3 questions à... Jérôme Camil

Publié le

L’Agence vous propose de découvrir régulièrement des écrivains, dessinateurs, traducteurs… qui vivent et travaillent en Provence-Alpes-Côte d’Azur. L’auteur et illustrateur jeunesse Jérôme Camil a bien voulu se prêter au jeu des questions-réponses.

Né à Abidjan (Côte d’Ivoire) en 1973, il arrive et pose ses valises à Marseille à 18 ans où il développe et s’implique dans de nombreux projets associatifs et culturels. Il travaille par ailleurs dans un centre de santé communautaire, le Château en santé, installé dans les quartiers de Nord de la cité phocéenne.

Depuis 2015, il publie des albums jeunesse plein d’humour, principalement aux éditions Alice. Des ouvrages toujours hauts en couleur et loufoques, avec des chutes surprenantes qui ne laisseront pas indifférents petits et grands.

Avant d’intervenir dans les écoles et les bibliothèques en tant qu’auteur, Jérôme Camil animait déjà des groupes de paroles sur les relations filles-garçons et sur les assignations de genre pour les enfants de 6 à 16 ans.

Mon dernier album, Le sauté de lapin, est paru début mars. Un sympathique, mais naïf, petit lapin qui a la bonne idée d’amener un loup, un renard et un ours chez sa grand-mère pour cuisiner un sauté de lapin. Sans rentrer dans les détails de l’histoire, l’originalité de cet album réside dans le fait qu’il est demandé au lecteur de déchirer une page avant la lecture à l’enfant. Oui oui ! C’est essentiel pour ne pas que ce pauvre lapin finisse à la casserole ! On peut ensuite décider de montrer, ou pas, la feuille déchirée à l’enfant… Ou encore plus drôle, laisser l’enfant déchirer la page. J’ai déjà quelques réactions de parents qui n’osent pas, bien que cela fasse partie intégrante de la narration. Moi, c’est le genre de chose qui me fait marrer… Et je remercie mon éditrice Mélanie Roland chez Alice jeunesse qui défend mon travail et mes idées farfelues depuis toutes ces années !

Gamin, j’étais un fan inconditionnel de Jojo Lapin, dans la collection “la Bibliothèque Rose”. C’est drôle, je n’ai même pas fait le rapprochement avec Le sauté de lapin, jusqu’à ce que mon frère me le fasse remarquer. Jojo Lapin, Maître Renard, Compère Loup et Frère Ours. D’une manière générale, j’ai toujours aimé les contes avec des animaux. En Côte d’Ivoire on avait aussi Bouki l’hyène et Leuk le lièvre, de Léopold Sédar Senghor, qui était un classique en Afrique de l’Ouest et qui a accompagné plusieurs générations en culottes courtes. La ruse et les gentils qui triomphent du mal, j’en suis petit à petit revenu, probablement agacé que Tom n’arrive jamais à attraper Jerry, ou dépité que ce pauvre Coyote ne mette pas la main sur Bip Bip. Maintenant que j’ai la chance d’écrire et d’illustrer des livres pour enfants, j’essaye d’ajouter un peu de complexité dans l’éternel combat du bien contre le mal, et je n’ai aucun doute sur l’intelligence de mes jeunes lecteurs pour comprendre la nuance, le second degré ou l’absurde.

À part les miens vous voulez dire? Plus sérieusement, il s’agit de Là où vont nos pères de Shaun Tan. Une BD sans texte. L’exil raconté avec force et poésie. C’est une histoire essentielle pour moi, triste et éblouissante, qui m’arrache une larme à chaque fois que je m’y plonge. À l’heure où les lois tendent à se durcir encore d’avantage, accentuant la détérioration des conditions d’accueil et des droits des personnes exilées, c’est un livre à mettre entre toutes les mains.