Posture de médiateur, geste de médiation

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Au-delà de la reconnaissance du métier de médiateur, de la place qui lui est donnée dans les institutions et de l’évolution du concept même de médiation culturelle, la médiation est une pratique de terrain, mouvante, qui se construit en expérimentant.
Quatre médiatrices partagent leurs réflexions et reviennent sur leur pratique.

Illustration de  Renaud Perrin

© Renaud Perrin

La dénomination de « médiateur » émerge en 1982 à la Cité des Sciences, et la spécialité « médiation » entre dans les métiers du patrimoine de la fonction publique territoriale à partir de 1984, puis dans les métiers de la fonction publique d’État. Le dispositif « Emplois jeunes », en 1997, permet d’embaucher plus de quinze mille personnes sur des emplois de médiateurs. Mais comme le souligne Marie-Christine Bordeaux, « le plus souvent ceux-ci n’ont de médiateur que le nom. La majorité d’entre eux exercent des fonctions généralistes d’administrateur, ce qui engendre jusqu’à aujourd’hui un effet de brouillage de l’identité professionnelle des médiateurs culturels1 ».

Rapidement émergent des dissensions, certains acteurs socioculturels considérant la médiation (et donc le médiateur) comme un artefact produit par le ministère de la Culture pour servir ses intérêts et continuer à creuser l’écart avec le monde associatif, rejeté du côté de la médiation sociale.

Les médiateurs, durablement situés en bas de l’échelle hiérarchique de la reconnaissance professionnelle, des responsabilités et des revenus dans la culture, estiment ne pas être en mesure de susciter des changements et se trouvent limités au rôle de passeurs d’idées ; cantonnés à des fonctions auxiliaires de la démocratisation culturelle.

« La place est difficile à identifier entre l’action pédagogique, l’action culturelle issue de l’éducation populaire et le marketing qui gagne progressivement l’ensemble des institutions culturelles. À ces conflits s’ajoute une vieille opposition entre les institutions qui travaillent avec des créateurs et des interprètes — médiateurs en quelque sorte entre leurs œuvres et leurs publics (théâtre, musique) — et celles qui mettent les publics face aux œuvres, sans véritables clés pour l’interprétation (beaux-arts, arts plastiques)2. »

De nombreuses formations se mettent en place, les diplômes de médiation culturelle délivrés dans différents cadres disciplinaires (les arts, les sciences du langage, de l’information et de la communication ou l’histoire de l’art), notamment à l’École du Louvre, au CELSA (École des Hautes Études en Sciences de l’Information et de la Communication.), au département de Médiation culturelle de l’Université Sorbonne Nouvelle, à Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, à Rennes 2, à Aix-en-Provence ou au Conservatoire national des arts et métiers CNAM. Tandis que, dans les musées labellisés « Musées de France », la présence d’un « service ayant en charge les actions d’accueil du public, de diffusion, d’animation et de médiation culturelles » est rendue obligatoire par loi du 4 janvier 2002, dite « loi Musée », codifiée en 2004 au code du patrimoine.

On peut se rappeler le programme Médiateur du livre mis en place entre 1998-1999 initié par le ministère de la Culture en collaboration avec le ministère de la Jeunesse et des Sports ; un brevet d’État d’animateur technicien de la Jeunesse et des sports (BEATEP) option Médiateur du livre étant notamment proposé dès l’année scolaire 1997-1998. Il est devenu ensuite en 2001 BPJEPS Action culturelle option Médiateur du livre, option qui a disparu aujourd’hui3.

Le cadre de loi et les diplômes tentent ainsi d’au moins circonscrire une fonction dont la définition demeure au centre de la question de la mise en œuvre des politiques culturelles et de leur champ d’action. Entre théories et modalités concrètes.

« La médiation culturelle s’inscrit au centre de ce qui donne un sens au secteur culturel4». Et se focaliser sur le phénomène de la médiation c’est, comme l’écrit Jean Caune, mettre l’accent sur la relation plutôt que sur l’objet, privilégier la réception plutôt que la diffusion.


