Une nouvelle typologie pour les bibliothèques

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L’Association des bibliothécaires départementaux (ABD) vient d’achever un important travail de refonte du classement des établissements de lecture publique (ELP). Elle n’évalue plus seulement leurs moyens, mais prend aussi en compte leurs services et le succès de leurs collections.

Depuis sa création en 2002 et son adoption par le ministère de la Culture, la typologie des bibliothèques est l’outil indispensable pour évaluer l’offre de lecture publique d’un territoire. Les ELP sont répartis en cinq catégories en fonction du niveau de cette offre : bibliothèques (trois types), points lecture et dépôts. 

Cependant, l’ABD s’est inquiétée des limites de cette classification dont les indicateurs concernent principalement les moyens mis en œuvre, et non l’offre de services. Par ailleurs, elle pénalise structurellement les ELP desservant un grand nombre d’habitants, comme les équipements intercommunaux ou relevant des grandes villes.

Une réflexion a donc été menée à partir de 2018 par le groupe de travail “Évaluation” de l’ABD, en lien avec l’Observatoire de la lecture publique. L’institut d’études TMO Régions s’est chargé de l’enquête statistique et a demandé à 55 BD d’évaluer, de façon informelle, la qualité de plusieurs ELP de leur réseau (2 500 en tout). Il a ainsi défini les caractéristiques le plus fortement corrélées à une évaluation positive ou négative. 

La nouvelle typologie , élaborée selon les  propositions de TMO Régions , s’appuie désormais sur neuf critères qui tiennent compte des activités et des services des ELP :

  • les dépenses documentaires (tous types de documents) pour 1 000 habitants ;
  • le nombre de types d’actions ;
  • l’accès à Internet ;
  • la diversité de l’offre de collections ;
  • le nombre d’heures d’ouverture hebdomadaire ;
  • la surface ;
  • le personnel qualifié (nombre) ;
  • les emprunteurs actifs pour 1 000 habitants ;
  • le nombre de prêts (tous types de documents) pour 1 000 habitants.

Chaque critère est évalué selon une échelle de gradation des situations, allant de la plus défavorable à la plus favorable, ce qui permet in fine d’obtenir le classement de l’ELP.
La nouvelle classification compte, comme l’ancienne, cinq échelons, désormais nommés ”type A” à ”type E”.

La répartition des ELP dans les cinq nouveaux types reprend plus ou moins les proportions de l’ancien classement. Toutefois, environ un établissement sur deux voit son affectation changer, et ceux relevant des communes de plus de 40 000 habitants sont recentrés dans les deux catégories les plus favorables (types A et B).

La nouvelle typologie n’aura pas d’impact sur les subventions pouvant être accordées aux équipements. Elle permet toutefois une évaluation plus objective de l’offre de lecture publique sur un territoire et constitue un nouvel outil que les élus comme les bibliothécaires sont susceptibles de faire évoluer.

« L’ancienne typologie était un levier pour améliorer les moyens accordés aux bibliothèques. Celle-là aussi, mais elle permet également d’agir sur d’autres dimensions : le développement du numérique, la diversité des actions, des collections », souligne Blaise Mijoule, directeur de la BD des Hautes-Alpes et copilote de la mise en place de la nouvelle classification. Et d’ajouter : « Même nous, dans les bibliothèques départementales, avons besoin de digérer la nouvelle typologie, de voir tout ce que ça va impliquer dans l’accompagnement… Cela fait vingt ans que nous travaillons sur une typologie de moyens, c’est une autre dimension, à bien utiliser pour rendre les bibliothèques plus performantes. »

Validée le 28 octobre 2019 par le conseil d’administration de l’ABD, présentée à l’Association des bibliothécaires de France et à l’Association des directeurs de bibliothèques de grandes villes début 2020, la nouvelle typologie est mise en application en 2021, sur la base des données 2020 d’activité des bibliothèques. Le nouveau classement sera prochainement accessible aux bibliothèques municipales sur la  plateforme neoSCRIB  (où sont saisies les données annuelles d’activité des médiathèques).

Pour éviter des hiatus trop importants, les ELP auront accès, cette année, à leur classement selon les deux typologies. Par ailleurs, ils pourront, selon des modalités qui restent à définir, avoir accès à une version stabilisée de leur positionnement, établi non seulement avec les données de l’année précédente (ex : données 2020 pour le classement 2021), mais aussi avec celles des trois années précédentes (ex : données 2019, 2020 et 2021 pour le classement 2022). Permettant de lisser les effets de la crise sanitaire, cette stabilisation sera maintenue pour prendre en compte d’éventuels accidents de parcours (budgets abaissés sur une année pour un ELP).