Bibliothèque, librairie, édition : petit état des lieux en Provence-Alpes-Côte d'Azur

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Frontalière et portuaire, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur est une terre d’accueil et de transit très ancienne. Elle compte près de 5 millions d’habitants, dont environ 10 % de personnes immigrées (source Insee 2012). Flux commerciaux, migratoires, touristiques La région reste traversée par de multiples cultures et des populations de diverses origines parfois non francophones.
Comment les équipements culturels tiennent-ils compte de cette réalité ? Plus précisément, les librairies et bibliothèques de la région travaillent-elles des fonds en langues étrangères ? Pour établir un état des lieux régional en la matière, l’Agence régionale du Livre a interrogé 450 bibliothèques de lecture publique (en 2015) et 179 librairies indépendantes (en 2017). D’après les résultats de ces enquêtes, l’offre existante est loin de refléter l’identité plurielle du territoire.
En complément, l’Agence propose un aperçu des achats et cessions de droits à l’international (d’après une enquête menée en 2017 auprès de 242 maisons d’édition indépendantes), histoire de voir également si le monde de l’édition se préoccupe (ou pas) d’échanges interculturels.


Cette enquête sur les collections en langues étrangères a été menée en 2015 par l’Agence régionale du Livre auprès de 450 bibliothèques de lecture publique en Provence-Alpes-Côte d’Azur. 90 bibliothèques y ont répondu, soit un taux de réponses de 20 %.

Toutes les bibliothèques répondantes proposent des livres en anglais.
Seules 5 d’entre elles proposent des ouvrages dans plus de 10 langues différentes.
40 bibliothèques soit 62,5% des répondantes ne proposent que des langues d’Europe occidentale (anglais, allemand, espagnol, italien, portugais, langues nordiques).
Les fonds en langues étrangères sont majoritairement alimentés par des dons, la plupart des établissements ne disposant pas de budget spécifique alloué.

Fonds adulte

64 bibliothèques ont un fonds adulte en langues étrangères.

Au total, 41 langues différentes sont proposées (avec une moyenne de 4 langues différentes par établissement).

Le “top 10” des langues :

Anglais (64 réponses)
Italien (35 réponses)
Espagnol (33 réponses)
Allemand (31 réponses)
Arabe (15 réponses)
Portugais (11 réponses)
Russe (10 réponses)
Provençal (6 réponses)
Turc (6 réponses)
Néerlandais (4 réponses)

Fonds jeunesse

24 bibliothèques ont un fonds jeunesse en langues étrangères.

Au total, 13 langues différentes sont proposées.

Le “top 5” des langues :

Anglais (24 réponses)
Italien (12 réponses)
Espagnol (12 réponses)
Arabe (11 réponses)
Allemand (10 réponses)

À noter :

Dans la paysage régional, la médiathèque de Martigues fait figure d‘“exception” avec plus 1 700 ouvrages dans 34 langues différentes (dont breton, berbère, catalan, malgache, sarde, tamoul, peul, tsigane…).

Nombre de documents

Dans la plupart des bibliothèques (82 % des répondantes), le fonds en langues étrangères comprend moins de 500 documents.

Modes d’acquisition

Très peu d’établissements ont un budget alloué aux collections en langues étrangères.

Ces fonds sont essentiellement constitués de dons (mode d’acquisition le plus répandu) et de dépôts de la Bibliothèque départementale.

Seules 15 bibliothèques disposent d’un budget spécifique pour ce fonds. Pour deux tiers d’entre elles, ce budget est inférieur à 1 000 euros.


Cette enquête sur les fonds en langues étrangères a été menée en 2017 par l’Agence régionale du Livre auprès de 179 librairies indépendantes en Provence-Alpes-Côte d’Azur. 54 librairies y ont répondu, soit un taux de réponses de 30 %.

Plus de la moitié des librairies répondantes disent travailler un fonds en langue étrangère. Cependant, ce fonds est souvent développé pour les touristes en période saisonnière. Il fait l’objet de dépôts ou de commandes fermes, et n’est que très peu travaillé à l’année. Quand c’est le cas, les langues proposées correspondent plus à un fonds scolaire qu’à un fonds de découverte.
La plupart des librairies (42 %) ne proposent qu’un fonds en langue anglaise alors que les demandes des clients sont multiples (italien, espagnol, allemand…).
Dans le même temps, la proportion de collectivités à travailler ces fonds est également très faible. Un partenariat entre librairies et collectivités pourrait apporter plus de pérennité, de diversité et de stabilité à cette offre sur le territoire régional.

Données générales

Parmi les répondants, 54 % déclarent travailler un fonds en langues étrangères.
Pour 50 % d’entre eux, il s’agit d’une activité saisonnière.
Ils ont en moyenne 100 références.

