Quelles pratiques chez les professionnels ?

Publié le

Blogs, Booktube, #bookstagram,VendrediLecture, réseaux sociaux du livre tels que Babelio, Booknode,Livraddict…En mai 2018, l’Agence a interrogé les acteurs du livre de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur sur leurs pratiques et leurs éventuels partenariats (passés, présents, futurs) avec des influenceurs du livre. Au total, ils ont été près de 450 à répondre au sondage et nous tenons à les en remercier. La diversité des réponses témoigne de perceptions, connaissances et pratiques très variées au sein de la chaîne du livre. Retrouvez ici, pour chaque métier, les principaux résultats.

En bref, ce qu’il faut retenir

Les professionnels du livre de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur utilisent essentiellement les blogs et les réseaux sociaux du livre, plutôt comme outils de veille que de publication.

Bookstagram, Booktube et VendrediLecture sont peu exploités.

Il existe une grande disparité dans les usages de ces outils que de nombreux professionnels ne maîtrisent ou ne connaissent pas, d’où le peu de partenariats avec des influenceurs du livre.

Si les éditeurs restent les plus actifs dans ce domaine, plusieurs bibliothèques et manifestations littéraires envisagent d’expérimenter ces pratiques (notamment avec des booktubers).

Les partenariats sont le plus souvent ponctuels, non rémunérés et non contractuels. Les professionnels en tirent des bilans globalement positifs.


Parmi les 163 auteurs ayant répondu au sondage :

  • 41 % utilisent Booktube, #bookstagram, les blogs ou les réseaux sociaux du livre (ces deux derniers étant les plus cités), et ce pour s’informer, produire du contenu, promouvoir des ouvrages, faire des prescriptions littéraires ou effectuer une veille.
  • 14,7 % ont déjà essayé de promouvoir l’un de leurs ouvrages grâce à un influenceur du livre, surtout via l’envoi de services de presse à des blogueurs.

Les auteurs tirent en général un bilan positif de ces expériences, et affirment entretenir de bonnes relations avec les influenceurs. Cependant, certains doutent que cela ait un réel impact sur les ventes et d’autres se sentent en concurrence avec les grosses maisons d’édition qui courtisent aussi les influenceurs. Par ailleurs, certains auteurs s’interrogent sur la pertinence de ce type de promotion pour leurs ouvrages.

Deux partenariats qui sortent du lot

Parmi les partenariats, deux  sortent du lot car ils ne sont pas des services presse. Le premier est l’organisation d’un concours sur Youtube avec la booktubeuse Bulledop pour la bande dessinée Princesse Sara  de l’auteure aixoise Audrey Alwett (avec les dessins de Nora Morretti). Lors d’un concours Booktube, le booktubeur permet à ses abonnés de gagner des livres ou des objets collectors suite à l’organisation d’un concours (présenté dans une vidéo qui sera publiée sur sa chaîne Youtube). Ce concours peut être organisé de sa propre initiative ou en partenariat avec des professionnels du livre.

Le deuxième partenariat a été réalisé pour le livre de la niçoise Sophie Taam, Anaïs Nin, genèse et jeunesse, qui a fait l’objet d’un “Masse Critique[3] ” sur Babelio. Chaque mois, Babelio reçoit des livres mis à disposition par des éditeurs partenaires qui sont envoyés gratuitement aux membres Babelio sélectionnés. Ces derniers s’engagent à lire le livre et à publier une critique.


38,9 % des 54 éditeurs ayant répondu au sondage ont déjà mis des partenariats en place, principalement avec des blogs et/ou des réseaux sociaux du livre. C’est par exemple le cas de Decrescenzo éditeurs (Fuveau), IS éditions (Marseille), Le Bec en l’air (Marseille), Élan sud (Orange) ou Vents d’ailleurs (La Roque d’Anthéron).

Ces partenariats sont principalement informels, ponctuels et non rémunérés. Les influenceurs sont choisis en fonction de leur popularité et de la cohérence entre les livres qu’ils défendent et le catalogue de l’éditeur. Nombre d’entre eux ont été recommandés par un tiers. À l’inverse, certains éditeurs - comme Book-e-Book à Sophia-Antipolis - ont été contactés directement par des influenceurs. Avec ces partenariats, les éditeurs souhaitaient développer les ventes, gagner en notoriété et en visibilité, ou encore toucher une communauté de lecteurs bien spécifique. Même s’il est difficile d’évaluer les retombées sur les ventes, ils en sont globalement satisfaits : impact positif sur l’image de la maison d’édition, et échanges conviviaux avec les influenceurs.

34,9 % des éditeurs envisagent des partenariats dans un futur proche ; ils y voient une opportunité pour augmenter leur visibilité, élargir leur public et diversifier leur communication.

Ceux qui ne sont pas intéressés par ces pratiques invoquent le manque de temps, de connaissance, de pertinence ou d’impact sur les ventes.


Les 53 libraires ayant répondu au sondage utilisent majoritairement #bookstagram (22%), les blogs (24%) et les réseaux sociaux du livre (34%) comme outils de veille et/ou de publication de contenus. Ils partagent leurs coups de coeur en espérant obtenir une plus grande visibilité, et se tiennent au courant de l’actualité littéraire.

Peu de libraires utilisent Booktube et VendrediLecture.

39% des libraires n’utilisent aucun de ces outils, et la plupart ne l’envisagent pas dans un avenir proche par manque de temps. Cependant, un quart éprouve de la curiosité et demande à être convaincu de leur utilité.

Aucun des libraires n’a mis en place de partenariat avec des influenceurs du livre.


Parmi les 145 bibliothèques ayant répondu au sondage :

  • 59 % utilisent les réseaux sociaux du livre (à des fins de veille, pour la plupart) ;
  • environ 20 % fréquentent ou tiennent un blog ;
  • 35 % publient des contenus sur ces supports.

Leurs motivations : toucher le public autrement, partager des coups de coeur, connaître les nouveautés, découvrir de nouvelles pratiques et diffuser des informations.

60 % des bibliothécaires qui n’utilisent aucun de ces outils n’envisagent pas de le faire, par manque de temps, de matériel (bibliothèques non informatisées ou non connectées) ou en raison du refus des élus .

Une dizaine d’établissements déjà en partenariat avec des influenceurs

Une dizaine de bibliothèques ont déjà mis en place des partenariats avec des influenceurs (notamment des booktubers) ou vont bientôt le faire. Par exemple : la médiathèque La Passerelle (Vitrolles) a organisé des rencontres avec des youtubers  ; la médiathèque Les Taillades (réseau Luberon Monts de Vaucluse) a récemment mis en place des ateliers Booktube avec une classe de CM2 ; et des ateliers Booktube sont en projet à la médiathèque de Cagnes-sur-Mer. Les bibliothécaires trouvent ces partenariats motivants : ils permettent de développer des échanges dynamiques avec le public.


17,9 % des 39 manifestations littéraires ayant répondu au sondage ont déjà invité des influenceurs du livre - notamment des blogueurs - dans le but de diversifier leur communication. On peut citer Paroles Indigo (Arles), L’antre du livre (Auriol) ou encore La BD en fête (Bras). 

Parmi ceux qui n’ont jamais créé de partenariat, 48,6 % envisagent de le faire. C’est le cas des festivals “Les carnets” (La Roque d’Anthéron), “Oh Les beaux jours !” (Marseille), “Lire à Vence” (Vence) ou “L’antre des livres” (Orange). Leur objectif : plus de visibilité, une image moderne et dynamique, atteindre le jeune public.