Fédérer autour d'un projet

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Raphaële Fier partage une réflexion sur l’EAC à partir de ses propres expériences.

Raphaële Frier publie depuis 2009 chez plusieurs éditeurs jeunesse comme rue du monde, Thierry Magnier, Talents hauts, l’Atelier du poisson soluble, Le port a jauni, à pas de loups, le rouergue, Sarbacane. Il s’agit d’albums, de romans, de poèmes.

En 2018, son album Le Tracas de Blaise a reçu la pépite d’or du Salon du Livre et de la Presse Jeunesse de Montreuil. Depuis, elle monte et joue des spectacles musicaux (parfois dessinés) autour de ses livres, avec le duo Aimee LesPierres. Elle anime aussi des ateliers d’écriture auprès d’enfants, d’adolescents ou d’adultes à l’école, à l’hôpital, sur les festivals…

Un dispositif permettant aux élèves de rencontrer des artistes avec lesquels ils mènent des projets artistiques.

J’ai mené des ateliers d’écriture, parfois en lien avec d’autres artistes (Benoît Guillaume, Hélène Georges aux images, Richard Gérard à la musique) et certaines de mes lectures musicales dans des établissements ont été financées par l’EAC.

Assurément. Je pense qu’il est essentiel que les jeunes aient la possibilité de rencontrer des artistes dont c’est le métier de créer.

Parce que c’est le moyen pour les jeunes de sortir le livre et la lecture de leur image « scolaire ». De prendre conscience (si ce n’est pas déjà le cas) que lire et écrire rendent libre, heureux, multiple, plus fort…

Parce qu’en tant qu’artistes, ils sont les mieux placés pour cela. Et parce qu’en les rencontrant, en créant avec eux, les jeunes prennent conscience que les autrices et les auteurs ne sont pas tous morts, qu’ils exercent un vrai métier, que la littérature fait partie de la vie et pas seulement des manuels et des programmes scolaires !

Elle rapproche les premiers et les derniers maillons de la chaîne du livre, elle rassemble et fédère autour de projets. Elle ouvre l’esprit des élèves, leur donne confiance aussi, leur permet de croire que la création appartient à tout le monde, de réaliser que les autrices et les auteurs, comme eux, ont d’abord écrit sur des cahiers d’école ou des carnets bricolés pendant l’enfance, que ces dernier.es font aussi des brouillons, des ratés, qu’il leur arrive de passer par des phases de découragement mais que l’aboutissement d’un projet artistique est si savoureux que les efforts et les doutes valent la peine d’être vécus.
Le retour des enseignants est chaque fois le même : ils nous avouent le plaisir qu’ils prennent à ces échanges et temps de création, que ces moments représentent des fenêtres ouvertes sur le monde, qu’ils sont heureux de découvrir et de partager ce temps précieux avec leurs élèves.
Enfin, les projets d’EAC sont l’occasion pour les artistes d’impliquer leur lectorat dans un projet créatif, ce qui les change des rencontres classiques, souvent autour de questions répétitives. Je repars systématiquement de ces ateliers avec le sentiment que quelque chose a germé chez certains des participants, une foi en l’écriture, un attrait nouveau pour la lecture, une confiance naissante, une énergie pour aller plus loin, une envie soudaine de se projeter dans l’art et la culture.

Peut-être le projet de réalisation d’un petit film d’animation en peinture, texte et musique à l’IME de la Roque d’Anthéron, dans le cadre de Lecture par Nature, avec Benoît Guillaume, Hélène Georges et Richard Gérard. (Lecture par Nature, 2e édition, 2018)