L'influence du numérique sur le rapport à l'écrit

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Nicolas Tardy, spécialisé dans les nouvelles formes d'écriture numérique, partage ses pratiques d'auteur intervenant.

Crédit : Mériol Lehmann

Né en 1970, Nicolas Tardy réside aujourd’hui à Marseille. Après des études en art et multimédia, il se consacre uniquement à l’écriture poétique. Il anime, depuis 23 ans, des ateliers d’écriture, numériques ou non, auprès de divers publics, des workshops d’écriture en écoles d’art, des masterclass, des formations auprès d’enseignants et de bibliothécaires sur la poésie contemporaine et l’écriture numérique. Depuis 2 ans, il est chargé d’enseignement des écritures numériques auprès d’étudiants de licence en parcours Écritures, à Aix-Marseille Université.

Il codirige, avec Caroline Scherb les éditions Contre-mur et l’association Calopsitte. Elle a pour objet de travailler la langue par le biais de l’oral et/ou de l’écrit grâce aux apports du numérique et d’explorer les possibilités que celui-ci offre en lien avec la littérature. Elle associe les compétences de divers intervenants liés au monde de la culture et au monde du numérique afin de réaliser des productions multimédias, fruits d’ateliers animés auprès de divers publics, ou de projets de créations transdisciplinaires, et des actions de médiations littéraires numériques.

L’occasion pour des élèves (et leur enseignants) de rencontrer des acteurs du monde culturel sur des temps longs et de développer ensemble un projet artistique.

Depuis 23 ans, en solo, des ateliers d’écriture qui s’appuient, non pas directement sur mon travail, mais sur mes centres d’intérêt en tant qu’auteur : présentation de poètes contemporains et leurs techniques d’écriture ; la question du montage dans l’écriture ; l’utlisation d’images comme impulsion pour écrire ; le rapport entre l’écrit et l’oralité ; l’influence du numérique sur notre perception du monde et notre rapport à l’écrit ; etc.
Depuis 5 ans, au sein de l’association Calopsitte, des ateliers associent des auteurs et des artistes pour réaliser des projets collectifs intégrant numérique et écriture : pièces radiophoniques, vidéos, etc.

Oui pour inciter les enseignants à faire participer leurs classes à ce type de projets qui deviennent des moments forts dans la scolarité. Pour apporter aux élèves une ouverture d’esprit et un moyen de débloquer certaines inhibitions.

Afin de développer chez les élèves une approche du monde sensible moins formatée que celle que propose les média mainstream (télé-réalité, blockbusters).

Les auteurs sont le cœur de l’activité littéraire (ils connaissent les secrets de fabrication de leur travail), il est donc normal que ce soit eux qui, dans la mesure du possible, rencontrent les élèves (ou de manière plus générale le public). Il me semble que si l’auteur accepte ce contact avec le public, il peut parfois être intéressant qu’un médiateur le questionne. Cela permet d’une part d’enclencher un dialogue qui pourra ensuite se poursuivre avec des questions du public, et d’autre part, cela peut pousser l’auteur à ne pas reproduire un même discours à chaque rencontre publique.
Bien sûr, si l’auteur ne peut pas être là (décédé, résidant trop loin, etc.) un médiateur peut prendre le relai. Mais je pense que c’est un peu un choix par défaut dans ce cas-là. Par contre, ce qui me semble intéressant, c’est lorsqu’une médiation est construite autour d’une notion ou d’une thématique qui parcourent différentes œuvres.

Les élèves prennent conscience qu’il y a des auteurs vivants et actifs, que la littérature n’appartient pas au domaine du passé. Ils se découvrent en explorant de nouveaux territoires par la réflexion et la pratique. Les enseignants apprennent des pratiques contemporaines auxquelles leurs études leurs ont rarement donné accès. Outre l’aspect financier (qui lorsqu’on connaît la précarité des auteurs n’est pas une chose négligeable), la rencontre avec un public scolaire, permet aux auteurs un retour réflexif sur leur pratique et des échanges exempts de jargon et de références de spécialistes.

Un parmi d’autres. Récent. Après un cycle d’ateliers dans une classe de 4e SEGPA, j’apporte aux élèves leurs productions que j’ai corrigées et saisies et un élève s’exclame : « On a écrit tout ça ! ».