Nombre de langues présentes dans le fonds

1 langue : 42%
2 langues : 16%
3 langues : 10%
4 langues : 16%
5 langues et plus : 16%

Langues proposées

Anglais : 100%
Italien : 31%
Espagnol : 29%
Allemand, arabe, russe, provençal : 4%
Portugais : 2%

À noter :

Quand les librairies ne travaillent qu’une langue étrangère, c’est toujours l’anglais.
L’italien et l’espagnol sont les langues les plus représentées après l’anglais.

Langues les plus demandées par les clients des librairies (après l’anglais sollicité à 99%)

Italien : 31%
Espagnol : 28%
Allemand : 25%
Langues régionales : 6%
Russe : 3%
Hollandais, chinois, japonais, langues scandinaves : 1,5%

Principaux fournisseurs

OLF (Pollen) : 37%
Autres (librairies entre elles, salons) : 24%
Side - Attica : 11%
Bleu Rouge : 11%
Signé Book : 4%
Book in Bar (librairie aixoise) : 4%
Album : 4%
Wiley : 1,5%
Gardners Book : 1,5%

Le partenariat qui s’est mis en place entre Pollen diffusion et l’OLF est le fournisseur le plus cité par les libraires.
Le poids des “autres fournisseurs” est particulièrement important et reflète un système qui fonctionne plus au coup par coup, qu’une véritable organisation des libraires autour de ces fonds.
Les libraires se fournissent essentiellement auprès de collègues spécialisés (d’où le succès du rapprochement entre la Side et la librairie Attica, ou Book in Bar en région) ou de dépositaires (Bleu Rouge, Comptoir du livre de Toulouse).

Remise moyenne et rotation des fonds

La remise moyenne sur ces fonds est de 33,80 %, ce qui correspond à la remise moyenne généralement pratiquée en librairie.

La rotation moyenne de ces fonds est de 1,98 (déclaratif).
64% des répondants qualifient cette rotation de mauvaise, voire très mauvaise ; 16% de très bonne, voire excellente.
 

Travail avec les collectivités

20% des librairies qui proposent des livres en langues étrangères travaillent avec des collectivités, confirmant la faible présence de ces fonds dans les bibliothèques/médiathèques, écoles et entreprises.

45% des commandes viennent des bibliothèques municipales, 18% des bibliothèques départementales, 18% des écoles primaires ou spécialisées dans l’apprentissage des langues, puis des bibliothèques universitaires (9%) et des entreprises (9%).


Cette enquête sur les cessions/achats de droits a été menée en 2017 par l’Agence régionale du Livre auprès de 242 maisons d’édition indépendantes en Provence-Alpes-Côte d’Azur. 73 éditeurs y ont répondu, soit un taux de réponses de 30 %.

Les éditeurs de Provence-Alpes-Côte d’Azur cèdent majoritairement des titres en Italie, Allemagne, Espagne, Chine et Corée. Quand les éditeurs cèdent des titres, il s’agit essentiellement de littérature (adulte et jeunesse), de sciences humaines, de beaux livres et d’ouvrages de développement personnel, bien-être et technique.
Les éditeurs ayant un catalogue supérieur à 500 titres cèdent en moyenne 10 livres par an, contre un livre pour les autres structures. Les éditeurs ayant entre 100 et 500 titres au catalogue cèdent essentiellement des ouvrages en Sciences et techniques.

La nature des titres achetés ne diffèrent pas de ceux cédés : littérature, vie pratique, sciences humaines et jeunesse. Concernant les pays, par contre, c’est aux États-Unis que les éditeurs achètent le plus de titres (27%) alors qu’ils n’y cèdent que 5,5% des droits. On retrouve dans ce classement l’Italie, l’Allemagne, la Corée et l’Espagne, principaux acquéreurs des éditeurs interrogés. On peut noter la faiblesse des échanges entre les pays d’Afrique du nord et la région Paca. Ils représentent moins de 3% des cessions et 6% des achats.

Définition

« En droit d’auteur, le contrat par lequel un auteur ou un ayant-droit cède tout ou partie de ses droits sur son oeuvre à un tiers, afin que ce dernier puisse exploiter l’oeuvre, est un contrat de cession. » (voir Guide du contrat d'auteur )

La cession de droits est un processus se déroulant entre deux parties : l’auteur (ou l’ayant-droit) et l’acheteur. La cession se fait en vue d’une traduction, d’une adaptation audiovisuelle, d’une publication sous une forme différente.

L’achat de droits est la phase inverse de la cession.

