L'édition indépendante en questions
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Depuis 2007 et la publication par Bertrand Legendre et Corinne Abensour du livre Regards sur l’édition – Les petits éditeurs. Situation et perspectives, ministère de la Culture - DEPS, aucune étude nationale n’avait cherché à aborder les problématiques socio-économiques des éditeurs indépendants. Une étude, menée par La Fédération des éditions indépendantes (FEDEI) et l’Agence régionale du livre Provence-Alpes-Côte d’azur, en dressent une nouvelle situation.
La première difficulté de cet exercice était de clarifier la notion d’indépendance. Pour ce faire, la FEDEI a proposé de ne retenir dans le panel d’analyse que les éditions répondant aux critères suivants : publier uniquement à compte d’éditeur, sans contrôle, direct ou indirect, ni de l’État, ni d’une collectivité territoriale ou d’un établissement public, sans avoir partie liée à un groupe d’éditions ou un groupe financier, et sans excéder un chiffre d’affaires (CA) annuel de 10 millions d’euros.
En appliquant ces critères, le nombre de ces structures au niveau national a été évalué à environ 2 250. 10 % de ces maisons d’édition ont répondu au questionnaire envoyé dans le cadre cette analyse.
Le panel des répondants a également permis d’affiner les différentes catégories d’analyse à partir des niveaux de CA récoltés ; ainsi 4 groupes ont pu être isolés :
Catégorie A > à 250 K€ de CA
Catégorie B entre 75 K€ et 250 K€ de CA
Catégorie C entre 25 K€ et 75 K€ de CA
Catégorie D < à 25 K€ de CA
Si les catégories B, C et D semblent équilibrées, la A pourrait probablement être subdivisée en 2 parties : de 250 K€ à 1 M€ et plus d’1 M€, mais le faible taux de réponse ne l’a pas rendu possible.
Cette première catégorisation a tout de même permis une vision plus fine de leurs activités et de premières projections. Ainsi, à partir du panel, l’étude estime le poids de l’édition indépendante à 11,5 % du CA de l’édition pour près de 20 % de l’emploi salarié et 30 % du nombre total de nouveautés annuelles.
Les éditeurs indépendants travaillent essentiellement les romans, les nouvelles, la jeunesse et la poésie. Ils proposent tous au moins 4 collections différentes et éditent en moyenne 8 titres par an avec pour tirage médian 1 150 exemplaires, soit cinq fois moins que la moyenne nationale.
Dans les catalogues, 1 livre sur 4 vient de traductions et 1 livre sur 5 provient du domaine public. Le support papier reste privilégié (pour 99 % des répondants), rares étant les éditeurs à proposer des livres numériques.
Autre point intéressant de cette étude, la librairie indépendante demeure le premier canal de vente des structures indépendantes (38 %). Les transactions en direct cumulent 17 % des revenus de ces structures. Le poids des grandes surfaces spécialisées et alimentaires reste marginal.
Presque 60 % des maisons d’édition font appel à un diffuseur et 70 % à un distributeur. Parmi les plus petites structures, seules 1/3 sont diffusées et moins de la moitié distribuée.