Zoom sur les calligraphes de la région

Du grec kallos, « beauté », et graphein, « tracer », le terme calligraphie désigne un procédé liant artisanat et sensibilité artistique. Selon les formateurs de l’Institut national des métiers d’art, le calligraphe « recherche l’expressivité dans le tracé de caractères ».

Les calligraphes (dont 80 % sont inscrits à la Maison des Artistes) pratiquent leur art lors de festivals, organisent des ateliers ou des stages et réalisent autant d’œuvres sur libre inspiration que de commandes.

« Des manuscrits des moines aux tags, je voyage depuis plus de trente ans dans le monde des traits et des encres ! »

Sa grand-mère, institutrice, lui transmet le goût des lettres, il devient professeur. Il rencontre nombre d’artistes (poètes, calligraphes, etc.) avant d’affiner son propre style, qui mêle poésie de la langue française et encres abstraites. S’il crée son association Palimpseste (puis Les Ailes du vent) en 1997, il ne quitte l’Éducation nationale qu’en 2000 pour se consacrer pleinement à la calligraphie. Bernard Vanmalle utilise cet art comme un outil très personnel, qui lui permet d’encrer le monde dans lequel nous vivons et de s’y ancrer.

Installé depuis 2018 au village de La Bastidonne (dans le Vaucluse), il y fonde la Maison des calligraphies du monde, à la fois lieu de vie et atelier, mais également site de formation et de résidence d’artistes. Bernard Vanmalle partage son travail entre commandes de particuliers ou d’entreprises, création d’œuvres personnelles et enseignement (à la Maison comme dans des centres sociaux, ou bien en extérieur pour la réalisation de fresques collectives). Il propose régulièrement des stages de poésie et calligraphie. Lancée en 2019, la résidence ouvre ses portes aux traditions calligraphiques du monde, avec pour objectif de produire des œuvres contemporaines. C’est Tamir Samandbadraa Purev, calligraphe mongol, qui l’inaugure, suivi du calligraphe arabe Abdallah Akar et de la poète Albertine Benedetto en 2020, puis du poète Amir Or et du calligraphe Frank Lalou en 2021. En 2022, ce sont la calligraphe Denise Lach et la poète Claude Ber qui seront reçues.

« Arriver à stopper le flux incessant des idées et des informations, se concentrer, trouver l’Énergie, la lâcher grâce au Souffle et enfin… laisser une Trace ! »

Cécile Pierre, installée à côté d’Avignon depuis 2017, se définit comme calligraphe, peintre et photographe. Elle se lance en calligraphie à la fin des années 1990, après sa rencontre avec plusieurs grands calligraphes. Inspirées par la nature et ses lectures (Andrée Chedid, Emily Dickinson, mais aussi les haïkus japonais), ses méthodes de travail sont multiples : encre de Chine, empreintes sur papier de végétaux récoltés lors de balades, développement des photos prises lors de ses marches, rédaction de haïkus ou de simples phrases qu’elle finit par calligraphier.

De la calligraphie latine historique à la contemporaine, en passant par la gestuelle et ses propres écritures, le souffle, le rythme et la poésie sont essentielles à ses créations. Cécile Pierre anime des ateliers hebdomadaires à Avignon ainsi que des stages de découverte notamment avec les associations D’or et de pigments et Avignon Passion d’art.

« La calligraphie, et surtout la calligraphie arabe, est une philosophie du graphe. »

Passionné de lettres depuis sa découverte de l’écriture lors de son enfance au Maroc, Frank Lalou est un artiste calligraphe qui expose depuis trente ans dans les musées, les bibliothèques, ou encore en pleine nature (désert, jardins, etc.). Depuis 1985, il travaille essentiellement sur toile, mais il utilise également des supports tels que le bois, le vitrail, les bijoux, la nature (sable, éléments végétaux, etc.), voire des matériaux du bâtiment dans le cadre de projets architecturaux.

Il fait de la calligraphie un art graphique au service de textes sacrés ou poétiques, mais également une méditation en mouvement, par le corps. S’il s’oriente vers l’hébreu et les textes bibliques depuis les années 1990, sa technique reste très influencée par les arts du Japon. Installé dans les Alpes-Maritimes depuis 2013, il publie de nombreux livres en plus des stages qu’il organise dans le monde entier.

« L’unique trait qui forme “Un”; à l’horizontale marque la séparation entre le Yin et Yang, entre la terre et le ciel… Ce trait fait naître ainsi une civilisation où la peinture, la poésie et la calligraphie ne font qu’un. »

Artiste contemporain, Ji Dahai apprend la calligraphie auprès de son grand-père et la peinture avec l’artiste Lai Shaoqi pendant sa jeunesse en Chine. Après des études de français à l’université de Beiwai, il s’installe en Provence en 2006, où il enseigne la calligraphie. En 2005, il part sur les chemins de Compostelle et publie à son retour son premier carnet de voyage (Un artiste chinois pèlerin de l’art sur les chemins de Compostelle, Ouest-France), qui sera suivi d’autres publications.

Président de l’association Bambou pourpre et du centre culturel Provence-Chine, il ouvre en 2010 une résidence d’artistes chinois en Provence.

« Ce que j’écris et peins. Ce que je peins écrit. »

Peintre calligraphe français né au Maroc, Tarek Benaoum est captivé par le graffiti depuis les années 1990. Il commence par bomber des murs avant de découvrir la calligraphie, qu’il considère comme une continuité de sa passion pour l’écriture. Il se forme quatre ans durant au Scriptorium de Toulouse, et aussi auprès de professeurs renommés. Il continue de s’exprimer dans des lieux publics, avec des peintures murales, des sols calligraphiés ou des constructions d’immeubles…

Expositions, fresques, commandes privées et édition d’ouvrages : Tarek Benaoum s’affirme en revisitant les codes de la calligraphie, qu’il fait sienne, mélangeant, étirant, superposant les lettres et les mots.

Cette liste est pour l’heure non exhaustive et sera complétée au fur et à mesure des informations reçues.