Oplibris : un outil mutualisé pour les éditeurs

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Contrairement aux libraires qui possèdent des outils de gestion complètement intégrés, les éditeurs doivent composer avec de très nombreux outils pour fonctionner (reddition des comptes, gestion des stocks et de la production, relations clients, pilotage de la trésorerie…). Si ce ne sont pas de simples tableurs « faits maison », le coût de l’ensemble de ces solutions peut vite devenir un frein à l’évolution d’une structure. C’est à partir de ces constats qu’Oplibris se construit depuis 2018 et soutient la création d’un logiciel de gestion commun.

« Le projet est né en 2018 dans les Pays-de-Loire à l’initiative d’Albert de Pétigny. Une étude venait d’être menée sur ce territoire et de très forts besoins d’un système Enterprise resource planning (ERP) pas cher et inclusif ressortaient. L’idée principale était de s’appuyer sur un outil libre préexistant et de le développer spécifiquement pour les éditeurs. Mais cela coûtait très cher, explique Patrick Cova, coordinateur de l’initiative. Lors des premières Assises nationales de l’édition indépendante, nous avons été étonnés de voir l’enthousiasme que cela suscitait. La concentration toujours plus forte du secteur, la prochaine obligation de reddition des comptes semestrielle, l’importance croissante d’une localisation toujours plus fine des stocks pour les auteurs, le besoin de plus de réactivité dans les flux de commandes, tout ça oblige aujourd’hui les éditeurs indépendants à quitter un modèle parfois artisanal pour se doter de méthodes professionnelles. Ce n’est pas perdre sa liberté que de chercher à gagner en productivité ».
Impulsés par la jeune Fédération des éditions indépendantes, les premiers développements sont aidés financièrement par la Sofia, le Centre national du livre ou bien encore la région Occitanie.

Trois phases de travail sont prévues. La première version sera prête en décembre 2024. Elle permettra ainsi aux éditeurs de piloter tous leurs contacts et contrats aussi bien côté auteurs que libraires, de réaliser directement leur dépôt légal et leurs redditions de comptes, d’administrer leurs ventes directes, leur comptabilité, les ressources humaines ou bien encore la partie évènementielle de leur activité. Dans un premier temps, l’outil contribuera aussi à l’anticipation et à la simulation des tirages, prix de vente et points morts, procèdera au référencement, effectuera des campagnes de mailing ou informera les ayants-droits sur différents sujets.
Dans un second temps, viendront s’imbriquer des modules complémentaires : bilan carbone, gestion des prix littéraires, des services de presse, des animations et des cessions de droits, vie du catalogue, facturation électronique…
Parallèlement, dans un troisième temps, la structure Oplibris étendra progressivement son champ de services. « Une petite structure n’a souvent pas les moyens – quand elle en a besoin - de faire appel à un juriste, d’avoir un chef de fabrication ou bien encore quelqu’un capable de gérer une cession de droits. Nous mettrons donc à disposition de nos confrères, des spécialistes de ces questions », indique Patrick Cova. L’outil devrait aussi favoriser, à terme (et uniquement pour ceux qui l’accepteront), le rassemblement des données des membres de la communauté tant côté économique (CA, marge, rentabilité, poids des catalogues, fréquence de publications) que sociologique (politique d’animations, emplois, pratiques écologiques, etc.). Il contribuera ainsi à la constitution d’un réel observatoire de l’édition indépendante.

Le 19 juillet 2024, après une période de 7 mois de levée de fonds, une Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) voit le jour.
Ainsi, 79 actionnaires ont fait le choix de lui donner vie en entrant au sein de son capital. Éditeurs, libraires, distributeurs, sociétés d’auteur, associations de traducteurs ou organisations professionnelles comme Dilicom, toute la chaîne du livre semble se retrouver et soutenir la création d’un logiciel de gestion commun. L’Assemblée générale constitutive a élu comme président, Albert de Pétigny, des éditions Pourpenser.

Du fait de son organisation coopérative, Oplibris lancera une fois par an une campagne d’ouverture de capital permettant ainsi aux éditeurs ou acteurs de la chaîne du livre intéressés d’intégrer directement un collège composé des membres. Exceptionnellement, la prochaine se fera en décembre 2024.
Pour les structures éditoriales ne souhaitant pas rejoindre la gouvernance de la coopérative, la solution sera proposée avec un droit unique d’entrée de 100 € (dont sont exonérés les sociétaires), puis un abonnement mensuel allant de 56 € par mois à 80,50 € par mois en fonction du niveau de CA de la maison d’édition : « Nous avons choisi de conserver les 4 tranches de chiffres d’affaires présentées dans l’Étude socio-économique dévoilée par la Fedei en février 2023 », précise Patrick Cova.
Des options à choisir à la carte qui se veulent accessibles au plus grand nombre et qui suscitent un engouement certain auprès des futurs utilisateurs.