Camus et le journalisme

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Hélène Georges Contraint d’abandonner sa carrière de footballeur en raison de la tuberculose, Albert Camus retrouve le goût du travail en équipe dans le métier de journaliste, qu’il exerce pendant près de vingt ans.

Collection Catherine et Jean Camus
Une du journal Combat du 13-14 mai 1945 avec, en haut à droite, l’article d’Albert Camus Crise en Algérie

Dans la rédaction d’un journal, Albert Camus se trouve aussi à l’aise qu’au sein d’une équipe de football. En effet, si certaines fonctions journalistiques sont avant tout individuelles, elles s’inscrivent toujours dans un processus collectif puisqu’il va s’agir, une fois l’article écrit, de discuter de sa place au sein du journal avec les autres membres lors de la conférence de rédaction puis, enfin, de son impression au « marbre » avec les ouvriers typographes. 

Tout au long d’une carrière journalistique de près de vingt ans (voir dates ci-dessous), Camus fut tour à tour chroniqueur judiciaire, critique littéraire, reporter de terrain, secrétaire de rédaction, éditorialiste, rédacteur en chef et analyste politique.

Chez Camus, le journalisme est souvent le mode d’expression de l’engagement. Il est par exemple l’un des seuls journalistes de l’époque à faire état de la sévère répression des émeutes de Sétif de 1945, ou encore à dénoncer l’horreur du bombardement d’Hiroshima en août 1945.

Dans certains articles, Albert Camus s’interroge sur le rôle et la responsabilité du journaliste, comme dans cet édito de Combat du 31 août 1944 : « La tâche de chacun de nous est de penser bien ce qu’il se propose de dire, de modeler peu à peu l’esprit du journal qui est le sien, d’écrire attentivement et de ne jamais perdre de vue cette immense nécessité où nous sommes de redonner à un pays sa voix profonde. »

Si Camus se montrait précis et incisif dans ses articles, il est évident que sa qualité d’écrivain a influencé son écriture journalistique si caractéristique. À l’inverse, le style sec et sans artifices du journalisme a certainement facilité l’emploi de la fameuse « écriture blanche » dans L’Étranger.

Journaliste de 1938 à 1956 

  • 1938-1939 : chroniqueur judiciaire, critique littéraire et journaliste-reporter à Alger républicain, Alger.
  • 1939-1940 : journaliste et éditorialiste au Soir républicain, Alger.
  • 1940 : secrétaire de rédaction à Paris-Soir, Paris.
  • 1943-1947 : rédacteur en chef, journaliste et éditorialiste à Combat, Paris.
  • 1955-1956 : éditorialiste à L’Express, Paris.

Questions/réponses avec Maria Santos-Sainz au sujet de son livre Albert Camus journaliste

Atelier « Créer la une d’un journal »

Cet atelier propose de réaliser la une d’un journal à la fois dans son contenu et dans sa mise en page. Il permet d’explorer les enjeux de la première page d’un journal et de comprendre son fonctionnement.

Le groupe commence par collecter des quotidiens dans la bibliothèque, ou dans le CDI. Un exercice d’analyse des unes collectées est proposé. C’est l’occasion de transmettre le lexique lié (bandeau, manchette, oreille, ventre…), de repérer les différentes rubriques présentes et d’analyser les éléments suivants : nom du journal, mise en page, comment l’information est-elle hiérarchisée, la présence de la publicité, la structure de la une, les titres du jour (titre principal et titres secondaires), présence de photos, graphiques, caricatures ou autre.

Une comparaison des unes actuelles avec celle de Combat permettra de prendre du recul : réfléchir à la fois aux liens entre l’histoire et la presse et à l’évolution de la presse écrite.

Dans un second temps, par petits groupes, une discussion est lancée pour construire collectivement une une. Il faut ensuite choisir les faits d’actualité correspondant aux rubriques identifiées.

La dernière étape est constituée par la phase pratique. Chaque groupe dessine la une de son journal. La maquette comprendra les titres et les sujets. Le groupe s’interroge ainsi sur la répartition des textes, des photos, et hiérarchise l’information.

Les différentes unes sont exposées.

Atelier d’écriture journalistique

Pour démarrer l’atelier, lancez un travail de lecture de la presse récente afin de repérer un événement marquant. Une fois l’événement choisi, les participants référencent les différents articles sur le sujet et réalisent une revue de presse. Les différents articles, dessins, recensions sont analysés. Le groupe nomme et définit les différents genres journalistiques présents (éditorial, reportage, billet d’humeur, analyse, interview…).

Dans un second temps, vous proposez au groupe un pitch qui sera le point de départ d’un article. Par exemple : « Kylian Mbappé signe à Marseille ». Chaque participant, choisissant son mode d’écriture journalistique, rédige son texte en étant attentif au ton et au vocabulaire en lien avec le genre journalistique auquel son texte appartient.

Une lecture des articles écrits par chacun et des échanges terminent l’atelier.


Bibliographie

Ouvrages d’Albert Camus : 

À Combat, Albert Camus, Folio Essais, 2013 
Éditorialiste àL’Express, Albert Camus, éditions Gallimard, coll. « Cahiers Albert Camus », 1987 
Fragment d’un combat, Albert Camus, éditions Gallimard, coll. « Cahiers Albert Camus », 1978 

À lire sur Albert Camus :

Albert Camus journaliste, Maria Santos Sainz, éditions Apogée, 2019
À Albert Camus, ses amis du livre, éditions Gallimard, 1962

Filmographie :

Albert Camus, le journalisme engagé, film documentaire de Joël Calmettes, 2012

Sitographie

À lire : 

  • « Leçons et limites du journalisme camusien » :  nonfiction.fr

  • « Albert Camus dans Alger républicain » :  bnf.fr

  • « Albert Camus dans Combat» :  bnf.fr

    À écouter :

  • « Albert Camus le journaliste »www.franceinter.fr

    Au-delà de Camus :

  • Site web de Reporters sans frontières :  rsf.org

  • « La renaissance de la presse à la Libération » :  bnf.fr Chartes de référence, dont la charte de Munich (1971) sur le site du Conseil de déontologie journalistique et de médiation :  cdjm.org

  • Site de presse de la Bnf :  retronews.fr