Festivals et salons du livre : les premiers états généraux

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Organisé sous l’impulsion de la Société française des intérêts des auteurs de l’écrit (Sofia) en partenariat avec, notamment, la Fédération interrégionale du livre et de la lecture (Fill), ce rendez-vous inédit a eu lieu à la Maison de la poésie, à Paris, les 16 et 17 mars 2023. L’occasion de passer en revue les problématiques des petits comme des grands événements.

Ces deux jours de rencontres et de débats ont permis de réunir l’ensemble des acteurs de la vie littéraire en France et de mettre en avant la qualité et la diversité du maillage des manifestations. Leur importance, tant pour la diffusion des ouvrages et le développement de la lecture et des publics, que pour l’économie locale et pour toute la filière du livre, a été soulignée. Un moment qui a également servi à s’interroger sur leur fragilité financière, les conditions de leur pérennité ainsi que sur l’évolution souhaitée ou inéluctable de leurs modèles actuels.

Les rediffusions des échanges du jeudi 16 mars et du vendredi 17 mars sont disponibles sur la chaîne YouTube de la Sofia. Vous y trouverez notamment, après les discours d’ouverture et d’usage, l’intervention (à 1h49) remarquée et remarquable, de l’autrice Valentine Gobi à propos des salons du livre et de la rencontre avec son public.

Invité à participer, Emmanuel Négrier, chercheur au CNRS et auteur d’une étude qui a débuté en 2018 sur l’ensemble des disciplines culturelles concernées par la “festivalisation”, a dévoilé quelques données :

  • Les festivals littéraires sont plutôt récents : moins de 10 ans. Une tendance observable dans toutes les régions.
  • 12 % des événements organisés en France (7 000 au total) sont des festivals littéraires.
  • 14 % ont lieu en été. Il n’y a plus de saison réservée.
  • Ils occupent la 3e place (en nombre) dans presque toutes les régions et participent ainsi à l’aménagement culturel du territoire. Ils sont particulièrement présents dans les départements ruraux.
  • Pour 70 % des cas, ils comptabilisent moins de 5 000 visiteurs. Les jauges sont plus modestes que dans les autres domaines culturels.

Pour compléter ces résultats, la Sofia a commandé un état des lieux (sur un temps de réalisation très court) au cabinet Axial, représenté par Françoise-Geoffroy Bernard et Mathilde Rimau. Le nombre total de l’échantillon pour ce premier travail est de 1 500 manifestations, avec une forte représentation du sud de la France. On y retrouve des informations identiques comme la nouveauté des rendez-vous et la prédominance des associations en tant que structures organisatrices. Mais également quelques repères qui contribueront aux questionnements et réflexions à venir :

  • Environ 40 % sont généralistes suivis par la jeunesse et les BD/mangas. En 4e position vient souvent la poésie.
  • Environ 90 % des manifestations ont moins de 5 000 visiteurs.
  • La très grande majorité dispose d’un budget inférieur à 20 000 euros.
  • Le nombre moyen d’auteurs invités est de 20 à 30.
  • Environ 75 % des organisateurs rémunèrent les auteurs pour les ateliers ou les rencontres.

Quatre tables rondes ont été l’occasion d’évoquer les notions suivantes :

  • La diversité des festivals dans la forme, le fond et la taille.
  • Le modèle économique.
  • L’avenir, avec une réflexion prospective sur les salons de demain.
  • Les problématiques culturelles, économiques et sociales pour les territoires.

Avec comme objectif que chacun puisse se positionner dans l’écosystème et ainsi, pour la première fois, faire communauté et partager les enjeux politiques pour la défense du livre.

L’Agence régionale du Livre a proposé aux organisateurs de manifestations littéraires de Provence-Alpes-Côte d’Azur de se rendre ensemble à ces premiers états généraux. Une dizaine ont répondu à l’appel, fait connaissance et confronté leurs expériences. Ils se réuniront de nouveau à l’automne prochain, lors du Salon du Livre de Mouans-Sartoux, à l’occasion d’une réunion du réseau régional des organisateurs de manifestations littéraires.