Valorisation des collections iconographiques : des exemples en région

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Organisées chaque année dans une région différente, les Journées nationales du Patrimoine écrit se sont déroulées les 15 et 16 juin 2023 à Aix-en-Provence. L’occasion, notamment, de présenter différentes actions de mise en valeur des fonds patrimoniaux iconographiques.

« L’image aura-t-elle le dernier mot ? Regards croisés sur les collections iconographiques en bibliothèque » : tel était l’intitulé de l’évènement, organisé par le ministère de la Culture, la bibliothèque Les Méjanes, et l’Agence régionale du Livre. 180 professionnels, issus du patrimoine écrit et graphique, ont échangé autour de ce sujet. S’adressant en premier lieu aux bibliothèques, la thématique a d’emblée été envisagée de façon transverse avec les secteurs des archives, des musées et de l’enseignement supérieur. Ainsi, plusieurs visites de lieux culturels ont été proposées, dont le musée Granet, où une réception s’est tenue.
L’iconographie – domaine encore peu abordé et normé dans les différents secteurs patrimoniaux – a été appréhendée sous les angles du traitement physique (classement, numérisation) et intellectuel (catalogage et valorisation). Les discussions ont également abordé les perspectives du numérique, notamment en matière d’automatisation et d’intelligence artificielle.

La dernière table ronde des Journées a été consacrée à la valorisation des documents iconographiques, avec une part belle dédiée aux initiatives régionales. Les exemples de la Villa Saint-Hilaire de Grasse et de la bibliothèque Les Méjanes ont ainsi été présentés.

Exposition Jardin de Roses à la Villa Saint-Hilaire à Grasse.

L’exposition Jardin de Roses à la Villa Saint-Hilaire à Grasse.

Inaugurée en 2015, la Villa Saint-Hilaire est une bibliothèque patrimoniale et un centre de ressources spécialisé Maison, jardin & paysage située à Grasse. Depuis son ouverture, elle a monté une vingtaine d’expositions, permettant l’organisation d’un panel d’actions de valorisation vers :

  • les scolaires avec les parcours EAC,
  • les publics empêchés avec une offre adaptée,
  • une large audience avec les visites commentées.

Sa responsable, Dominique Giudicelli, souligne l’enjeu de faire découvrir le lieu au plus grand nombre à travers son fonds patrimonial et son volet Maison, jardin & paysage. Des actions culturelles (ateliers de gravure, performances d’artistes, conférences, lectures et concerts…) font également vivre les collections : l’assistance est parfois même invitée à apporter sa contribution, comme lors de l’atelier Voir ou de l’exposition Le Jardin de Roses. L’occasion également de mettre en avant les œuvres grâce à leur signalement dans la bibliothèque numérique, qui comprend une partie dédiée aux arts graphiques.

Série de diptyques composant la partie Fragments des heures organisée à la bibliothèque Les Méjanes d’Aix-en-Provence.

Série de diptyques composant la partie Fragments des heures organisée à la bibliothèque Les Méjanes d’Aix-en-Provence.

C’est également par le biais d’expositions que la bibliothèque Les Méjanes propose d’explorer de manière sensorielle et immersive ses fonds patrimoniaux. Deux exemples à vocation expérimentale ont été présentées par Aurélie Bosc, directrice par interim du réseau des bibliothèques et archives d’Aix-en-Provence : le premier a eu lieu dans le contexte de l’inauguration de la bibliothèque patrimoniale Michel-Vovelle en 2020, en partenariat avec l’association Seconde Nature, opérateur reconnu dans le domaine des arts numériques. L’artiste Nicolas Clauss a créé une œuvre sur-mesure, intitulée Morceaux choisis, à partir d’une sélection de documents issus des fonds patrimoniaux de la bibliothèque. Cinq tableaux virtuels projetés et une œuvre en réalité virtuelle proposaient aux visiteurs d’entrer en interaction à l’aide de bornes tactiles. La composition artistique, en mouvement perpétuel, est ainsi sans cesse détournée par l’action du visiteur.

L’autre exposition, Traversées, s’attache à la dimension plus matérielle de l’iconographie, en collaboration avec Philippe Guesdon, fasciné par les gravures du 16e siècle. La première partie, Réminiscences, portait sur la création d’une série de peintures de l’artiste. Dès le départ, cette présentation a été pensée en partenariat avec les étudiants de l’IUT Métiers du livre d’Aix-en-Provence, notamment pour la sélection rétrospective des œuvres inspirées de La Nef des fous de Sebastien Brant et L’Apocalypse de Dürer. La seconde partie de l’exposition était dédiée à une série de diptyques, des Fragments des heures, mis en abîme à partir de détails issus d’un incunable. Ces expérimentations ont enfin été l’occasion de développer un travail de médiation, à travers des ateliers d’écriture de Haïkus avec les étudiants, de gravure ou encore la constitution d’un livret-jeu.

Ces deux exemples régionaux, complétés par la présentation du travail de la bibliothèque de Nancy avec les artistes-graveurs lorrains, démontrent à quel point les bibliothèques patrimoniales peuvent être des lieux d’inspiration pour la création contemporaine. L’importance du travail de médiation, véritable pierre angulaire des expositions, permet au grand public de s’emparer de l’iconographie patrimoniale. L’image sort ainsi du champ purement scientifique pour décentrer le regard et permettre à tous d’être partie prenante du travail créatif.