La Nerthe renoue avec la tradition de libraire-éditeur

Publié le

Dix ans après leur création, les éditions de La Nerthe réalisent un rêve ancien et tenace, créer une librairie en parallèle de leur activité.

Fin 2005. En plein cœur du vieux Toulon, quartier en phase de réhabilitation que d’aucuns jugeaient hier peu fréquentable, les éditions de La Nerthe rachètent à la municipalité les 350 m2 qui furent longtemps ceux d’un cinéma, puis d’un brocanteur, puis en attente de quelque projet original et créatif, conforme à l’espoir que nourrit la ville de se donner ici une nouvelle image.

Plus de la moitié de l’espace reviendra à ce fantasme dès lors à portée de main, créer une librairie. Démarre une phase de grands travaux, photos-reportage à l’appui, en ligne sur le site Internet… l’émotion est palpable ; on n’ouvre pas une librairie comme un simple magasin.

Juin 2006. Outre 50 m2 de réserve et un sous-sol « librairie musicale et musique » (dédié à terme à des rencontres et des expositions), la librairie La Nerthe déploie ses 130 m2 d’espace de vente sur deux niveaux.

À l’étage, une coursive pour la pochothèque, ouverte en mezzanine côté rue pour accueillir les Beaux-Arts. Le parquet grince juste ce qu’il faut, le fauteuil invite et la lumière du jour permet. De quelque endroit que l’on se place, la vue plonge dans le cœur de la librairie.
Une sensation chaude et familière de bois domine : rayonnages, meubles (conçus pour présenter un grand nombre de livres de face), escalier, étage, balustrade ; ne manquent que de hautes échelles pour confirmer l’impression de grande bibliothèque à l’ancienne.

Une vitre au fond de la coursive permet de jeter un œil discret sur l’activité éditoriale de La Nerthe et La Courtine. Une porte s’ouvre, les épreuves d’un nouveau livre arrivent entre les mains du libraire pour relecture… On croirait le sas d’un restaurant : d’un côté la fabrique, de l’autre le régal des papilles.

Pour mener à bien l’aventure, Michèle Plâa a confié le projet à Philippe Blanchon, grand lecteur devant l’éternel, transfuge du soldeur Mona lisait où sans doute, il aura pu affiner et compléter sa connaissance des fonds éditoriaux, y compris les étranges, y compris les rares. Un budget de 150 000 euros et carte blanche pour constituer le fonds de la librairie de ses rêves !

Le résultat fait plaisir à voir : ici un rayonnage entier des Cahiers de l’Herne, là un autre de La Délirante, un peu partout une sélection des plus honorables catalogues d’éditeurs littéraires et d’art.
Très peu de nouveautés, pas d’office, soit 17 000 références assumées de A à Z, et une reconnaissance immédiate des professionnels.

À l’heure où tant d’autres s’inquiètent des difficultés de la librairie indépendante dite de création, La Nerthe a fait le pari ambitieux et exclusif de l’exigence et de la qualité de l’offre. Cela respire l’audace, le bonheur de lire et de partager à plein nez… Sûr que ce bonheur-là est aussi le nôtre !