Témoignages d'auteurs

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Autant d’auteurs auto-édités, autant de pratiques et de situations !
À travers leurs récits d’expérience, cinq auteurs de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur - Pierre Gaulon, Stéphane de Caneva, Julia Galindo, Laurent Sieurac et Mélina Kehayan - témoignent de cette diversité.


Pierre Gaulon

« J’ai choisi […] d’être un auteur hybride »

Depuis 2013, j’ai publié 12 livres à compte d’éditeur dans différents genres (jeunesse, thriller, fantasy, fantastique…) et distribués par de nombreux groupes (Hachette, Sodis, Dilisco, Harmonia mundi…). J’ai donc une forte expérience de l’édition classique, et certains points dans cette dernière ne me plaisaient pas comme le manque de transparence des comptes ainsi que le manque de promotion apportée à mes titres.

J’ai donc choisi dans un premier temps d’être un auteur “hybride”, en récupérant les droits numériques de mes 4 premiers thrillers afin de les mettre en ligne, mais de laisser aux éditeurs les ouvrages papier. J’ai choisi la plateforme Amazon car celle-ci met en place un système novateur qui permet le prêt d’ouvrage à la manière d’un “Netflix du livre”. Le résultat est que j’ai touché autant de lecteurs avec ces 4 titres en numérique que sur l’ensemble de mes 12 romans publiés chez les éditeurs.

J’ai donc décidé de continuer cette expérience en tant qu’auteur “hybride”. La difficulté première de cette expérience est d’ordre administrative, toutes nos redevances devant être déclarées à l’Urssaf et le métier étant loin d’être clair pour les instances administratives…

Pierre Gaulon (Pélissanne)



Stéphane De Caneva

« J’ai utilisé le financement participatif, [dont] le lien très concret tissé avec les lecteurs est l’une des principales composantes »

En tant qu’auteur de BD, je travaille avec des éditeurs traditionnels et j’auto-édite en parallèle la série 100 milliards d’immortels. J’ai pour cela utilisé le  financement participatif , dans le but de proposer, et de vivre, une expérience alternative par rapport à l’édition classique. Le lien très concret tissé avec les lecteurs est l’une de ses principales composantes. Ils sont présents dès l’amorce du projet, une interaction qui se poursuivra pendant le développement du livre, jusqu’au verdict final lors de la livraison. De mon coté, cette approche me permet de revenir à un certain artisanat. Je ne me contente plus seulement de la partie créative, mais aussi de l’aspect promotion, animation, conception des contreparties, suivi de fabrication, expéditions. La seule partie sous-traitée est l’impression, confiée à divers prestataires. Cette démarche me permet aussi d’avoir un contrôle total sur mon univers et de proposer des parti-pris parfois plus singuliers (comics de 22 pages, noir et blanc, format anthologique)

J’envisage maintenant de déléguer la vie post-campagne de ces livres à un éditeur classique, qui pourra mieux que moi gérer la diffusion et la distribution. 

L’aspect “micro-édition” des projets dont je parle me passionne, mais j’avoue ne pas être très motivé par la gestion du stade suivant, la diffusion/distribution dans le circuit classique des librairies. Tout d’abord parce qu’il s’agit d’un métier bien différent, que je maîtrise mal, ensuite parce que la partie création de mes projets est déjà entièrement financée par les campagnes de crowdfunding, et que je n’ai donc, financièrement, pas besoin d’investir dans cette diffusion. C’est donc un aspect que je délaisse (probablement à tort), pour l’instant.

L’une des solutions potentielles serait une collaboration avec un éditeur classique, ou une structure à définir (une coopérative d’auteurs indépendants ?), en mesure de prendre le relais sur cette partie.

Stéphane de Caneva (Marseille)


« La promotion d’un roman auto-édité est un vrai parcours du combattant »

Voici mon retour d’expérience sur la publication de mon premier roman RéValité en auto-édition :

Quand j’ai commencé RéValité, j’avais juste une histoire qui me trottait dans la tête que je voulais mettre par écrit pour voir où elle m’emmènerait. Je ne comptais pas la rendre publique. J’ai fini par sortir de ma zone de confort, mais pas trop, en faisant lire le début à ma meilleure amie. Elle a adoré et trouvé que j’étais dans la moyenne haute de ce qu’elle lisait sur Kindle Unlimited. J’ai donc commencé à envisager de publier mon livre.

