Du mouvement dans les librairies niçoises

Publié le

Départs à la retraite, fermetures, extensions, ouvertures, les périodes covid et après-Covid auront été denses pour les enseignes installées à Nice.

Directeur et gérant de la librairie Masséna de 2001 à 2022, Jean-Marie Aubert, historien de l’art de formation, a pris sa retraite au milieu de l’année dernière. En passant par la direction Des Sandales d’Empédocle en 1988 puis de la librairie du Louvre pendant 7 ans, il n’aura eu de cesse d’œuvrer pour le livre, sa diffusion, son animation, tant au niveau des associations professionnelles régionales (Libraires à Nice, Libraires du Sud) qu’au niveau national (Syndicat de la librairie française). Il est aujourd’hui remplacé par Marie Serra.

Patrick Esclapez, autre figure de la librairie niçoise, vient lui aussi de prendre sa retraite, après 45 ans passés à la librairie Jean Jaurès. Après avoir commencé comme livreur en 1978, puis s’être occupé des commandes, de la réception ou bien encore de la vente, il rachète les parts de son père et de son frère. Dès 1998, il développe un espace de plus de 200 m² dédié à la jeunesse, le plus important du département. En 2008, il sera le premier libraire de France à accueillir un mur École des Loisirs. Très présent également dans les instances régionales et locales, il aura développé de nombreuses animations et salons, avant de laisser aujourd’hui sa place à sa fille Julie Esclapez, assurant ainsi la continuité de cette entreprise familiale.

Ouverte en 1974 et dirigée pendant presque 30 ans par Pierre Benassaya, la Nouvelle librairie française est la dernière de la ville à avoir fermé ses portes. Confrontée depuis 7 ans à de nombreuses procédures d’appels/contre-appels suite à un doublement de son loyer, elle n’a pas pu tenir le choc et a été contrainte au dépôt de bilan.

Située rue Vernier depuis 2015, Mots du monde a également fermé ses portes courant 2022. Associative et engagée, elle développait un fonds de livres neufs adultes et jeunesse consacré essentiellement aux problématiques de l’économie sociale et solidaire et proposait un lieu vivant fort de nombreux échanges culturels.

Plus tôt, en mars 2021, c’est La Briqueterie, créée en 2014 par Gilles Abouyava et Véronique Vandersanden, qui fermait. Spécialisée dans les sciences humaines, la littérature et les beaux-arts, elle proposait près de 7 000 ouvrages et revues et nourrissait de nombreux échanges entre artistes et artisans, lecteurs et auteurs.

En 2020, La librairie niçoise, spécialisée en occasion, mettait la clé sous la porte après presque 90 ans d’existence. Aux grands regrets de ses clients et de Thierry Desouche, propriétaire des lieux depuis 2004, qui se confrontait au développement des ventes de livres d’occasion en ligne.

La ville de Nice a également vu la fin de la librairie scolaire Quartier Latin début 2018 ou bien encore celle de la librairie Acropole un an plus tard.

C’est le 9e Art qui a mis fin à cette longue liste de fermetures sans reprise. Avec la mise en place du pass Culture, ce large pan de la pop culture a vu son développement croître de façon fantastique pendant la période Covid avec 143 % d’augmentation des ventes entre 2019 et 2021 et presque 40 % des parts de marché du secteur global de la BD*.

En août 2019, AFK manga ouvre la danse rue Pastorelli et propose depuis mangas neufs, figurines et produits dédiés aux Arts japonais.

Un an plus tard, Mangarake s’implante sur 200 m² et 2 étages Rue de l’Hôtel des postes avec une offre en livres neufs et d’occasion, mais surtout de très nombreuses figurines, katanas, T-Shirt et autres goodies.

Début janvier 2023, c’est la librairie Alfa BD qui a imaginé « Le Dojo », nouvelle extension dédiée aux mangas de 250 m² pour 15 000 références, faisant de ce lieu le plus important du genre dans le département des Alpes-Maritimes.

De nombreuses librairies ont certes fermé ces cinq dernières années dans le centre de Nice, mais presque autant ont ouvert et ont su s’imposer : en 2017 le café-librairie Les Indociles et la librairie jeunesse Les ateliers illustrés voient le jour dans le quartier du port, en même temps que Les Journées suspendues dans le quartier Borriglione. En 2018, la librairie Les Parleuses prend place dans le quartier Carabacel et en 2019 La Procure Nice est reprise et s’ancre rue Vernier.

En intégrant les toutes dernières créations, le solde d’implantations/fermetures est donc positif à 1,3 ouverture pour une fermeture.


*chiffres GFK 2022

À lire aussi