Les cessions de droits

En Provence-Alpes-Côte d’Azur, 22 éditeurs (soit 30% des répondants) déclarent avoir déjà cédé des droits à l’international en 2015-2016.

Au total, ces cessions représentent 1767 titres ; la médiane étant de 3 titres par structure éditoriale.

En moyenne, les éditeurs répondants cèdent environ 10 titres par an, ce qui représente 4 % de leur chiffre d’affaires. 

Les auteurs touchent entre 38% et 50 % du montant de la cession.

19 % des répondants déclarent céder en même temps les droits numériques.

6 % des éditeurs ont déjà cédé des droits audiovisuels. 

Pour affiner ces données, nous avons choisi de les présenter par taille de catalogue :

Maison d’édition A = plus de 500 titres au catalogue
Maison d’édition B = entre 100 et 500 titres au catalogue
Maison d’édition C = moins de 100 titres au catalogue

Nombre de cessions par catégorie :

100% des éditeurs A ont cédé des titres en 2015-2016 (1502 titres au total), contre 50% des éditeurs B (237 titres) et 18% des éditeurs C (28 titres).

Les éditeurs A cèdent en moyenne 10 titres par an, contre environ 1 titre pour les éditeurs B et C.

Les 7 domaines éditoriaux les plus concernés par les cessions (pour l’ensemble des maisons d’édition) :

Littérature : 18%
Jeunesse : 13%
Sciences humaines et sociales : 13%
Arts : 10%
Loisirs et vie pratique : 10%
Sciences et techniques : 8%
Poésie : 8%
Nouvelles : 6%
Contes et légendes : 6%
Bande dessinée : 6%

Les éditeurs A cèdent principalement des titres de Littérature (21%) et Sciences humaines et sociales (21%) ; les éditeurs B des titres de Sciences et techniques (25%) ; les éditeurs C des titres de Littérature (33%), Jeunesse (22%) et Loisirs et vie pratique (22%).

Pays auxquels les éditeurs de Paca cèdent le plus de titres :

Italie : 15,5 %
Allemagne, Espagne : 13%
Chine, Corée : 8,5%
États-Unis, Roumanie : 5,5%
Angleterre, Brésil : 4%
Monde arabe, Vietnam, Suède, Hollande, Japon : 2,5%
Russie, Colombie, Croatie, Bulgarie, Portugal, Chili : 1,5%

Ce classement diffère au niveau national : la Chine est en tête avec 16,5% des titres cédés, suivie par l’Italie (13%), l’Allemagne (9,6%), l’Espagne (8,9%) et la Pologne (7,2%).

Les achats de droits

En Provence-Alpes-Côte d’Azur, 24 éditeurs (soit 33% des répondants) déclarent avoir déjà acheté des droits à l’international en 2015-2016.

Au total, ces achats représentent 234 titres ; la médiane étant de 3 titres par structure éditoriale.

En moyenne, les éditeurs répondants achètent environ 10 titres par an, ce qui représente 2% de leur chiffre d’affaires. 

32 % des répondants déclarent acheter en même temps les droits d’exploitation.

26 % des répondants déclarent acheter en même temps les droits numériques.

Pour affiner ces données, nous avons choisi de les présenter par taille de catalogue :

Maison d’édition A = plus de 500 titres au catalogue
Maison d’édition B = entre 100 et 500 titres au catalogue
Maison d’édition C = moins de 100 titres au catalogue

Nombre d’achats par catégorie :

75 % des éditeurs A ont acheté des titres en 2015-2016 (30 titres par an en moyenne), contre 61 % des éditeurs B (10 titres par an) et 20% des éditeurs C (8 titres par an).

Les éditeurs A achètent en moyenne 8,5 titres par an, contre environ 1 titre pour les éditeurs B et C.

Les 7 domaines éditoriaux les plus concernés par les achats (pour l’ensemble des maisons d’édition) :

Littérature : 23%
Sciences humaines et sociales : 17%
Loisirs, vie pratique, développement personnel : 17%
Jeunesse : 11%
Poésie : 11%
Arts : 6%
Nouvelles : 6%

Les éditeurs A achètent principalement des titres de Littérature (50%), Sciences humaines et sociales (25%) et Jeunesse (25%) ; les éditeurs B des titres de Loisirs, vie pratique et développement personnel (33%) ; les éditeurs C des titres de Littérature (28%) et Poésie (22%).

Pays auxquels les éditeurs de Paca achètent le plus de titres :

États-Unis : 27;%
Italie : 17%
Allemagne : 13%
Corée, Espagne : 6,5%
Angleterre, Australie : 4%
Costa Rica, Portugal, Brésil, Japon, Chine, Palestine, Hollande, Pologne, Liban, Soudan, Égypte : 2%