Ancienne libraire, Sophie Quetteville se consacre aujourd’hui à l’animation de rencontres littéraires dans plusieurs festivals à travers la France et à l’organisation d’événements et de prix littéraires. Elle intervient auprès de scolaires ou dans des médiathèques, auprès d’un public jeune parfois, adulte souvent, des professionnels du livre ou des lecteurs. En bonne travailleuse indépendante, elle a mille casquettes, une pensée foisonnante, un enthousiasme communicatif et une approche transversale de son métier. Médiatrice culturelle donc.

D’ailleurs quand on lui pose la question, elle le dit d’emblée, si elle a été pendant des années chargée de TD à l’Université Sorbonne Paris, en licence de Médiation culturelle, elle n’est pas certaine de savoir ce qu’englobe exactement le terme de « médiation culturelle ». Si Sophie Quetteville (se) pose plein de questions, elle ne se perd pas dans la théorie. Elle est plutôt dans l’action, l’interaction avant tout. Mais une chose est sûre : quoi qu’elle fasse, le livre est au cœur de tous ses métiers.

Elle qui a d’abord été libraire se voit aujourd’hui encore comme une passeuse, la passeuse d’un texte vers un public, vers des publics. « Même si la plus grande différence entre le travail en librairie et celui de médiatrice, c’est le dialogue avec le public (…). Être passeuse, c’est donner envie de lire, transmettre, communiquer son envie et c’est fondamental. Mais être médiatrice, c’est aussi être facilitatrice de la parole. C’est déclencher la parole. »

Gérer la distribution de la parole pour éviter la frustration, inciter à oser, à formuler, à confronter. Cela exige une grande adaptabilité et un bon sens de l’improvisation. Animer une rencontre littéraire, c’est un peu être « chef d’orchestre sans partition préécrite ». Encore plus quand il s’agit de jeunes lecteurs qui « ne sont pas encore complètement dans le moule, ont moins de filtres, sont plus francs et sont capables de faire preuve d’une créativité dont ils n’ont pas conscience ». L’œil neuf qui s’autorise des choses qu’on ne s’autorise plus, nous adultes qui avons « appris » à lire.

« Pour notre génération, prendre un livre, c’était lutter contre l’ennui. Aujourd’hui, c’est exactement l’inverse. Prendre un livre est a priori synonyme d’ennui. » Les rencontres sont alors aussi une formidable occasion de dépoussiérer l’image du livre, de la lecture et des auteurs.

D’ailleurs, Sophie Quetteville tique quand on lui parle de modération. « C’est marrant, je crois que j’ai toujours détesté le terme, que je n’emploie jamais, d’ailleurs. Sans doute parce que je pense que la littérature a besoin de tout sauf de modération. On est plus là pour l’exaltation. » À ce terme qu’elle trouve tiède, elle préfère celui d’animatrice, « plus vivant », plus horizontal, plus apte à créer du lien, permettant mieux de placer au centre de son exercice cette question : « Comment faire une plus grande place au lecteur ? »

Sophie Quetteville le rappelle, le travail de médiation n’est pas un travail qui se fait seul. C’est une course de fond, mais avec des relais, des réseaux, des équipes, des paroles de métiers qui s’échangent et se nourrissent au quotidien, avec les enseignants, les libraires, les bibliothécaires. On parle d’investissement personnel et d’engagement collectif. D’énergie et de foi.

« Je crois beaucoup à l’utilité de ce que je fais. » Ce métier protéiforme « qui s’invente continuellement ». Elle défend sa vision très « Jeanne d’Arc du livre », une croisade permanente. Et « si on parle de la lecture comme d’une activité solitaire qui fait qu’il y a autant de lectures d’un livre que de lecteurs, la médiation littéraire est justement le moment où on sort de cette solitude pour avoir une parole collective autour d’un texte. Et c’est aussi le moment où on est tous égaux : auteurs, médiathécaires, publics, modérateurs… Ce qui nous lie alors, c’est avant tout qu’on est tous lecteurs ».

