Enquête : être un auteur auto-édité, pourquoi ? comment ?

Publié le

Profils, motivations, pratiques, contraintes, besoins… Afin d’en savoir plus, l’Agence régionale du Livre a adressé en 2019 un questionnaire aux auteurs auto-édités. Ce questionnaire a été diffusé via des plateformes d’auto-édition et des groupes Facebook, et envoyé aux auteurs de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur recensés par l’Agence. 304 auteurs auto-édités ont répondu à cette enquête. Un panel qui comprend :

  • 25 % d'auteurs résidant en Provence-Alpes-Côte d'Azur et 23 % en Île-de-France ;
  • environ 60 % d'auteurs âgés de plus de 35 ans ;
  • 56 % de femmes et 44 % d'hommes.

Activités professionnelles

L’écriture n’est généralement pas l’activité principale des auteurs auto-édités, dont les salaires et retraites constituent les principales sources de revenus.

Les hommes sont majoritairement issus de deux catégories socio-professionnelles : cadres et professions intellectuelles supérieures (47 %) et retraités (24 %). Chez les femmes, trois catégories dominent : cadres et professions intellectuelles supérieures (49 %), employés (24 %) et retraités (10 %).

Ces auteurs possèdent parfois une expérience de la chaîne du livre puisque 33 % d’entre eux ont déjà été publiés à compte d’éditeur.

Aspects juridiques

Pour publier leurs ouvrages, les auteurs auto-édités font appel aux services de prestataires qui sont généralement des plateformes numériques (KDP, Librinova, Iggybook, etc.), sans toujours bien connaître les conditions générales d’utilisation. Par exemple, 57 % affirment ne pas avoir de contrat avec leur prestataire, ou ne pas savoir s’ils en ont un (alors que ces contrats sont généralement inclus dans l’utilisation de la plateforme).

Parallèlement se pose la question de la forme juridique, la plupart des auteurs auto-édités ne relevant pas d’une structure juridique (entreprise ou association). Or sans cela, ils ne peuvent légalement pas facturer leurs livres auprès des points de vente. Les plateformes se chargent-elles toujours de réaliser la facturation ? C’est probablement le cas lorsqu’il s’agit de ventes internes aux plateformes, mais pas pour des ventes en librairies ou salons du livre.

Quant aux auteurs s’étant structurés juridiquement, 62 % d’entre eux ont choisi la micro-entreprise.

Motivations & pratiques

S’il arrive que l’auto-édition soit un véritable choix (12 % des répondants), le recours à cette pratique fait le plus souvent suite aux refus de publication par les éditeurs.

Pour de futures publications, plus de la moitié des auteurs auto-édités préfèreraient se tourner vers l’édition à compte d’éditeur.

Les genres littéraires pratiqués par les auteurs auto-édités sont multiples : roman/nouvelle (29 % des réponses), littérature (14 %), fantastique/science-fiction (10 %), polar/roman noir (10 %), biographie/témoignage (6 %), jeunesse (6 %), poésie (4 %).

La majorité des auteurs auto-édités (78 %) proposent leurs ouvrages en offre “bundle”, c’est-à-dire au format papier et numérique.

70 % des auteurs auto-édités choisissent de recourir à l’impression à la demande pour leurs livres papier, ce qui leur évite les problèmes de stockage et de gestion des flux logistiques d’envoi et de retour.

Si 71 % des auteurs auto-édités affirment que leurs livres sont référencés, 23 % ne savent pas si tel est le cas. Une partie des auteurs délègue donc cette tâche sans savoir si le travail est réellement fait.

La promotion, dont les auteurs auto-édités s’occupent généralement seuls, représente une part conséquente de leur travail (57 % des répondants). Elle se fait d’abord en ligne (réseaux sociaux, blogs…), puis dans les manifestations littéraires et en librairie.

Les auteurs auto-édités délèguent volontiers d’autres tâches telles que la fabrication, la distribution/diffusion et la correction.

Volume des ventes & diffusion

Par rapport à celui de l’édition traditionnelle, le volume des ventes de livres auto-édités reste minime. Seuls quelques auteurs auto-édités arrivent à tirer leur épingle du jeu en trouvant un lectorat (ventes supérieures ou égales à 5 000 exemplaires, ce qui correspond à la moyenne des ventes de l’édition traditionnelle).

Pour les hommes, la médiane du nombre d’exemplaires papier vendus est de 100, contre 60 chez les femmes. Pour les livres numériques, le rapport s’inverse : la médiane du nombre d’exemplaires est de 50 exemplaires chez les femmes, contre 22,5 chez les hommes.

Les auteurs sont en revanche gagnants quant aux droits d’auteurs qui leur reviennent : en moyenne, ils sont équivalents à 50 % du prix de vente.

Quant aux lieux de diffusion et de vente, les librairies sont en tête (30 % des répondants) devant les plateformes de vente en ligne (24 %). Viennent ensuite les salons du livre, les réseaux sociaux et les sites personnels des auteurs.

Avantages & inconvénients

Pour ces auteurs, l’auto-édition présente plusieurs avantages : l’autonomie et la rapidité de publication, mais aussi la possession de l’intégralité des droits d’auteur. Cette forme d’édition répond notamment à un besoin de contrôle de la part des auteurs.

Quant aux inconvénients de l’auto-édition, les auteurs évoquent d’abord le fait de se sentir moins légitimes dans leur statut d’auteur que les auteurs publiés à compte d’éditeur. La difficulté à intégrer largement le réseau des librairies et bibliothèques représente également un inconvénient majeur. Enfin, l’isolement et la masse de travail sont également cités.

Économie & rentabilité

Environ 45 % des auteurs auto-édités estiment que leur activité est rentable, tandis que 11 % déclarent ne pas savoir si elle l’est.

Ce qui semble compter le plus pour les auteurs auto-édités, c’est de pouvoir publier les textes qui leur tiennent à cœur - et ce quel que soient le prix et la rentabilité de cette activité.