Le livre en langue française dans tous ses états

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Les états généraux du livre en langue française ont réuni cinq cents professionnels les 23 et 24 septembre 2021 à Tunis. L’occasion pour eux de se rencontrer autour d’un enjeu collectif : faire évoluer la situation de l’édition francophone dans le monde.

Résultat de la collaboration d’une quarantaine d’acteurs (auteurs, représentants des ministères de la Culture des pays francophones, d’institutions, d’associations et d’organisations professionnelles nationales et internationales) et initié par l’Institut français, ce congrès a été rythmé par des conférences, des ateliers et des tables rondes, en présence et en ligne.
Dans le cadre du plan pour la langue française et le plurilinguisme débuté en 2018, un état des lieux et un plan d’action, a été présenté lors de l’événement. 

Plusieurs constats économiques, culturels, éducatifs et politiques ont été établis grâce à un panel de 1 000 représentants francophones du secteur éditorial.

Le marché mondial du livre en langue française présente un déséquilibre caractérisé par la prépondérance des pays du Nord (Europe, Amérique du Nord) et la faiblesse des marchés des pays du Sud (Afrique subsaharienne). Concernant ces derniers, plusieurs points ont été mis en évidence :

  • L’inaccessibilité du livre due au prix élevé et à l’absence d’un réseau de bibliothèques capables d’acquérir des fonds.
  • Le manque de structuration du secteur et le faible niveau de professionnalisation impactent la capacité de diffusion et de distribution des œuvres à travers le monde.
  • Le choix des grands écrivains des pays du Sud d’être édités en France empêche la diffusion de leurs écrits dans leur pays d’origine en raison du coût de l’export, ce qui freine la construction d’une culture commune et le développement des éditeurs locaux.
  • La lecture à l’école est essentiellement abordée sous le prisme de l’apprentissage, le plaisir de lire n’y est pas assez développé. En outre, le livre y est peu présent.
  • La difficulté de mobiliser les gouvernements autour de l’enjeu du livre empêche l’élaboration de politiques publiques adaptées qui pourraient développer et stimuler le marché.

Quatre grands thèmes ont structuré les réflexions et ont donné lieu à la création de plusieurs documents (préconisations, guides, etc.) et études. 

  • Rendre visible les acteurs du livre en langue française : l’Organisation internationale de la francophonie a créé une  plateforme numérique dédiée à la mise en réseau des professionnels, afin de faciliter leurs échanges et de renforcer leurs collaborations.

  • Projeter les enjeux économiques du développement du marché éditorial francophone : le Bureau international de l’édition française a produit une synthèse en confrontant les résultats d’une enquête sur le monde de l’édition en langue française en 2019 et ceux d’une étude économique prospective pour 2030 et 2050.

  • Lever les freins identifiés pour dynamiser, décloisonner et équilibrer le marché éditorial francophone : les travaux menés par plus de 600 acteurs préalablement au congrès, les rencontres, les ateliers professionnels, les entretiens ainsi que des contributions libres déposées sur la plateforme des états généraux, ont conduit à la rédaction d’un cahier de cinquante propositions, présenté à Tunis. Ces recommandations sont articulées autour des attentes en matière de politiques publiques, de la mise en relation des différents interlocuteurs de la chaîne du livre et des nouvelles opportunités et transformations apportées par le numérique. Dix d’entre elles sont déclarées prioritaires et constituent la feuille de route des professionnels.

  • Développer la lecture et la conscience de la diversité dans l’espace francophone auprès des jeunes en associant éducation et culture: le commissariat général des états généraux a proposé l’établissement d’un corpus commun d’œuvres littéraires en langue française, à présenter aux élèves de 15 à 25 ans comme suggestions de lecture dans le cadre de leur cursus scolaire. Le projet “Lire pour apprendre” cherche quant à lui à développer la littérature jeunesse en Afrique subsaharienne francophone.