Les Sauvages prennent racine à Marseille

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Un espace dédié aux amoureux des livres comme des plantes a ouvert ses portes en février 2024 dans le 4e arrondissement de la cité phocéenne.

Les deux propriétaires souhaitaient avant tout proposer un nouveau lieu dédié à la littérature dans le quartier des Cinq Avenues, qu’ils habitent et chérissent. Jean Pichinoty a co-fondé en 2008 La Soupe de l’Espace à Hyères, une librairie hybride avec une épicerie vrac au sous-sol, qui lui a permis d’acquérir une forte expérience en ouvrages pour la jeunesse notamment. Nadia Champesme est, quant à elle, la créatrice et gérante de l’enseigne Histoire de l’œil, ouverte en 2005 dans le 5e arrondissement de Marseille.

Leur nouvelle boutique, au fonds généraliste, a établi ses quartiers Boulevard Philipon, dans le prolongement du Palais Longchamp, monument créé dans un souci d’adaptation de la ville à ses cours d’eau, aux éléments naturels qui la composent et la traversent.
Alors qu’ils ne cherchaient pas spécifiquement un endroit avec un jardin, ce local sur deux étages avec une grande verrière s’est accordé comme une évidence avec ce que Jean Pichinoty définit comme un « profond attachement à la question du vivant et à l’écologie au sens large ». Chez lui, le couple a d’ailleurs construit une serre dans laquelle il pratique l’hydroponie* ; il y a développé une passion dévorante pour la botanique. L’idée a donc germé de vendre 90 % de livres, et 10 % de plantes. Celles-ci leur sont fournies par la pépinière Mastoque d’Aubagne et deux autres situées aux Pennes Mirabeau. Il s’agit à ce jour surtout de végétaux d’intérieur, et les libraires ont à cœur de proposer prochainement des espèces méditerranéennes d’extérieur. La verrière est quant à elle accessible aux clients, qui peuvent y amener un café à emporter, y lire, ou même y travailler s’ils le souhaitent.

Et pourquoi ce nom ? « Le terme a été choisi pour la dichotomie dont il relève, explique Jean Pichinoty. Quand on parle d’un homme, un sauvage ça n’est jamais positif ; pour un animal, au mieux c’est dangereux… Mais quand il s’agit du végétal, ça fait référence à ce à quoi on veut revenir, ce qu’on souhaite préserver, avec les notions de “ré-ensauvagement”, de conquête des derniers espaces de liberté ».
Concernant le fonds, l’accent a été mis sur le rayon littérature, qui a pour ambition d’être « plutôt costaud », mais aussi les rayons BD et jeunesse. Bien qu’il soit encore difficile de déterminer précisément d’où viennent les clients, beaucoup disent habiter le quartier. En quelques mois, la librairie a déjà accueilli une vingtaine de rencontres avec des auteurs. Et elle s’exporte régulièrement hors les murs : un partenariat avec le Tiers-Lab des transitions, qui a ouvert en même temps aux Chutes-Lavie, lui permet d’installer un stand lorsque le lieu accueille des intervenants. Autant de belles initiatives qui fleurissent dans une ville qui ne comptera jamais trop de mots ni de verdure.


* Culture de plantes réalisée sur un substrat neutre et inerte (de type sable, pouzzolane, billes d’argile, laine de roche etc.).