Des repères pour appréhender l'EMI
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L’Éducation aux médias et à l’information (EMI) relève à la fois de la vie civique et culturelle. Elle trouve ses racines dans la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Quels sont donc ses fondements historiques et législatifs ? Quels évènements ont été déclencheurs dans son évolution ? Comment le ministère de la Culture vient-il aujourd’hui renforcer les actions du ministère de l’Éducation nationale, dont l’EMI constituait la prérogative ?
« L’Éducation aux médias et à l’information donne les clés pour exercer son esprit critique sur les productions, les modes d’expression (son, texte, image), les représentations et les publics des médias de masse et des médias sociaux. L’EMI apporte la maîtrise des codes, des langages et des usages médiatiques et numériques à des fins de communication, d’information, de participation et de gestion de communautés. Les valeurs transmises par l’EMI sont celles de la Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen, notamment la liberté d’expression, la vie privée, la dignité de la personne, la sûreté, la participation et l’éducation. Ces valeurs posent les bases de la citoyenneté médiatique et numérique. »
Déclaration lors la journée d’étude “Éducation aux médias et à l’information en bibliothèque” organisée conjointement par le ministère de la Culture (Direction générale des médias et des industries culturelles - Service du livre et de la lecture) et par la Bibliothèque publique d’information, le 27 novembre 2018 au Centre Pompidou.
L’Éducation aux médias et à l’information (EMI) arrive en France de manière fracassante à la suite des attentats qui frappent la rédaction du journal satirique Charlie Hebdo, à Paris en 2015. Il y aura vraiment un avant et un après. L’EMI s’inscrit alors dans la “loi de refondation de l’école” mise en place à la rentrée des classes 2015.
Depuis lors, le ministère de la Culture a souhaité renforcer et développer les actions d’Éducation aux médias et à l’information, prioritairement à destination des publics jeunes. Cet engagement s’est notamment traduit par :
- un renforcement des crédits déconcentrés du programme “Transmission des savoirs et démocratisation de la culture” susceptibles de financer des projets dans ce domaine,
- et la signature d’une convention avec le ministère de l’Éducation nationale et le Centre de liaison de l’enseignement et des médias d’information (CLEMI).
Les réflexions sur l’EMI sont toutefois bien plus anciennes. Dès 1982, des chercheurs et professionnels de l’éducation et de la communication issus de 19 pays lancent le premier appel en vue de construire des programmes d’éducation intégrant les connaissances, techniques et attitudes qui développent sens critique et compétences propres à l’utilisation de plus en plus importante des médias électroniques ou imprimés. Cet appel est formalisé dans la déclaration de Grünewald (1982).
L’Unesco propose cinq lois de l'Éducation aux médias et à l'information , qui s’inspirent des cinq lois de la bibliothéconomie développées par S. R. Ranganathan en 1931. Les cinq lois de la “Media and Information Literacy” (MIL), que nous reproduisons ici, servent de guide - tout comme d’autres ressources de l’Unesco - pour les acteurs impliqués dans la mise en œuvre de l’EMI sous tous ses aspects.
En 2015, le ministère de la Culture et de la Communication développe de nouveaux axes de politiques publiques autour de l’Éducation aux médias et à l’information (EMI).
L’enjeu politique est considérable dans un contexte de développement du numérique qui bouleverse le paysage et l’équilibre des médias, modifie les usages et les pratiques des citoyens, jusqu’à parfois déséquilibrer les bases de la démocratie. À la fois conçus comme réponses à un besoin de la société et comme outils d’accompagnement de ces transformations majeures, les nouveaux dispositifs d’EMI ont été mis en œuvre en complément de ceux déjà existants, jusqu’ici pilotés par le ministère de l’Éducation.
Les projets d’EMI en bibliothèque permettent d’expérimenter et d’accompagner le développement d’une toute nouvelle relation de l’information et des médias à la société. Par des résidences de journalistes - construites selon le modèle des résidences d’artistes - ou encore le développement de ressources et publications spécialisées, les structures culturelles et éducatives portent une relation plus inclusive à l’EMI.
Le cadrage de cette politique a été fixé en 2015 et prend la forme d’une convention signée par le ministère de la Culture et de la Communication, le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et le réseau Canopé/CLEMI.