Un nouvel écrin pour le patrimoine écrit et muséal de Carpentras

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Fin avril 2024, la bibliothèque L’Inguimbertine a déménagé dans les murs de l’ancien Hôtel-Dieu carpentrassien. Les documents présents y sont superbement mis en valeur. Suivez le guide !

L’entrée de l’Hôtel-Dieu, dont la rénovation a été effectuée par l’Atelier Novembre, avec l’aide d’un architecte du patrimoine (programmation : Agence DA&DU ; assistance à la maîtrise d’ouvrage : Citadis).

C’est un retour aux sources : l’ancien hôpital voulu et financé par l’évêque Malachie d’Inguimbert au 18e siècle, accueille désormais les collections de la bibliothèque-musée fondée par le même d’Inguimbert, en 1745…
Magnifiquement rénové par l’Atelier Novembre, le bâtiment classé monument historique avait déjà vu ouvrir en 2017 les 1 800 m2 de la partie multimédia consacrée à la lecture publique, où les livres pour adolescents et DVD côtoient plus de 140 pièces de musée, des instruments de musique anciens, un portrait et un buste du poète Pétrarque, qui vécut à Carpentras, ou encore un globe terrestre de Blaeu, datant de 1622…

Les 19, 20 et 21 avril 2024, un week-end festif d’inauguration ponctué de conférences, d’un bal et de musique a marqué l’aboutissement de la deuxième tranche de travaux : les 17 500 visiteurs venus à cette occasion ont pu voir le résultat du projet titanesque démarré en 2009.

L’Hôtel Dieu réhabilité offre désormais un parcours complet à ses publics, dans lequel le patrimoine écrit, à savoir 58 400 volumes anciens (dont 220 incunables et 3 400 manuscrits) auxquels s’ajoutent 30 000 pièces d’art graphique et un fonds local et d’étude, joue un rôle prépondérant.

Au rez-de-chaussée et au niveau -1, les usagers peuvent accéder à la bibliothèque de lecture publique appelée “bibliothèque multimédia” et à des zones de médiation ; ces équipements sont désormais complétés par un accueil mutualisé accessible par l’avant et l’arrière du lieu, ainsi que par une boutique-librairie et une cafétéria.

Au premier étage, sont localisés les emplacements dédiés au patrimoine : salle de consultation des œuvres anciennes de la bibliothèque Inguimbertine, parcours muséographique permanent s’étendant sur 1 800 m2 et salle d’exposition temporaire de 230 m2.

L’édifice comporte également de nombreux espaces remarquables : un escalier monumental, le hall, la chapelle, la pharmacie, la salle du conseil… Certaines pièces, dans l’aile nord-ouest, pourront faire l’objet de restaurations ultérieures.

Les bureaux du personnel, de leur côté, se trouvent au deuxième étage. Le hall arrière donne sur des aménagements extérieurs et mène à la boutique-librairie, la cafétéria et les pièces consacrées à la médiation.

25 bibliothécaires travaillaient dans le bâtiment pour le volet lecture publique, les rejoignent en 2024 quatre agents d’accueil et 20 agents musée-patrimoine, dont quatre dédiés à la bibliothèque patrimoniale et une régisseuse.

Accessible gratuitement, la salle de consultation, d’une capacité de 10 places, est équipée de deux lecteurs de microfilms. Au vu de l’augmentation des demandes à distance, l’acquisition d’un scanner est en projet.

Mais le patrimoine écrit est aussi partie prenante du parcours muséographique, dans sa partie “cabinet d’étude”, qui s’ajoute à un volet dédié à l’histoire de Carpentras et du Comtat Venaissin, et à un autre consacré aux Beaux-Arts (qui contient notamment des tableaux de Joseph-Siffred Duplessis, portraitiste de Benjamin Franklin, des dessins d’Auguste Rodin et Victor Hugo, des œuvres d’art persan Qajar…).

