Sondage : comment l'auto-édition est-elle perçue ?
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En 2019, l’Agence a interrogé les éditeurs et les libraires de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, mais aussi des influenceurs et un échantillon ”grand public”, sur leur connaissance et leur perception de l’auto-édition. Les résultats sont à prendre avec précaution, ce sondage ne reposant pas sur une méthode représentative.
Le questionnaire adressé aux éditeurs indépendants de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur portait sur leurs éventuelles pratiques professionnelles liées à l’auto-édition, et sur leur perception de ce phénomène.
Pour les éditeurs, l’auto-édition et le compte d’auteur représentent aussi bien un tabou et une menace qu’une opportunité.
Sur l’ensemble des éditeurs de la région, seuls 12,5 % ont répondu au questionnaire. Parmi les réticents, certains se retranchent derrière une “question insignifiante”, d’autres arguent que l’auto-édition est en dehors de la chaîne du livre, d’autres ne souhaitent tout simplement pas répondre de peur d’être mal considérés.
Parmi les 20 répondants, seuls deux éditeurs déclarent une activité annexe d’auto-édition (qui reste ponctuelle et correspond à de la coédition avec des associations locales). Avec une à deux publications annuelles, cette activité représente environ 2 % de leurs ventes. Ces titres ne sont pas intégrés à leur catalogue ni proposés à leur diffuseur.
À l’exception de ces deux éditeurs, le reste des répondants a une perception plutôt négative de l’auto-édition : prestation de services pour les uns, compassion pour d’autres, ou “désespoir de cause”.
Pourtant nombre de maisons, grandes comme petites, éditant à compte d’éditeur, font aujourd’hui le choix d’accompagner certains auteurs dans leurs démarches d’auto-édition. Les livres ne sont pas inscrits au catalogue, l’auteur paye la mise en page, le graphisme et l’impression auprès de la maison. Privées des tables des librairies du fait de la surproduction des “grands éditeurs”, les maisons d’édition aux trésoreries fragiles cherchent des revenus et ces actes de sous-traitance permettent des entrées rapides, sûres et sans retour ; et soulagent les coûts de production des différentes maisons. Rien de honteux à cela ! Pourquoi laisser ces revenus aux seules plateformes en ligne ?
Notons que quelques éditeurs se disent de plus en plus sollicités par des auteurs qui les contactent après avoir fait l’expérience de l’auto-édition. Résultat : certains auteurs anciennement auto-édités entrent dans le catalogue d’éditeurs traditionnels.
Le questionnaire adressé aux libraires indépendants de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur portait sur leurs éventuelles pratiques professionnelles liées à l’auto-édition, et sur leur perception de ce phénomène.
Si l’écrasante majorité des libraires déclarent avoir déjà lu et/ou acheté des livres auto-édités, l’auto-édition reste une part négligeable ou insignifiante - voire nulle - de leur activité. Elle représente :
- soit moins de 1 % de leur chiffre d’affaires (67 % des réponses) ;
- soit entre 1 % et 5 % de leur chiffre d’affaires (33 % des réponses).
Parmi les livres auto-édités vendus par les libraires, tous les genres littéraires sont représentés (ce qui reflète la diversité des genres produits par les auteurs auto-édités) : régionalisme (13 %), jeunesse (12 %), poésie (12 %), bande dessinée (10 %), littérature (10 %), polar/roman noir (9 %), biographie/témoignage/récit (8 %), arts (7 %), essai (6 %), roman/nouvelle (6 %), fantastique/science-fiction (3 %), livre pratique (2 %), théâtre (1 %).
Précisons que 83 % des libraires fonctionnent en dépôt-vente avec ces auteurs.
Quand on les interroge sur leurs relations avec les auteurs auto-édités, 50 % des libraires les qualifient de “bonnes”, 42 % de “compliquées”. Malgré des expériences mitigées et des relations parfois tendues, 65 % des libraires ont déjà organisé des rencontres/manifestations littéraires dans leurs locaux avec un auteur auto-édité.
