3 questions à... Pierre Taranzano

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L’Agence vous propose de découvrir régulièrement des écrivains, illustrateurs, traducteurs… qui vivent et travaillent en Provence-Alpes-Côte d’Azur. L’auteur marseillais de bandes dessinées Pierre Taranzano a bien voulu se prêter au jeu des questions-réponses.

Pierre Taranzano est né en 1971 dans la cité phocéenne. Après des études d’Arts Appliqués, il participe à divers collectifs artistiques et s’essaye à la peinture. Alors qu’il est décorateur de spectacle et story-boardeur pour des studios de dessin animé, son projet Les Portes de Shamballah (série en 4 tomes, éditions Clair de Lune) voit le jour. Il illustre également une adaptation en 3 tomes du roman de Bernard Werber : Les Thanatonautes (Glénat), avec Éric Corbeyran au scénario, avant d’en sortir une autre de L’Iliade d’Homère puis de L’Épopée de Gilgamesh, toujours chez Glénat, en collaboration avec Luc Ferry, Clotilde Bruneau et Didier Poli. Il habite aujourd’hui dans les Alpes-de-Haute-Provence.

Je travaille actuellement sur un projet très personnel, en couleurs directes, intitulé l’Ailleurs, qui paraîtra en 2 tomes aux éditions Inanna. Il évoque un voyage onirique qui se concentre sur l’aspect psychologique et spirituel de l’existence. La quête du Soi, les différents états de conscience, l’exploration du monde intérieur et de l’inconscient en sont les thèmes. La démarche artistique peut se rapprocher de celle des symbolistes et des surréalistes. Il s’agit de donner forme, substance et couleurs à des concepts abstraits, des pulsions ou des états psychologiques, à utiliser des images et des symboles issus du subconscient. Je fais actuellement une campagne sur Ulule pour financer le temps de création et compléter l’avance de la petite maison d’édition qui a un budget limité.
J’ai également illustré un livre d’Amandine Lafargue (à paraître) sur la période de la pandémie vue du point de vue des psychologues. L’occasion pour moi d’explorer un style plus cartoon.
Enfin, fin juin va paraître un album collectif sur le thème de la mer, Océanides chez Locus Solus, dont j’ai réalisé une histoire de huit planches.
Je prépare aussi la réédition du premier cycle des Portes de Shamballah chez original Watts (avec nouvelles couvertures, planches inédites et cahier graphique) et la publication du deuxième cycle qui va suivre.

Celui qui a bercé toute ma jeunesse, c’est Jules Verne. Chaque fois que je commençais un de ses romans, je savais que j’allais devoir faire un effort pour entrer dans l’histoire, qui commençait souvent par de longues descriptions des lieux et des personnages. Une lecture assez exigeante pour un petit garçon, mais qui était récompensée quand le récit prenait son envol. J’étais alors emporté dans le tourbillon des péripéties, des périples extraordinaires, des machines infernales, des amitiés forgées dans l’épreuve, des héros à la bravoure sans faille face aux éléments déchaînés. Je me souviens particulièrement de l’enchantement de Cinq Semaines en ballon, qui raconte un vol en montgolfière au-dessus de l’Afrique. Dépaysement total dans le temps et l’espace, voyage onirique sur des territoires encore inexplorés à l’époque, souffle d’aventure étroitement mêlé dans mon souvenir aux vacances d’été chez ma grand-mère et aux rêveries dans la nature.

Difficile de répondre à cette question ! Il y en a tant ! Mais si je dois en choisir un seul, ce serait : VOIR, les enseignements d’un sorcier Yaqui, de Carlos Castaneda, qui a radicalement, durablement et même définitivement bousculé ma vision du monde et de la réalité. Le deuxième d’une série qui raconte l’initiation chamanique d’un étudiant en ethnologie (Carlos) par Don Juan, un sorcier indien. Ce n’est pas mon préféré de cet auteur, selon moi Le Voyage à Ixtlan est plus intéressant parce qu’il est une synthèse très complète et très claire de ses précédents ouvrages, mais Voir est le premier que j’ai lu, et c’est lui qui m’a fait basculer dans un monde où tout est possible, dans « l’Ailleurs », que je continue d’explorer aujourd’hui.

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