Écologie et librairie : guide pratique
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Les 17 et 18 mars derniers, près de 300 libraires se sont réunis à Lisbonne pour la 2e conférence de la Fédération Internationale des Libraires (EIBF). À cette occasion, une étude a été présentée par les Français Fanny Valembois, experte des démarches de transition écologique pour les organisations culturelles, et David Piovesan, ancien libraire et chercheur spécialisé dans les transformations des librairies à l’échelle européenne.
Piloté par la EIBF et commandé dans le cadre du programme RISE Bookseller, le document rassemble en une cinquantaine de pages de nombreuses mesures classées par domaines. Celles-ci permettent aux libraires d’entrer dans la transition écologique et de réduire leur empreinte carbone :
- Énergie : économie d’électricité, de climatisation, changement du mode de chauffage…
- Déchets et économie circulaire : réemploi des cartons, réflexion sur l’utilisation de papiers cadeaux et de sacs en plastique, installer un compost, réduction des quantités de marchandises pilonnées et retournées, proposition de livres d’occasion…
- Clients : développement d’un rayon thématique, création de tables et vitrines engagées…
- Transports et commandes : programmation de moins de livraisons, développement d’un circuit court…
- Numérique : limitation de l’impact écologique de son matériel, de ses mailings et de sa communication…
- Management : formation des équipes, nomination d’une personne référente, adoption d’une charte…
Ces actions ont différents niveaux de faisabilité, de coût et de répercussion. Les professionnels concernés peuvent ainsi y piocher des idées et agir en fonction de leur réalité sociale, économique ou géographique.
Pour réaliser cette étude, les deux chercheurs ont choisi une définition large : « les acteurs de la vente de livres », qui englobe les différentes pratiques du métier à travers le monde. Cela comprend donc aussi bien les indépendants que les chaînes.
Fanny Valembois et David Piovesan ont travaillé à partir d’analyses de données, d’entretiens et de rencontres, effectués dans une dizaine de pays. Plus de 50 acteurs sont cités.
Plusieurs d’entre eux témoignent d’initiatives déjà en place. Par exemple :
- La librairie Les Lisières (Villeneuve d’Ascq, France) récupère des tissus auprès de ses clients pour confectionner des coupons qui remplacent le papier cadeau.
- La librairie Thalia (Nuremberg , Allemagne) reçoit ses livraisons quotidiennes dans de grandes boîtes en plastique ouvertes, qui sont reprises et réutilisées par le transporteur.
- La librairie l’Armitière (Rouen, France) permet aux détenteurs de sa carte de fidélité de ramener les ouvrages (parmi une sélection) qu’ils ont lus et achetés depuis moins de deux mois et qui sont en parfait état. Repris 35 % de leur prix neuf, ils sont ensuite remis en rayon à 80 % du prix de vente initial.
- La librairie Always Here Bookstore (Portland, USA) apporte gratuitement en vélo leurs achats à ses acquéreurs dans le centre-ville de Portland.
Les libraires ne peuvent pas relever à eux seuls tous les défis écologiques, mais ils peuvent participer au changement par leurs engagements. Fanny Valembois et David Piovesan sont fermement convaincus que « l’adoption de pratiques plus durables peut et doit se faire simultanément à plusieurs niveaux, et que si la vente de livres fait partie du problème, elle fait également partie de la solution », surtout si elle résulte d’une coopération de l’ensemble du secteur.
Ce rapport, qui se lit comme un guide pratique, est un point de départ ambitieux et inspirant pour les commerçants d’ici et d’ailleurs.