Patrimoine écrit des bibliothèques : où en est le signalement ?

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Le catalogage des imprimés antérieurs à 1830 ainsi que des manuscrits et des fonds d’archives conservés par les bibliothèques territoriales est une priorité nationale, dont la finalisation est souhaitée pour 2025. Point d’étape sur l’avancement de ce chantier en région Provence-Alpes-Côte d’Azur.

En 2019, le ministère de la Culture a fixé une nouvelle priorité nationale : parachever le signalement de l’ensemble des imprimés antérieurs à 1830 ainsi que des fonds d’archives et des manuscrits conservés par les bibliothèques territoriales. L’outil privilégié pour atteindre cet objectif est l’appel à projets national « Patrimoine écrit » (anciennement « Appel à projets du plan d’action pour le patrimoine écrit » – PAPE), doté jusqu’en 2025 d’un budget dédié.

Mise en place pour fédérer la réponse régionale annuelle à cet appel, la mission Patrimoine écrit de l’Agence régionale du Livre Provence-Alpes-Côte d’Azur a démarré en 2019 par le recensement de ce qu’il restait à cataloguer. Quatre ans après, fin 2023, où en est la région dans ce travail de description de son patrimoine écrit ? L’objectif de finalisation fixé pour 2025 est-il près d’être atteint ?

État des lieux

L’enquête préliminaire menée par la mission Patrimoine écrit portait sur 35 bibliothèques. Parmi les 29 répondantes, 26 conservaient un fonds patrimonial. Bien que constituant un point de référence précieux, le nombre de documents à signaler déterminé à ce moment-là n’est aujourd’hui qu’une base imparfaite pour évaluer l’avancée du projet, les modalités de mesure des fonds ayant changé (date de référence des imprimés anciens passée de 1810 à 1830, utilisation des mètres linéaires pour décompter les manuscrits).
D’autres indicateurs, comme le nombre de structures concernées, peuvent cependant être utilisés. Ainsi, le périmètre d’action de la mission Patrimoine écrit s’est fortement élargi, passant de 26 établissements à 34 aujourd’hui (parmi lesquels 24 ont été intégrés à au moins un des appels à projets du PAPE). Cela est notamment dû à des prises de contact avec ceux qui n’avaient pas répondu à l’enquête de 2019 (par exemple, les médiathèques de Salon-de-Provence et de Saint-Raphaël) ou encore au déplacement de fonds patrimoniaux initialement conservés dans des services d’archives, comme cela a pu être le cas à Briançon, à Tarascon ou, prochainement, à Embrun.

Avancées et reste à faire pour les imprimés antérieurs à 1830…

En 2023, sur les 30 bibliothèques conservant ce type de document, sept ont accueilli un projet du PAPE, ce qui correspond à un total de 8 359 notices bibliographiques et de 14 500 exemplaires reversés dans la base Patrimoine du Catalogue collectif de France (CCFr). Par ailleurs, cinq d’entre elles ont reversé ou mis à jour des notices dans le CCFr en dehors du cadre du PAPE (environ 37 000 notices d’exemplaires), tandis que 22 professionnels de la région ont été formés au catalogage des livres anciens.
Aujourd’hui, le signalement rétrospectif est achevé dans dix bibliothèques, dont cinq doivent faire un versement au CCFr. Pour sept établissements, il est encore en cours : un est en phase d’achèvement, deux sont autonomes et quatre ne rentrent pas directement dans le champ d’action de la mission Patrimoine écrit. Des projets sont programmés ces deux prochaines années à Tarascon, Briançon et Embrun, qui porteront sur 6 800 volumes. Huit structures présentent des données à compléter (une simple mise à jour pour quatre d’entre elles) ou sont dans une situation ne permettant pas le traitement de leur fonds.

… et pour les manuscrits et les fonds d’archives

Sur ce plan, 20 médiathèques ont fait l’objet d’un projet du PAPE entre 2019 et fin 2023. Ce sont ainsi 35 instruments de recherche qui ont été créés pour près de 11 000 composants, tandis que 33 professionnels ont été formés à l’encodage XML-EAD et à l’usage de l’outil TapIR.
Onze d’entre elles ont achevé le catalogage rétrospectif, huit le poursuivent (dont deux ont bientôt fini), cinq présentent encore des collections à traiter, et cinq, des données à vérifier (correspondant à de très petits fonds ou à des fonds d’érudits).


Les points à prendre en compte dans l’organisation du signalement

Plusieurs facteurs peuvent ralentir la mise en place de chantiers de catalogage. Les déménagements et autres travaux en cours contraignent parfois le calendrier des bibliothèques et entraînent des indisponibilités. L’absence d’interlocuteur ou de personnel dédié au fonds, voire la difficulté d’accès aux collections rendent également difficile la préparation des missions. Enfin, ces dernières s’accompagnent nécessairement d’un travail préalable, qu’il s’agisse d’un diagnostic, d’un récolement ou de la définition d’un « plan d’attaque » spécifique à certains types de fonds plus complexes à traiter, comme ceux d’érudits locaux.