Camus et le théâtre

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Albert Camus a consacré une grande partie de ses activités au théâtre. C’est en 1944 que sont publiées ses premières pièces :  Caligula et  Le Malentendu.  Le théâtre est pour lui « la forme suprême de l’art littéraire ».  

Collection Catherine et Jean Camus
Albert Camus (1er en partant de la gauche) avec la troupe de Radio-Alger, 1937

Les paroles de Clamence dans La Chute « Maintenant encore, les matchs du dimanche, dans un stade plein à craquer, et le théâtre, que j’ai aimé avec une passion égale, sont les seuls endroits du monde où je me sente encore innocent » pourraient être attribuées à Albert Camus. L’auteur revient dans «  Pourquoi je fais du théâtre », en 1959, sur son expérience et sur cet art qu’il aime tant. Le théâtre est une expérience collective, favorisant la camaraderie, liant collaboration étroite et fraternité. Les acteurs sont « des athlètes » tournés vers un objectif commun. Le plateau est un terrain de jeu, un lieu d’action et de vérité. L’instinct et le sentiment prévalent comme sur un terrain de football.

Albert Camus est un homme de théâtre. Il a été acteur, metteur en scène, scénographe, directeur de troupe, et dramaturge. Dès 1936, à Alger, avec le Théâtre du Travail puis le Théâtre de l’Équipe, il mène une activité collective, engagée pour un théâtre populaire dans la lignée de Jacques Copeau. Il a, par la suite, envisagé de prendre la direction d’un théâtre parisien qu’André Malraux, ministre de la Culture en 1959, souhaitait lui confier.

« À partir du moment où un auteur réussit au contraire à parler à tous avec simplicité tout en restant ambitieux dans son sujet, il sert la vraie tradition de l’art, il réconcilie dans la salle toutes les classes et tous les esprits dans une même émotion ou un même rire. » Albert Camus s’inscrit en opposition à la tradition brechtienne du théâtre de la distanciation et de l’éveil critique du public prégnante dans le théâtre français dès les années 50.

Son œuvre théâtrale se compose de quatre pièces et de plusieurs adaptations de romans, dont celles de Requiem pour une nonne de Faulkner et des Possédés de Dostoïevski.

Les pièces appartiennent pleinement à l’œuvre de Camus. Celle-ci est divisée en cycles dont les thèmes sont déclinés à chaque fois en un récit, une pièce de théâtre et un essai. Les thèmes abordés dans les essais s’incarnent dans les récits ou pièces de théâtre. Car le théâtre est « un art de chair qui donne à des corps vibrants le soin de traduire ses leçons » (Œuvres complètes I, p. 814). Ainsi, Le Malentendu et Caligula donnent chair au cycle de l’absurde. L’État de siège et Les Justes développent les questionnements du cycle de la révolte. Le dernier cycle inachevé devant être le cycle de l’amour : Camus envisageait d’écrire un Don Juan et un Faust.

Le théâtre d’Albert Camus conserve des structures dramatiques conventionnelles liées au théâtre du XIXe et du début du XXe siècle. L’auteur est imprégné de culture classique, héritier de la tragédie grecque. Il a l’ambition de créer de nouveaux mythes pour éclairer les évolutions du monde moderne. Malgré lui, le théâtre d’Albert Camus a été classé comme « théâtre des idées », « théâtre existentialiste ». Pourtant, l’auteur-metteur en scène défendait un théâtre des corps, où le rôle du metteur en scène est « d’amorcer les sentiments chez l’acteur ». L’accueil public et critique fut de son vivant assez mitigé, pourtant aujourd’hui encore ses pièces sont montées dans le monde entier.

Atelier de scénographie

Pour rappel, la scénographie est définie dans le Larousse comme l’« ensemble des éléments picturaux, plastiques et techniques qui permettent l’élaboration d’une mise en scène, notamment théâtrale, ou d’un spectacle quelconque ». Le scénographe est un des nombreux métiers du théâtre et plus largement du spectacle vivant. L’occasion de rappeler les différents savoir-faire qui participent à la réalisation d’un spectacle.

Choisir la première scène d’une pièce d’Albert Camus et en imaginer le cadre scénique et le décor. En introduction, il peut être intéressant de regarder en vidéo le début de plusieurs mises en scène d’une même pièce pour ouvrir le champ des possibles.

