Si vous demandez à un agent immobilier marseillais, quels sont les endroits en plein essor, il vous répondra presque systématiquement Les Chartreux. Longtemps délaissé (abandonné ?), il fait partie des lieux à s’être les plus développés pendant la période Covid. Et pourtant, aucun projet d’implantation de librairie n’émergeait.
Il aura fallu la volonté de Camille Lebon, jeune quarantenaire en reconversion après 15 années dédiées à l’évènementiel culturel, d’abord au sein de la Société civile des auteurs multimédia (SCAM), puis des Instituts français du Portugal et du Brésil et du festival Oh ! Les beaux jours à Marseille. « Cela fait des années que je pensais à ce métier. Quand l’opportunité s’est présentée de concrétiser un peu plus ce projet, j’ai d’abord fait le choix de me former, de faire quelques expériences auprès de professionnels, de laisser maturer le projet et puis un jour un local s’est libéré, et voilà ! ».
Et quand on lui demande pourquoi ouvrir aux Chartreux : « J’y vis depuis huit ans et même si c’est très résidentiel, les habitants attendent des ouvertures de commerces pour ne plus être obligés d’aller systématiquement au centre-ville. Je sais que c’est un risque, que j’ai décidé de prendre car il faut que le quartier continue à se développer. Et quoi de mieux qu’une librairie comme lien avec les habitants ? ».

Après plus de six mois de travaux, Nozika a donc ouvert au 70, avenue des Chartreux, au croisement de la rue Lacépède et du boulevard Cassini. La création des meubles et l’aménagement intérieur ont été confiés au scénariste d’intérieur Nicolas Gueniau qui a tout pensé et réalisé sur mesure. Tout le mobilier est modulable, interchangeable et mobile pour permettre l’organisation d’animations dans la surface contrainte du local, mais aussi d’adapter la hauteur du mobilier à l’âge des lecteurs.
Comme Le Poisson Lune – située boulevard Baille et chez qui la libraire a vendu ses premiers livres – Camille Lebon a fait le choix d’ouvrir une boutique spécialisée, là où le plus souvent les librairies de quartier sont généralistes : « Seule, je ne me voyais pas ouvrir une surface plus grande que les 45 m² existants. D’autre part, mes domaines de prédilections sont la jeunesse et la BD. Cela facilite considérablement le conseil et l’apprentissage. Quand j’aurais fait mes armes, oui, j’étendrais un peu plus le fonds ! ».
Après un mois d’ouverture, Nozika compte tout de même déjà 4 157 références pour presque 5 000 volumes.
L’offre s’étoffe également d’un peu de livres d’occasion, de papeterie, de jeux de société, jeux d’éveil et de quelques puzzles.

Le livre le plus vendu après un mois d’ouverture est L’enfant et la baleine de Benji Davies et les meilleures ventes portent sur le rayon « petite enfance ».

L’accueil des habitants du quartier est très positif et les retours particulièrement encourageants. Pour l’instant, le seul point noir est la gestion du temps. Souvent débordée, la libraire n’arrive pas encore à mettre en place toutes les activités envisagées et peine à suffisamment communiquer : « Le temps file et même si tout le monde vous assure que la pluralité des tâches est folle, vous vous dîtes que ça va passer. Mais en fait, ce n’est pas le cas ! ».
Depuis quelques jours, la librairie est tout de même présente sur Facebook et Instagram. Le site Internet devrait suivre très rapidement et la libraire prépare ses futures animations avec comme objectif de pouvoir en proposer dès la vague de Noël derrière elle.
Quant au nom de la librairie : « C’est un hommage à deux œuvres incontournables pour moi : le manga de Miyazaki Nausicaä de la vallée du vent et L’Odysée d’Homère, qui évoque Nausicaä, la princesse des Phéaciens, marins au long cours. Imaginaire et évasion ! ».