Je lis moi aussi des auto-édités, c’est donc naturellement que je me suis tournée vers l’auto-édition. KDP était pour moi incontournable, mais étant de nature indépendante, j’ai cherché d’autres plateformes pour ne pas être que sur Amazon.

Je n’avais besoin que d’un service d’impression à la demande et de la diffusion auprès des principaux distributeurs. J’ai fini par opter pour BoD pour son tarif compétitif et son suivi des ventes journalier, et pour Bookelis, en passant par Kobo Writing Life, pour le réseau de distribution Hachette.

Au final, j’ai découvert un vrai business autour de l’auto-édition. La promotion d’un roman auto-édité est un vrai parcours du combattant, mais cette expérience a été très enrichissante et je compte la poursuivre.

Julia Galindo (Valbonne)



Laurent Sieurac

« [L’auto-édition] me permet de faire vivre mon fonds comme aucun éditeur précédent n’a su le faire »

L’auto-édition, une évidence.

Longtemps considérée comme un pis-aller à l’échec d’intégrer une “grande” maison d’édition, elle est depuis quelques années une véritable alternative où la liberté de créer n’est confrontée qu’à la réalité économique du circuit court.

Si j’ai franchi le pas en 2014, en créant ma structure associative 100Bulles, la graine était en gestation depuis 2009, lors de la sortie du premier tome de ma série BD historique Arelate avec Alain Genot. Il aura fallu la faillite de notre éditeur, les refus ou silences de ceux contactés pour que je franchisse le pas.

Conscient que je ne maîtrise pas tous les corps de métier pour la fabrication d’un ouvrage je me suis entouré de professionnels (maquettiste, chargée de production et diffuseur/distributeur) afin de me concentrer sur la création et la promotion de mon travail.

Au final c’est une activité plus conséquente que celle de “simple” auteur mais ô combien gratifiante malgré l’administratif inhérent à celle-ci. Elle me permet de faire vivre mon fonds comme aucun éditeur précédent n’a su le faire car, contrairement à mes confères édités, je n’ai plus la nécessité de produire pour vivre mais simplement de vendre.

Laurent Sieurac (Arles)



Mélina Kehayan

« L’auto-édition s’est imposée comme le compagnon idéal par sa simplicité d’accès »

Biographe, porte-plume, écrivain public… Si les dénominations de mon activité diffèrent au gré des commandes, mon travail répond à un même désir : encourager et accompagner la transmission écrite de la mémoire, de valeurs et de pratiques, à qui en éprouve le désir. Chefs d’entreprises, grandes famille ou simples particuliers, mes clients me sollicitent suivant leur propre initiative, celle de leurs enfants, petits petits-enfants ou collaborateurs.

Quelques questions préalables me permettent de formaliser un devis chiffré et d’estimer précisément la date de livraison : les destinataires du récit, ce qui définit le nombre d’exemplaires à imprimer ; l’échéance, garante de la faisabilité, mais aussi du montant du devis ; le recueil de témoignages tiers ou non ; la nécessité d’effectuer un travail de recherche d’archives.

Pour m’assurer l’engagement de mes clients, les termes de notre accord prévoient un acompte d’un tiers du montant à la commande. Un deuxième tiers est payé à la fin des entretiens, le restant dû, à la livraison, m’évitant d’effectuer des avances de trésorerie pour payer graphiste, relecteurs et imprimeur.

Généralement le nom de l’auteur indiqué sur l’ouvrage, rédigé à la première personne, est celui du récitant qui en a la propriété. Si le client souhaite que je signe l’ouvrage en mon nom propre, je protège mon texte par un copyright. Les ouvrages édités étant rarement commercialisés - et jamais dans les réseaux de distribution classiques - la question du droit d’auteur ne s’est, jusqu’à présent, jamais posée.

L’auto-édition s’est imposée comme le compagnon idéal par sa simplicité d’accès, me permettant de “fabriquer” des livres sans aucune connaissance des professions de l’édition. Armée de ma capacité à chercher des clients, à recueillir des témoignages et à les écrire, accompagnée par une graphiste indépendante, j’ai été en mesure d’éditer des livres dignes de ce nom dès mon lancement dans cette activité de biographe.

Mélina Kehayan (Marseille)