Le travail peut se faire en petits groupes : chaque groupe réalisera une maquette en volume représentant la scène. Il pensera en lien avec l’action de la scène, la place du spectateur, l’espace scénique, le décor, la lumière, et imaginera les déplacements des comédiens.

On pourra s’amuser, par exemple, à situer la pièce sur un terrain de foot.

Il est également possible d’utiliser un logiciel pour faire un story board et présenter votre scénographie. Vous pouvez même créer une maquette augmentée. Ce qui nécessite à la fois un logiciel, des tablettes et un casque VR.

Comment faire un storyboard : les 10 logiciels incontournables : apprendre-le-scenario.co m 

Atelier d’écriture : adaptation d’une nouvelle en pièce de théâtre

Camus a adapté de nombreux romans au théâtre. Ce travail pour donner à entendre et voir un texte sur une scène l’a passionné. Dans cet atelier, l’idée est d’en expérimenter les enjeux. Choisir une nouvelle du recueil L’Exil et le Royaume, par exemple L’Hôte.

Une fois la nouvelle lue, le groupe échange sur sa réception du texte, ce qu’il souhaite retenir de celui-ci. Il discute des options pour rendre sensible la ligne dramatique de la nouvelle : personnages (nombres, suppression ou ajouts), chronologie, épisodes (à conserver, ou secondaires…). Il propose un découpage en séquences, une nouvelle distribution de la parole et une construction du récit adaptée à la scène. Le groupe s’interrogera sur la question de la représentation et du rythme. Ces choix opérés, on peut passer à l’écriture du texte.

Il sera intéressant de nourrir le travail en lisant, par exemple, l’adaptation de L’Hôte en bande dessinée par Jacques Ferrandez,parue chez Gallimard en 2009.


« Gros plan » sur Albert Camus 

Conférence Les Justes au Châtelet 

Stanislas Nordey présente *Les Justes 

Caligula, entretien avec Stephane Olivié-Bisson 

Lecture de Caligula par Albert Camus 

À propos de Caligua 

Bibliographie

Théâtre :

Les Justes, pièce en 5 actes, 1949
L’État de siège, spectacle en 3 parties, 1948
Le Malentendu, pièce en 3 actes, 1944
Caligula,pièce en 4 actes,1938

Les adaptations de différentes pièces de théâtre étrangères :

  • Correspondance (1944-1959), Albert Camus et Maria Casarès, Gallimard, 2017
  • Les Possédés, pièce en trois parties adaptée et mise en scène par Albert Camus du roman de Fiodor Dostoïevski, Théâtre Antoine, éditions Le Manteau d’Arlequin, 1959
  • Le Chevalier d’Olmedo, Lope de Vega, comédie dramatique en trois journées, traduction, adaptation et mise en scène d’Albert Camus, Festival d’Angers, éditions Gallimard, 1957
  • Requiem pour une nonne, William Faulkner, pièce en deux parties et sept tableaux, adaptation et mise en scène Albert Camus, Théâtre des Mathurins, éditions Le Manteau d’Arlequin, 1956
  • Un cas intéressant, Dino Buzzati, pièce en deux parties et onze tableaux adaptée par Albert Camus, mise en scène Georges Vitaly, Théâtre La Bruyère, éditions l’Avant Scène, 1955
  • Les Esprits, Pierre de Larivey, comédie en trois actes, adaptation et mise en scène Albert Camus, Festival d’Angers, éditions Gallimard, 1953 
  • La Dévotion de la croix, Pedro Calderón de la Barca, pièce en trois journées, mise en scène Marcel Herrand, Festival d’Angers, éditions Gallimard, 1953

Sitographie


À lire :

« Albert Camus - Pourquoi je fais du théâtre » : www.astrolabe44.fr
Dossier pédagogique sur Les justes mis en scène par Stanislas Nordey :  lewebpedagogique.com
« Le théâtre d’Albert Camus dans la presse » : gallica.bnf.fr


À écouter :

« Le théâtre d’Albert Camus » : franceculture.fr
« Albert Camus : “Le théâtre s’embarrasse de peu de choses : de la toile pour les décors, et pour la pièce des caractères et un langage” » :  franceculture.fr
« Camus 2/5 Caligula » : franceculture.fr
« Les Justes, extrait lu par Stanislas Nordey » : www.theatre-contemporain.net « S.Nordey/La Pièce et son contexte » : www.theatre-contemporain.net


À voir :

« Les Justes de Camus », archives de l’INA : fresques.ina.fr