« Partout où il y a des enfants. »

Promouvoir le plaisir du livre et de la lecture chez l’enfant (comme chez l’adulte encadrant), telle est la mission que s’est fixée l’association La Forêt en papier depuis 15 ans, à Marseille, souvent dans les quartiers prioritaires. « L’image, le jeu, la créativité, comme des portes d’accès privilégiées à la lecture, le livre comme source de plaisir et d’imaginaire. » Inscrivant totalement ses actions dans la prévention de l’illettrisme, l’association privilégie néanmoins un accès par le plaisir plus que par l’apprentissage. « Cette idée que lire un livre doit avant tout servir à apprendre quelque chose, cette façon d’aborder le livre essentiellement comme un outil d’éducation est un des premiers freins que l’on doit faire tomber, y compris auprès des adultes », constate ainsi Lisa Jacquemin. « À l’origine, j’ai une formation théorique en histoire de l’art, puis en médiation culturelle dans l’art et j’ai d’abord travaillé dans des musées. Et la première chose qui me frappe depuis que je travaille avec la Forêt en papier, dans cette forme spécifique de médiation, est combien le livre permet un accès plus direct à l’art que les musées. »

Dans ces actions, le travail créatif part de l’image ; le développement des compétences de lecteur chez les jeunes enfants étant étroitement lié à la lecture de l’image. Donner corps aux mots, améliorer ses compétences narratives et la compréhension du texte, étoffer son imaginaire, développer son esprit critique en partant de la pratique artistique. Des ateliers pluridisciplinaires et créatifs conçus autour du livre (pop-up, paper toys, album jeunesse…) ou de l’univers d’un auteur. Dans des crèches, des écoles maternelles et primaires, des collèges, des lycées, des centres sociaux, des bibliothèques, des salons du livre ou des festivals, « même dans la rue. Partout où il y a des enfants ». Le livre avant tout comme un objet de rencontre. « Si on arrive à créer le contexte d’écoute — ce qui est notre travail —, il y a chez l’enfant quelque chose de plus immédiat dans le contact. On les embarque plus facilement. »

« La médiation, c’est d’abord une relation humaine. »

Et pour créer ce contact, les ateliers commencent toujours par un moment de lecture à haute voix « pour goûter le plaisir des mots et des images, déclencher l’imaginaire ». La lecture, puis les outils de médiation pour que les enfants puissent entrer dans l’image. Comme cette exposition mobile qui tourne depuis trois ou quatre ans autour de l’univers et du travail d’un illustrateur, proposant des originaux exposés, accessibles. « Ce qui nous permet en plus d’amener du beau dans des endroits un peu malmenés, souvent retranchés de l’art ou de la culture », explique Lisa Jacquemin. De créer l’espace qui permet la rencontre avec l’œuvre. « Je suis encore très souvent surprise par leur sens de l’observation des images, leur capacité à s’en emparer, interpréter et en tirer des histoires, à entrer dans l’imaginaire. Et c’est encore plus vrai quand ils n’ont pas encore appris à lire. » Il faut en revanche leur apprendre à se faire confiance pour renouer avec des pratiques plastiques de moins en moins développées, alors que « tout le monde peut avoir une pratique du dessin ». Il faut faire tomber les barrières. Dépasser le « je ne sais pas faire », arriver à casser les codes, même si les enfants ont moins de représentations de ce qu’ils doivent être que les adultes. Retrouver une immédiateté, sortir des cadres formatant (l’école en premier lieu) trop souvent synonymes de discipline et de hiérarchie. « Retrouver une horizontalité » dans la relation. Avoir du temps, chose à défendre loin de toute notion de rentabilité.