Enfin, si les libraires ne considèrent pas l’auto-édition comme une menace pour la librairie ou l’édition, 70 % d’entre eux pensent que leurs fonds ne doivent pas s’ouvrir davantage à l’auto-édition. On constate ainsi un décalage entre l’offre en librairie et les attentes des lecteurs (cf. sondage ci-dessous).
S’ils cherchent à intégrer les réseaux de vente et de distribution traditionnels, les auteurs auto-édités ont encore beaucoup de mal à créer des liens et des partenariats avec les librairies indépendantes. L’auto-édition souffre toujours d’un manque de légitimité aux yeux des libraires qui accordent à l’éditeur traditionnel un gage de qualité et de professionnalisme qu’ils ne pensent pas trouver chez les auto-édités.
En réalité, les libraires craignent surtout l’influence et la forte présence d’entreprises comme Amazon qui dominent la prestation de services aux auteurs auto-édités et s’approprient bien souvent la vente des Œuvres de ce marché.
Comment les influenceurs perçoivent-ils l’auto-édition ? Quels liens développent-ils avec les auteurs auto-édités ? Parmi les 47 blogueurs, instagrameurs et youtubeurs ayant répondu à nos questions, 74 % sont des femmes âgées de 15 à 35 ans.
Avec le développement des réseaux sociaux et des communautés littéraires telles que Bookstagram ou Booktube, les influenceurs du livre entretiennent des relations privilégiées avec les auteurs, éditeurs et lecteurs présents sur le web. Participant à la promotion littéraire, ils suivent et relaient l’actualité éditoriale - dont celle de l’auto-édition - et offrent ainsi à certains auteurs auto-édités une plus grande visibilité (auprès des lecteurs, mais aussi des éditeurs).
Les influenceurs connaissent l’auto-édition et ont, pour 83 % d’entre eux, déjà lu et/ou acheté des ouvrages auto-édités. Ils déclarent les recevoir en cadeau (28 %), se les procurer dans des salons du livre (20 %), sur des plateformes de vente en ligne (25 %) ou en librairie (4 %). 96 % d’entre eux les lisent au format papier.
Parmi les livres auto-édités lus par les influenceurs, les genres littéraires qui prédominent sont science-fiction & fantastique (28 %), roman & nouvelle (16 %), et polar & roman noir (14 %).
Les influenceurs sont habitués à l’auto-édition qu’ils considèrent comme :
- une alternative à l’édition traditionnelle (29 % des réponses) ;
- un moyen de laisser le choix aux écrivains (23 % des réponses) ;
- une solution temporaire pour les écrivains en attendant d’être publiés chez un éditeur (17 %) ;
- une manière de diversifier les formes d’édition (14 %) ;
- une nouvelle forme d’édition (12 %) ;
- une concurrence pour les éditeurs (5 % des réponses).
Notons que 67 % des influenceurs se disent favorables à la présence de livres auto-édités en librairie.
En parallèle de l’enquête réalisée auprès des acteurs du livre, un questionnaire a été adressé au “grand public” afin de connaître la perception de l’auto-édition par des lecteurs et non-lecteurs.
Au total, 161 personnes ont répondu aux questions : un panel plutôt jeune et féminin, habitué à consommer des biens culturels tels que le livre.
Si un tiers des personnes interrogées ont déjà lu des livres auto-édités, un tiers n’en a jamais lu et un tiers affirme ne pas savoir.
Le public achète les livres auto-édités sur les sites des auteurs (20 %), dans des salons du livre (19 %), en librairie (7 %), ou les reçoit en cadeau (17 %). Sa préférence va au format papier (74 %) et aux genres littéraires tels que biographies & récits de vie (13 %), romans & nouvelles (13 %), fantastique & science-fiction (13 %) et bande dessinée (9 %).
61 % des répondants déclarent ne pas lire de livres auto-édités par manque d’occasion, mais 80 % affirment qu’ils en achèteront peut-être un jour. Sans être en demande, ils restent ouverts à ce domaine et pensent même que la librairie devrait laisser plus de place à ces ouvrages (58 % des répondants).