Cette section reproduit en effet l’organisation des bibliothèques des deux donateurs principaux des fonds de la commune, à savoir Malachie d’Inguimbert et Casimir Barjavel, historien, bibliophile et maire de Carpentras au 19e siècle. Leurs remarquables galeries livresques sont exposées dans l’espace muséographique, dans les meubles d’origine de l’Inguimbertine, récupérés pour l’occasion, ainsi que dans deux réserves visitables, à proximité immédiate.

Des vitrines d’exposition permettent de faire des coups de projecteur sur les ouvrages exceptionnels. Trois écrans de médiation numérique donnent, quant à eux, la possibilité d’en savoir plus sur l’histoire des deux fonds, ainsi que sur celui du fameux astronome, scientifique et polymathe du 17e siècle, Nicolas-Claude Fabri de Pereisc, dont Carpentras garde une partie des écrits.

En interne, sept autres magasins sont dédiées aux fonds d’étude et local, fonds précieux, arts graphiques, périodiques, archives municipales antérieures à 1940 et archives hospitalières. Représentant un total de 920 m2 et équipés de mobiliers conçus par l’Atelier Novembre et de compactus Bruynzeel au rez-de-chaussée, ils ont permis d’améliorer les conditions de préservation avec la mise en place d’un système de climatisation et la présence d’un désenfumage dans la réserve précieuse.

Au niveau -1, des espaces voués à la conservation viennent compléter l’équipement de la structure, à proximité d’une… crypte, datant de l’Hôtel-Dieu.

Ci-dessous, un aperçu de ces superbes aménagements, qui promettent de rayonner très largement.


Les espaces de la bibliothèque multimédia, ouverte en 2017.

Les espaces de lecture publique mêlent collections récentes et œuvres muséales (ici, un buste du poète Pétrarque et de sa muse Laure parmi les romans “young adult”).

Le nouvel accueil mutualisé entre médiathèque et bibliothèque-musée, accessible des deux côtés du bâtiment et orienté vers l’arrière.


La salle de consultation des collections de patrimoine écrit, quelques jours avant l’ouverture.

L’escalier monumental du hall principal, visible à partir de la salle d’exposition temporaire de 230 m2.

La partie “Cabinet d’étude” des espaces muséaux reproduit l’organisation originale des collections des deux donateurs principaux de la bibliothèque patrimoniale. Ici, une partie des collections de l’évêque dom Malachie d’Inguimbert est exposée, dans les rayonnages d’origine de la bibliothèque Inguimbertine. Dos, tranchefils et rayonnage ont été restaurés pour l’occasion.

Des pièces d’exception en vitrine dans les espaces muséaux : ici, un livre d’heures du 15e siècle orné de miniatures du 13e siècle (Bibliothèque Inguimbertine de Carpentras, Ms. 77, fol. 21-22).


Trois écrans interactifs, dédiés respectivement à l’évêque dom Malachie d’Inguimbert, l’ancien maire de Carpentras et érudit Casimir Barjavel et le fameux scientifique et polymathe Nicolas-Claude Fabri de Pereisc permettent de connaître l’histoire des fonds et de feuilleter, sur place, une partie des volumes. L’habillage a été réalisé par l’entreprise Opixido, en lien avec l’Atelier Novembre et la Direction de la communication de la Ville de Carpentras.

La partie du Cabinet de curiosités dédiée à Casimir Barjavel. 8 834 volumes sont exposés dans les deux salles.

Les autres ouvrages issus des collections de dom Malachie d’Inguimbert et de Casimir Barjavel sont conservés dans deux réserves visitables, accessibles à partir des espaces muséaux (ici, l’accès à la réserve consacrée au fonds Casimir Barjavel).

Un coup d’œil dans le rétroviseur : les réserves de l’ancienne bibliothèque pendant le déménagement des collections, un chantier titanesque qui a duré plus d’un an et vu le déplacement de près de 100 000 ouvrages précieux !

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