Sans omettre de s’adresser aussi aux adultes qui encadrent les enfants et concourent à créer (ou non) le contexte favorable. Associations, animateurs de centres socioculturels, bibliothécaires. « C’est pourquoi nous organisons aussi des workshops, des formations, avant tout basés sur l’échange de pratiques, basés sur le faire avant la théorie. » Pour créer une culture en commun autour du livre. Et partager. Rappeler que « l’adulte est là pour créer les conditions de la rencontre, penser le contexte et créer le cadre. Il n’est “supérieur” qu’en ça ». Lire et relire, car les livres méritent d’être relus « et plus il y a de contacts avec le livre, plus ils sont fréquents et nombreux, plus le lien se tisse ». Plus des choses se déposent et se partagent. Et plus le livre devient un vecteur pour que les enfants se débrouillent tout seuls, dans cette forêt de papier un peu défrichée.


Au départ « tout est lié à la littérature et aux écritures, à un rapport à la langue comme matériau qui construit un rapport au monde ». Un profil littéraire, des études en lettres classiques puis modernes. Et un poste d’assistante de français en Irlande du Nord en 1993, en pleine période des attentats, une première expérience de médiation. « Mon poste n’était pas un poste d’enseignement classique et posait d’emblée la question de la rencontre, avec une autre langue pour commencer. » Et c’est aussi là, dans cette petite ville d’Irlande du Nord, d’où était originaire Beckett, que Rébecca Piednoir découvre le théâtre, « l’endroit du commun, du présent et de la rencontre », le lieu du texte et du vivant. Revenue en France, Rébecca Piednoir pratique le théâtre et reprend des études qu’elle complète d’un DESS Projet culturel et se consacre à des activités « qui placent au centre l’œuvre artistique, la question de la transmission et le rapport à la langue ».

De la Ferme du Buisson au théâtre de Reims, à celui de la Criée (à Marseille) ou de la Joliette, Rébecca Piednoir explore les territoires, les publics, à la recherche perpétuelle de cet « endroit d’horizontalité », des passerelles entre les gens, de l’endroit de rencontre et de partage « en dehors de la consommation ». Car elle en a l’intime conviction, la médiation construit la relation, « l’égalité des intelligences » que prône Jacques Rancière. « Il est fondamental de toujours être dans la disponibilité aux autres et à ce qui se passe, sans a priori. Le médiateur est toujours à l’endroit de la rencontre et non à l’endroit du savoir. Ce qui ne signifie pas ne pas savoir, mais au contraire apprendre et continuer à se nourrir. Être très armée de savoir, mais être prête à ne pas l’utiliser. L’enjeu n’étant pas de montrer ses connaissances, mais de les partager à propos. »

Peut-être est-ce la raison pour laquelle Rébecca Piednoir a ressenti le besoin d’un break en 2010, après un poste de responsable des relations publiques au théâtre de la Criée, poussée par « l’impression d’un décalage entre ma vision du métier et l’institution », à une période où le métier de médiateur culturel se professionnalisait. « Je suis de l’école de la militance, de l’éducation populaire. Et si la professionnalisation du métier était une bonne chose, une étape nécessaire, ça a également induit quelque chose de l’ordre d’une technique incluant une relation commerciale ou instaurant un rapport plus descendant, le risque du médiateur posté en sachant. »

C’est finalement par la bibliothèque du théâtre de la Joliette que Rébecca Piednoir parvient à revenir au cœur de son métier, aux textes. Renouer le rapport à l’objet artistique dans un espace permettant « de contrer le glissement du métier vers la consommation dominante, le vendre et convaincre ». Retrouver le temps de se nourrir dans l’échange, « riche quand on peut le développer dans un temps loin de certaines contingences ». Créer des ateliers d’écriture, de lecture, « pouvoir se rappeler que lire, c’est aussi écouter ». Aménager l’espace de la rencontre, sortir de l’idée de rentabilité (ce qui demande un effort), ne jamais présager de ce qui va se passer, « conserver l’endroit des possibles », rester vigilante et disponible, prendre en considération chacun, être « toujours prête à se déplacer », savoir accepter les aléas des rencontres. « Le métier de médiateur est un métier où on donne de sa personne, un métier qui engage, qui expose. Où il faut savoir improviser, encaisser parfois. C’est peut-être pour ça qu’il est souvent difficile de parler des projets ratés ou des rencontres qui ne se sont pas passées comme prévu sans se sentir jugée dans son travail, sans placer la question de la reconnaissance au mauvais endroit. Pourtant, l’échec fait partie de l’expérimentation et les rencontres ratées sont aussi une étape importante. » Pour que tout puisse demeurer partage et créer « l’alchimie d’une rencontre entre des gens et un objet artistique ».


