Mettre en place une action de médiation littéraire

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Un projet de médiation a pour spécificité d’être construit à partir d’une œuvre et de permettre à chacun de la découvrir et de se l’approprier.
Trois étapes sont fondamentales pour élaborer une action de médiation. Elles s’inscrivent naturellement dans la méthodologie de projet culturel.

Illustration de Renaud Perrin

© Renaud Perrin

1. Appréhender l’œuvre

Le médiateur doit explorer l’œuvre, s’y confronter, c’est-à-dire saisir ce qui la constitue d’un point de vue formel, esthétique, thématique. Il part de sa propre compréhension et réception.

Pour lire et décrire l’œuvre, comprendre ses émotions, il peut utiliser par exemple la méthode Molino, ou s’inspirer du jeu Tous les chemins mènent à l’œuvre. Un jeu pour parler d’art contemporain créé par le Laboratoire des Médiations en Art Contemporain Occitanie1.
La recherche documentaire, les associations d’idées, la recontextualisation de l’œuvre pourront également renforcer et nourrir sa réception, analyser et prolonger ses sensations.

Cette démarche initiale permettra de construire un discours sur l’œuvre, c’est-à-dire de déterminer quelle question est au cœur de l’action de médiation. Elle facilitera ainsi la rédaction du projet, la constitution de dossiers pédagogiques et culturels. Il en découlera également un mode d’intervention et un dispositif adéquat à mettre en place.

2. État des lieux

Un projet de médiation s’inscrit toujours dans un contexte. Ce contexte est d’abord celui de la structure porteuse à un instant donné, avec ses moyens humains, financiers, logistiques et ses capacités d’accueil (équipe, locaux, calendrier), les enjeux et les objectifs liés au projet.

Il faut ensuite repérer les spécificités culturelles, sociales et géographiques du territoire de l’action. Afin de créer une dynamique, il est conseillé d’explorer les possibles du territoire, d’impliquer d’autres acteurs locaux, des acteurs de la chaîne du livre notamment, et de référencer les ressources existantes. Ce que vous aurez pu tirer comme lignes de force de l’œuvre conduira vos recherches de partenariats favorisant la cohérence de votre action tout en renforçant son ancrage, et vous aidera à choisir le public visé en lien avec l’œuvre de départ.

Il est possible que le choix du public soit préalable à la sélection de l’œuvre ou imposé par les enjeux et les objectifs de la structure porteuse. Quoi qu’il en soit, il est préconisé de se renseigner sur le public concerné : s’interroger sur son environnement social, familial et culturel, son niveau scolaire et ses acquis (développement de la psychomotricité pour les enfants, rapport au langage et à la langue), ses habitudes culturelles (rapport à la lecture et autres pratiques), et ses attentes.

Si la médiation se fait en groupe, des informations doivent être réunies sur sa constitution : nombre de personnes, homogénéité ou au contraire hétérogénéité des générations, des typologies sociales et culturelles.

3. Imaginer un dispositif   

Le dispositif de médiation doit donc être
1/ en cohérence avec l’œuvre de départ
2/ approprié à la situation et aux personnes participantes.

Ce dispositif suscite l’expérience artistique et culturelle des participants. Il permet à chacun d’être disponible à l’œuvre, de lui ouvrir ses sens. Il encourage à réfléchir individuellement et collectivement. Il incite à développer ses arguments, invite à partager le ressenti et à apporter ses connaissances au groupe. Ainsi, la circulation de la parole, l’expression, la participation active, voire l’implication, les liens qui se tissent dans un groupe font la réussite de la médiation.

L’action peut mettre en jeu la lecture, l’écriture, l’adaptation d’un genre à un autre, l’illustration…, prendre des formes très variées et hybrides :

  • en médiation directe (des ateliers a/ d’échanges et de critique autour des œuvres, b/ de philosophie, c/ de pratique, d/ de création, e/ de programmation ; ou encore des rencontres, lectures, performances, jeux, visites…),
  • en médiation indirecte (ateliers ou jeux en ligne, bornes interactives, livret-jeu ou pédagogique…).

Outre le médiateur, les différents acteurs de la chaîne du livre peuvent être sollicités.

L’étape suivante précise les modalités de mise en œuvre de votre action (calendrier, lieux, outils, mobilisation et implication des participants, forme/type d’action, intervenants, nombre de séances, durée et régularité, déroulé du projet). On peut construire un scénario ou déroulé des séances sans oublier que celui-ci est un appui et peut être amené à être remis en cause sur le terrain.

À noter que la médiation culturelle valorise le processus plutôt que la réalisation finale.
Cependant, une restitution peut être envisagée. Elle est parfois nécessaire pour le groupe qui s’est constitué et permet ainsi à chacun de partager son expérience.