pourtant existe dans les plis d’un texte littéraire ».

L’IA est en perpétuel apprentissage, elle modifie son code informatique à mesure qu’elle est alimentée. « Elle n’est pas intelligente mais imite un comportement humain en pillant ce que l’humain a créé ». C’est pourquoi les traducteurs demandent un changement de terminologie en parlant de « sortie machine » plutôt de que de « traduction automatique » ou de « pré-traduction ».

La Ligue des auteurs a publié également un argumentaire pour une meilleure régulation des IA et un renforcement de la protection des auteurs et autrices dont les métiers sont gravement menacés. Elle rappelle que : « les IA génératives de textes et d’images fonctionnent en utilisant de manière illicite des contenus protégés au titre du droit de la propriété intellectuelle. Elles constituent une menace extrêmement inquiétante pour les auteurs, les ayants droit et titulaires légitimes de droits ».

Le Conseil permanent des écrivains (CPE) salue, quant à lui, la création d’un groupe d’experts issus du secteur culturel au sein du Conseil stratégique de l’intelligence artificielle. Un comité qui a pour objectif de guider le gouvernement dans ses décisions concernant l’IA.

Le domaine de l’information est touché depuis plus longtemps encore par le développement des fakes news et des photos truquées, reportages… générés par les IA. C’est pourquoi, aujourd’hui, des centaines d’experts (ingénieurs, universitaires…) ont demandé une pause de six mois dans la recherche sur les intelligences artificielles jusqu’à la mise en place de systèmes de sécurité, en évoquant « des risques majeurs pour l’humanité ».

Le sujet, à peine effleuré ici, est en perpétuelle évolution et fera l’objet d’autres articles dans les mois à venir.


ATLF : Association des traducteurs littéraires de France.
ATLAS : Association pour la promotion de la traduction littéraire.
ATAA : Association des traducteurs/adaptateurs de l’audiovisuel

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