Quand Elsa Roussel évoque le début de son parcours, sa maîtrise en Sciences et techniques de médiation culturelle de l’art à l’université d’Aix-Marseille, elle se souvient encore du choc esthétique que fut pour elle la confrontation à la question de l’œuvre d’art « et de ce qu’elle vient éventuellement infuser chez des populations qui ne se sentent a priori pas public de l’art ». Une question qu’elle va approfondir et ne jamais cesser d’interroger. D’abord, à travers des travaux de recherche en ethnographie, sur l’exposition et plus particulièrement sur la déambulation dans les musées, retenant ce qu’elle peut nous apprendre de l’expérience esthétique des visiteurs. Puis sur le terrain dans différentes structures associatives. En étant enseignante à la faculté d’Aix-Marseille « dans la formation où j’avais moi-même étudié », en travaillant sur la méthodologie de projet. Salariée plusieurs années de l’association Red district5, puis de Vidéochroniques, du théâtre de la Criée et actuellement du réseau Mom’artre. La question de l’art et des publics toujours au centre, la médiation forcément associée à des questions sociologiques. « Il faut d’abord savoir à qui on s’adresse, qui sont les relais, qui sont les personnes et tisser la médiation au gré des réflexions, des échanges, des remarques. Sinon, c’est du passage en force. »

La médiation, c’est « adapter des adresses à des individus et non des publics », faire l’hypothèse des questions que soulève l’œuvre, mais ne présumer de rien. Créer une « liaison » à partir de possibles définis par la nature des œuvres et la spécificité de chaque public. Car la médiation n’existe pas sans le geste artistique. « Partir de la matérialité d’une œuvre jusqu’à parvenir à formuler un ressenti universel. Engager du sensible et de la réflexion », toucher des publics pas forcément concernés. Ce qui est ambitieux. Et politique, « dans la mesure où la médiation consiste finalement à aller à contre-courant du sens commun, à déplacer des représentations au point de peut-être donner envie de pousser la porte d’une galerie ou d’un théâtre ». C’est la dimension phénoménologique de la médiation. Le médiateur dans une posture d’acuité, venant accompagner la réflexion, créer un « effet boomerang », un espace commun. « Faire jaillir les désirs, ce qui a été compris, les débats que ça soulève, ce qui émerge par analogie, ensuite on régule, on crée un fil commun. C’est une relation de miroir qui se fait dans cette présence à l’autre. » La médiation n’est en aucun cas une visite guidée, « il ne s’agit surtout pas de bombarder concept, vocables ou références ». Il faut « toujours partir des eaux du bocal ».

Et pour Elsa Roussel, « la question culturelle ne doit jamais contenir le mot “art”, mais plutôt tenter d’arrêter un moment de poésie en commun, voir comment l’œuvre peut raisonner, connecter, s’inscrire dans la vie ».

Avec le Réseau Mom’artre et d’autres associations, Elsa Roussel se déplace, se rend sur place « comme un marchand de glace le ferait dans les cités », pour créer la juste adresse par la pratique. « Je réalise alors que je suis plus dans l’animation que dans la médiation. Car dans la médiation, l’œuvre reste toujours au centre alors que dans l’animation l’œuvre peut disparaître au bénéfice de pratiques, de compétences, de techniques ou de gestes artistiques (le pliage, la photo…) ». Sur l’art et non plus sur l’œuvre.

« L’art, c’est la chose. La culture, c’est le rapport à la chose. Si on ne comprend pas ça, on ne peut pas faire de médiation. »